Le diocèse de Gap a célébré le 150ème anniversaire du couronnement de la statue de Notre-Dame du Laus, le 22 mai dernier. A cette occasion, Mgr Jean-Michel di Falco Léandri a prononcé une allocution que nous vous proposons ci-dessous.
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« Ainsi que cela vient de vous être rappelé, il y a 150 ans était célébrée la fête du couronnement de la statue de Notre-Dame du Laus. Certes, bien que nous célébrions aujourd’hui cette fête dans l’intimité, si nous comparons notre assemblée à celle qui se pressait en le 23 mai 1855 autour de l’évêque de Gap, Monseigneur DEPERY, elle n’en revêt pas moins d’importance et de profondeur spirituelle.
Je saisis cette occasion pour dire ma reconnaissance et celle du diocèse à ceux et celles qui ont fait vivre au cours des siècles ce sanctuaire à la suite de Benoîte et tout particulièrement à ceux qui en ont la charge aujourd’hui, le Père
Mgr Jean-Michel di Falco, entouré des chapelains du Laus et de quelques prêtres du diocèse (photo Luc Meyer)
Nous vivons cet événement en communion avec celles et ceux qui nous ont précédés au cours des siècles en ces lieux bénis et choisis par
Aujourd’hui c’est à chacun de nous qu’elle parle. Son message, nous le connaissons, on peut le résumer ainsi : « Convertissez vous ! » C’est-à-dire : Si votre vie n’est pas fidèle à mon fils, si vous le voulez, il peut changer votre cur de pierre en cur de chair ! « Convertissez-vous ». Faites le dans la confiance en son amour, ici même.
Ce lieu est un refuge, celui des pécheurs. Donc le nôtre, le vôtre, le mien !
Oui, les pécheurs on droit à un refuge. Mais qu’est ce donc qu’un refuge ? C’est un abri où l’on se retire pour se protéger du danger. Ici, le danger c’est le mal qui habite en nous, qui peut s’emparer de nous et devenir le maître de nos actions.
Un refuge c’est aussi un lieu où l’on fait une halte pour puiser de nouvelles forces pour affronter les épreuves qui se dresseront sur la route.
Un refuge ce peut être aussi une personne auprès de laquelle on vient chercher un peu d’écoute, un peu de réconfort, un peu de tendresse, un peu d’amour.
Mais pour nous chrétiens, ce refuge, c’est le cur de Marie, le cur du Christ. Plus encore, ce refuge, nous le trouvons dans l’Eucharistie lorsque nous mangeons et buvons le corps et le sang du Christ qui se donne par amour, parce qu’il est l’Amour.
La foule de pèlerins rassemblée autour de la statue de Notre-Dame du Laus (photo Luc Meyer)
Dans un de ses livres Soljenitsyne dit cela merveilleusement en se souvenant de l’unique repas des prisonniers: «Tu te rappelles cette soupe d’orge diluée, ou cette bouillie d’avoine sans un gramme de matière grasse? Peux-tu dire que tu manges une chose pareille? Non, tu communies avec, tu la prends comme un sacrement… Tu la manges lentement du bout de ta cuiller de bois, tu la manges en t’absorbant totalement dans le processus de manger, en pensant au fait de manger… Et cela se répand à travers ton corps. »
Si nous pouvions aujourd’hui communier de cette façon!
Il n’y pas d’amour sans pardon ! De même, il n’y a pas de réconciliation sans Eucharistie. L’une et l’autre sont indissociables.
Le plus grand des réconforts que nous puissions recevoir c’est de se savoir pardonnés. Cette paix, cette sérénité perdues, nous pouvons les retrouver dans le sacrement de réconciliation et tout particulièrement en ces lieux qui transpirent l’amour et le pardon.
Quel privilège pour les chrétiens des Hautes-Alpes que ce sanctuaire soit dans notre département ! En avons-nous conscience ? Ce soir, comme je l’ai dit le jour de mon installation comme évêque de Gap, je redis que le sanctuaire de Notre-Dame du Laus est comme le poumon de notre diocèse.
L’air qu’on y respire est celui du salut, de l’accueil de ceux qui souffrent dans leur cur et dans leur chair, de ceux qui n’osent pas exprimer leur colère et leur pourquoi, de ceux qui pleurent.
Emplissez vos poumons de cet air là. C’est celui que Benoîte RENCUREL a respiré.
En ce 150ème anniversaire du couronnement de Notre Dame du Laus, j’ose vous dire que chacun et chacune d’entre vous, vous êtes des Benoîte RENCUREL, comme elle, vous êtes responsables du message qu’elle a reçu de Marie.
Qu’en ferez-vous ? Qu’en faisons-nous ?
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Evêque de Gap
Historique du couronnement
Mgr Dépéry, nommé Évêque de Gap, en 1844, fut un soutien très efficace pour les Missionnaires du Laus. Sous sa vigoureuse et méthodique impulsion la chapelle absidiale qui facilite tant le service du Sanctuaire, est élevée ; l’hôtellerie Sainte-Marie est construite : et l’élan est donné pour la préparation matérielle et spirituelle des fêtes du Couronnement de Dans le Mémoire qu’il présente au Pape Pie IX, au printemps 1854, Mgr Dépéry fait valoir que « dans le pèlerinage du Laus sont données chaque année plus de 40 000 communions », ce qui est très remarquable pour l’époque, et marque bien que les visiteurs viennent en pèlerins et non en touristes. Les fêtes du Couronnement virent une affluence extraordinaire, groupant le 31 Mai 1855 près de 40 000 fidèles et 600 prêtres autour du Cardinal Donnet, Archevêque de Bordeaux, des trois Archevêques d’Aix, Avignon et Turin, et des trois Évêques de Gap, Digne et Grenoble. Elles firent du Laus un centre intense de pèlerinage jusqu’à ce que Lourdes et En effet les pèlerins vinrent alors non seulement de Provence ou du Dauphiné mais de Bretagne, de Belgique, d’Angleterre, et même du Canada, ou s’élevèrent 5 lieux de culte honorant Notre-Dame du Laus. Dans le diocèse de Gap lui-même les paroisses commencent à venir régulièrement en pèlerinage chaque année à date fixe, faisant du Laus une sorte de Mission perpétuelle pour la région. La construction de la nouvelle route carrossable dès 1858 en facilita beaucoup l’accès. (R. de Labriolle : Notre Dame du Laus, Histoire et Message.). |