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Clôture de l’année Benoîte 28 décembre 2018

Ce 28 décembre 2018, fête des Saints Innocents, l’année Benoîte a été clôturée au Laus par une journée de Récollection des prêtres, diacres, religieuses, religieux et consacrées du diocèse.

Homélie de Mgr Xavier Malle – LE LAUS – 10h30 – Clôture année Benoîte

Après l’or de la nuit de Noël, nous voici en couleur liturgique rouge. Après l’or offert par les mages, voici le sang des saints Innocents, et déjà le lendemain de Noël le sang du premier martyr, Saint Etienne. Cette proximité de la crèche à la croix a toujours frappé les chrétiens, comme l’indique notre cantique de Noël préféré : « De la crèche au crucifiement, Dieu nous livre un profond mystère. De la crèche au crucifiement, Il nous aime inlassablement. Il est né, le divin enfant (…) »

Ce mystère du massacre des Saints Innocents peut-être contemplé de chacun des protagonistes, et relié à notre actualité :

– Commençons par St Joseph, qui obéit sans tarder à l’ange et met Marie en sécurité : « Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte». Cela nous fait penser à certains chrétiens d’Orient en Syrie et en Irak, qui en pleine nuit ont dû quitter leur habitation et fuir l’avancée de l’Etat islamique. Nos frères chrétiens d’Orient sont chers à nos coeurs. Je souhaiterai pouvoir les réunir ici en pèlerinage au Laus. Le projet est lancé. Je pense aussi à tous ceux qui ici en France assure notre sécurité, armée, gendarmerie, police.

– Regardons maintenant Hérode. St Augustin l’interpelle :  «De quoi t’a servi ta cruauté, ô roi impie et barbare ? Tu as pu faire des martyrs, mais tu n’as pu trouver Jésus-Christ que tu voulais égorger. Tu t’imaginais qu’en venant au monde il te chasserait de ton trône ; mais tu étais dans l’erreur. Il n’est pas venu pour prendre la gloire d’autrui, mais pour donner la sienne. Il n’est pas venu pour ravir les royaumes de la terre, mais pour offrir le royaume du ciel. Il n’est pas venu pour s’emparer des grandeurs et des dignités d’ici-bas, mais pour souffrir des injures et des opprobres. Il n’est pas venu pour avoir la tête couronnée de diadèmes, mais pour y porter une couronne d’épines. Enfin, il n’est pas venu pour y être élevé au-dessus des empires, mais pour être attaché à une croix et y endurer la mort.» Fin de citation. Certains chefs du peuple n’ont plus écouté le peuple. D’autres ont peur de perdre leur pouvoir, tellement ils oublient que c’est un service. Le pape François en fait le thème de son message du 1er janvier pour la Paix.Prions en particulier pour Madagascar, dont les résultats électoraux ont été connus hier, et pour la RDC en élection cette fin de semaine. Prions pour les si nombreux Hérode contemporains. 

Contemplons maintenant les saints innocents eux-mêmes. St Augustin leur dit : «Vous n’aviez pas l’âge pour croire que Jésus devait souffrir, mais vous aviez déjà un corps capable d’endurer la mort pour Celui qui devait mourir pour nous.» Les saints innocents sont nombreux dans notre monde ; et nous pensons avec douleurs aux enfants victimes de l’avortement et à leurs familles. Je pense aussi aux enfants nés de PMA sans pères. Dans un très bel article de la revue «Prêtres diocésains» de ce mois de décembre, intitulé «de la bioéthique à la bioéconomie», le père Brice de Malherbe analyse l’origine de la dérive de la bioéthique. Pendant des siècles, l’éthique médicale accompagnait la médecine qui espérait guérir parfois et soigner toujours. Une éthique nourrie de la tradition hippocratique relue par le christianisme, centrée sur la relation médecin malade, mettant en avant les nécessaires compétences et vertus des médecins et le respect de la dignité de la personne à partir de l’observance du Décalogue. Une éthique pour laquelle la personne humaine était, dans son unité corporelle et spirituelle, un donné à accueillir. Dans les années 70 est née la bioéthique, autour de l’autonomie du patient et de la recherche de la qualité de vie, définissant la personne avant tout par son esprit, le corps devenant un simple matériaux. L’homme n’est alors plus un donné, mais un projet à construire. On parla ainsi du projet parental, sans lequel un embryon ne serait pas une personne mais un amas de cellule, justifiant l’avortement. On parla du projet de vie des personnes en fin de vie, son absence justifiant l’euthanasie. L’étape actuelle est la livraison de la personne humaine aux appétits de la loi du marché économique, ce que l’auteur appelle la bioéconomie. Sang, organes, cellules, tissus, gamètes ovules et spermatozoïdes, embryons – tout le corps humain – est désormais la source d’une nouvelle plus-value économique portée par le développement de la médecine régénératrice et prédictive, entraînée par la promesse de combattre les maladies, de prolonger la vie voire d’améliorer le corps humain. Le tout est masqué par un pathos compassionnel, avec des cas dramatiques de souffrance humaines, ou de maladies soit disant vaincues. 

L’actuel projet de loi gouvernemental promouvant la PMA sans père, procréation médicalement assistée pour les couples de femme, outre qu’il entraînera l’étape suivante de la GPA, l’esclavage des mères porteuses déjà promue par des vedettes médiatiques, ouvre un marché économique gigantesque, la financiarisation de la fécondité. Nous avons connus des députés luttant contre les lois abusives du marché, bien silencieux sur ce nouveau marché juteux. 

Comment résister à cette dérive marchande ? Chacun de nous est concerné. Au delà de la nécessité de parler à nos parlementaires, il s’agit, pour nous-même, de résister à l’engouement illusoire de la santé parfaite. Ainsi, d’être solidaire de nos familles pour savoir entourer ceux qui, face à la peur du handicap de leur enfant, sont tentés par l’avortement ; ceux qui confrontés à l’immense souffrance de l’infertilité sont tentés d’avoir recours à l’assistance médicale à la procréation. Ainsi de sacrifier notre temps pour accompagner jusqu’au bout ceux qui sont en fin de vie. Je viens de connaître le bel exemple des petites soeurs de Jésus de saint Bonnet, se relayant auprès de petite soeur Colette, 99 ans, que le Seigneur a appelé à Lui cette nuit de Noël.

Le pape François appelle l’humanité à une écologie intégrale, pour que les progrès technologiques soient au service de l’homme et de la communauté humaine. Résistons, défendons les saints innocents des temps modernes. C’est ainsi, que même si cette année encore je ne peux y participer, j’apporte mon soutien comme le pape François le fait lui-même, à la marche pour la vie qui aura lieu le 20 janvier à Paris. «Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus.». Ce cri de Rama retenti dans nos sociétés occidentales. Qui l’entendra ?

Me suis-je si éloigné de la fête de ce jour ? Ai-je oublié que nous vivions la clôture de l’année Benoîte ? Le lien est facile, car en 2019 nous vivrons les 350 ans de la première apparition de Jésus Crucifié, en 1669, à la vénérable Benoîte Rencurel au Laus. Un anniversaire chasse l’autre. Nous sommes comme cela les Français, nous aimons les anniversaires ! A peine terminé l’anniversaire des 300 ans de la mort de Benoîte, nous commémorons ces paroles de Jésus à Benoîte : «Je me montre ainsi à vous pour vous faire voir ce que j’ai souffert pour les pécheurs et l’amour que j’ai pour eux. » De 1669 à 1684, au pied de la croix d’Avançon, maintenant dans la chapelle du Précieux Sang, Benoîte Rencurel est gratifiée de visions du Christ crucifié. L’année Benoîte nous a permis de mieux connaître la bergère du Laus, et de nous en faire une grande soeur, ou une amie consacrée, à qui nous confions nos joies et nos peines, et qui les portes à notre Dieu. Ste Thérèse de Lisieux a dit à la fin de sa vie à ses sœurs : « Je voudrai bien avoir une belle mort pour vous faire plaisir. Je l’ai demandé à la Ste Vierge. Je ne l’ai pas demandé au Bon Dieu, parce que je veux le laisser faire comme il voudra. Demander à la Ste Vierge ce n’est pas la même chose. Elle sait bien ce qu’elle a à faire de mes petits désirs, s’il faut qu’elle les dise ou ne les dise pas… (CJ 4.6.1) » Il me semble que c’est ainsi pour la vénérable Benoîte : nous lui confions nos petits désirs, et elle sait bien s’il faut qu’elle les dise ou ne les dise pas à la Ste Vierge.

Nous lui confions toutes les intentions de ce jour, toutes les intentions de nos coeurs. 

St Jean renouvelle notre espérance quand il dit : «Bien-aimés, tel est le message que nous avons entendu de Jésus Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière ; en lui, il n’y a pas de ténèbres. (…) si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché.»

Amen !

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Cet article a été rédigé par le service communication du diocèse de Gap.

La publication a un commentaire

  1. Emmanuel de BARRIN

    Merci Monseigneur pour cette belle homélie et de nous exhorter, comme l’ont fait le pape François et Mgr Aupetit, à participer à la marche pour la vie dimanche en union de prière avec les prêtres et chrétiens Haut-Alpins.

    Emmanuel

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