
En ce temps de déconfinement progressif, selon les normes sanitaires, et après l’ordination du diacre Thibaud Varis, les pèlerins reprennent le chemin du sanctuaire Notre-Dame du Laus. Dans la perspective de l’Année mariale diocésaine annoncée par Mgr Xavier Malle, il est à noter que deux saints, du XVIIIe et du XIXe siècle, sont venus prier en ce sanctuaire marial de plus en plus renommé. Ils sont d’éminentes figures de pèlerins au fil du temps sur les pas de la bergère Benoîte Rencurel.
Avec les historiens du Laus, le Père René Combal note dans ses écrits le passage de saint Benoît-Joseph Labre entre 1770 et 1774. Né dans le Pas-de-Calais, en 1748, juste un siècle après la bergère, portant le même prénom qu’elle, Benoît-Joseph Labre se fit pèlerin mendiant, méditant à pied, de sanctuaire en sanctuaire. En 1771, à l’époque de son pèlerinage de passage par Notre-Dame du Laus, il rédige sa « Prière des trois cœurs« , son écrit principal. « Pour aimer Dieu et penser continuellement à Lui, il faut trois cœurs en un seul. Un cœur tout de feu envers Dieu, un coeur tout de chair envers le prochain à aider, un cœur tout de bronze pour dompter les inclinations de la nature« . Il meurt à 34 ans, en 1783, à Rome, où sa simplicité et sa vie pauvre étaient devenues très populaires. Le peuple romain criait: « Il est mort le saint !« . Il fut canonisé en 1881. L’écrivain Albéric de Palmaert lui a consacré, l’an dernier, un livre: « Vivre l’Évangile avec Benoît-Joseph Labre, le vagabond de Dieu« . Il est qualifié de « pèlerin pour notre temps« , pour les temps de richesse et de consommation, du fait qu’il a pleinement vécu la sobriété. Il est fêté le 16 avril.
De son côté, saint Pierre-Julien Eymard est un voisin de l’Isère, tout proche : fils du boutiquier du village de La Mure, né en 1811, il est ordonné prêtre à 23 ans, en 1834. D’abord prêtre séculier, puis religieux mariste avec la Société de Marie (1839-1856), il s’interroge sur l’orientation de sa vocation profonde. Dans sa confiance envers la Vierge Marie, il vient plusieurs fois, à pied, prier la Vierge à Notre-Dame du Laus. Il se recueille sur la tombe de la bergère Benoîte Rencurel. C’est là qu’il trouve la conviction décisive de sa vocation eucharistique. Il écrit à sa sœur: « Ah! Le Laus, que je l’aime !… Là, on y prie bien… On y voit la Vierge… » Il fondera ensuite, en 1856, l’institut des prêtres du Saint-Sacrement, qu’il dirigera jusqu’à sa mort à 57 ans, en 1868. Sa fête est le 2 août, et il est reconnu comme l’apôtre de l’eucharistie et de la prière d’adoration. À La Mure, la paroisse et ses environs sont actuellement desservis par des prêtres de l’institut du Saint-Sacrement. À l’église, une exposition garde la mémoire de sa vie de foi et du rayonnement spirituel de son œuvre.
Par ailleurs, Marie Silve (1894-1976) est une figure de véritable « sainteté laïque« , comme l’a qualifiée Jean Guitton lui-même. Née à Seyne (04), institutrice en Ubaye, à Fours, puis à Seyne, a créé à Notre-Dame du Laus, lors d’une retraite en 1916, le mouvement des « Davidées« , des enseignants chrétiens, hommes et femmes, de l’Enseignement public. Avec une retraite spirituelle annuelle, et des revues comme « Aux Davidées » et « Après ma classe » ou « Revue de culture générale« , son mouvement s’est répandu au plan national, toujours soutenu par des enseignements spirituels de Marie Silve ou de ses méditations, souvent non signées, par exemple à partir de Charles de Foucauld. A sa mort, Jean Guitton a pu écrire: « Elle allait son chemin, inconnue et heureuse de l’être, gaie, inlassable, allègre, jamais morose, souriant à l’avenir« .
P. Pierre Fournier