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18 août 2019 Homélie Mgr Malle à l’abbaye de Boscodon « Passer à une nouvelle étape »

Homélie 18 août 2019- TO20

Mgr Xavier Malle à Boscodon 11h00

 

Passer à une nouvelle étape. »

 

« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !»

Certes, il est bon de comprendre cette parole forte de Notre Seigneur Jésus-Christ, comme le désir de son cœur que son feu d’amour soit répandu sur toute la terre, ou encore que l’Esprit Saint soit accueilli par tous les cœurs.

Mais il faut aussi recueillir le sens que nous donne la mise en perspective avec la première lecture, la persécution que subit Jérémie car il a dit la vérité, et la suite des paroles de Jésus dans notre évangile, où il pose une question et fait un constat :

La question : «Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ?» Et le constat : «Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront.»

Toutes ces interprétations légitimes se bousculent dans notre tête, alors que Boscodon vient d’apprendre, par le journal La Croix qui l’a courageusement révélée, la face sombre du père Dominique Cerbelaud.

Ma venue ici était prévue avant cette publication, pour faire connaissance avec le frère Luc Devillers, que nous espérons accueillir d’ici quelque mois après sa retraite d’enseignant à l’université de théologie de Fribourg. Mais finalement, elle tombe bien, pour venir à votre rencontre, vous qui avez été blessé par cette annonce.

Rappelons-nous d’abord que la première personne blessée ce sont les victimes. Que le Jérémie contemporain c’est la victime jetée dans la citerne du silence où il n’y avait pas d’eau mais de la boue. Oui, comme le prophète Jérémie, ces victimes et leurs familles ont eu le courage de parler. Peu les ont entendus, peu les ont crus. Ils sont restés longtemps, trop longtemps, dans la boue.

Quand ils ont appris ma nomination comme évêque de Gap, ils m’ont envoyé, avant même mon arrivée ici, un dossier complet. Il était accablant et contenait les condamnations par le tribunal ecclésiastique interne de l’ordre dominicain.

Mais j’ose le dire, le jugement a été bien clément, et surtout Boscodon n’est pas l’endroit retiré tel que l’estimaient ses supérieurs de l’ordre. Je n’ai eu comme seule solution, en toute transparence avec le procureur de la République de Gap, que de demander au provincial des dominicains de retirer celui qui s’est rendu coupables de faits graves et répétés, sur des mineurs et sur des majeurs.

Il est bon que que la chose soit maintenant connue. Contrairement à ce que certains ont pu dire, le diable ne se déchaîne pas contre l’Église, au contraire, il n’est pas content que la lumière soit faite. Il est le prince des ténèbres ; tandis que Jésus est, comme dit st Jean, la lumière qui brille dans les ténèbres. Contrairement à ce que certains ont pu dire, Dieu n’abandonne pas son Église, il la purifie, pour se la rendre plus belle et plus fructueuse.

Il est juste et bon que que la chose soit maintenant connue, pour que Boscodon puisse passer à une nouvelle étape.

Oui, Dominique a fait de belles choses, mais il faut retrouver l’élan d’origine de l’abbaye. Providentiellement, j’ai lu pendant mes vacances cet été le livre d’entretien de sœur Jeanne-Marie avec Guillaume Goubert, publié en 2006. Il est précieux pour comprendre l’esprit de l’aventure de Boscodon.

D’abord il y a la prière du père Ferraro, qui fut curé de Savines qui a dit au père Aussibal, alors aumônier de Chalais (page 50) : «Il y a 29 ans que je prie pour que des sœurs viennent à Boscodon.» Le curé a emmené le p Aussibal chez la propriétaire d’alors, Mme Broche qui lui a dit : «Si vous me promettez que çà redevienne une église, je vous la vends.»

Par le brin de folie de sœur Jeanne-Marie, diront certains, par sa foi diront d’autres, ce fut réalisé. Beaucoup d’entre vous ont été de cette magnifique aventure.

Plusieurs religieuses et religieux se sont succédés ici. Permettez-moi de saluer l’abnégation, l’humilité et le courage de frère Régis qui assure seul depuis un an la continuité de la mission. J’imagine sa joie, et je la partage, de l’arrivée prochaine de frère Luc.

Une autre parole importante fut celle de l’évêque de l’époque : Mgr Coffy, qui prononça une phrase que sœur Jeanne-Marie reconnait page 52, comme décisive : «Voyez-vous, le lac de Serre-Ponçon vient d’être créé, toute la population locale va se trouver aux prises avec une révolution culturelle importante. Il faut que l’abbaye soit un lieu d’espérance pour eux et un lieu de source pour toutes ces personnes qui vont venir ici en vacances à cause du lac.» Fin de citation de Mgr Coffy.

Une dernière citation de ce livre d’entretien page 75 : à la question «A qui l’abbaye appartient-elle aujourd’hui ?», sœur Jeanne-Marie répond : «L’association des Amis de Boscodon est propriétaire des lieux. Et elle en délègue l’animation à une autre association dénommée Notre-Dame de Boscodon, avec laquelle elle passe une convention annuelle. Cette deuxième association est composée de religieux et de laïcs.»

Et bien chers amis, si vous voulez que Boscodon perdure, que cette aventure progresse, il faut revenir à ces 3 sources.

  • une communauté religieuse sur place qui anime véritablement l’abbaye,
  • un objectif d’être un lieu d’espérance, et cela a un sens chrétien précis, qui est de tourner les yeux vers le Ciel et vers le Père, au service de la population locale et des vacanciers,
  • et enfin retrouver une juste articulation entre les deux associations.

Je rappelle ce que prophétise Jésus dans notre Évangile : «tous se diviseront». Et vous savez qui est le prince de la division, le diable. Je précise que je n’ai prévenu aucun des deux présidents de mon propos. Mais aujourd’hui, j’invite les deux conseils d’administration, qui se sont rencontrés récemment, à continuer à dialoguer pour passer à une autre étape. Vous êtes à la croisée des chemins : soit Boscodon va mourir petit à petit, soit on travaille ensemble. Je vous invite également à la confiance vis à vis de l’Église diocésaine. J’inviterai, dans les mois qui viennent, chacune des associations à me rencontrer pour continuer ce travail de refondation. Il ne peut y avoir d’avenir à Boscodon sans ce travail commun entre les deux associations, le diocèse et la paroisse, et la province de Toulouse de l’ordre dominicain.

Je termine avec les paroles pleines d’espérance de l’auteur de la lettre aux hébreux : «Frères, nous qui sommes entourés d’une immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi.»

Amen.

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Cet article a été rédigé par le service communication du diocèse de Gap.