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Comment avons-nous eu ce bonheur que la mère de Dieu visite cette région montagneuse des Hautes-Alpes ?

Ce mardi 1er mai 2018 était une grande fête au Laus. On y a célébré Notre Dame du Laus et le 10e anniversaire de la reconnaissance des apparitions faite par Mgr Jean-Michel di Falco Léandri le 4 mai 2008.

Mgr Xavier Malle est venu présider la célébration eucharistique. Au cours de son homélie, il a présenté le projet d’extension de l’église qui viendra remplacer le chapiteau sous lequel s’est tenu la messe. Ci-dessous le texte et le son de l’homélie :

Homélie

« En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. » Ce matin, comme Marie, vous vous êtes mis en route vers cette montagne… du Laus, mais pour en quelque sorte rendre sa visite à Marie ! Et comme Élisabeth, tous ensemble, nous n’en revenons pas : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Comment avons-nous eu ce bonheur que la mère de Dieu visite cette région montagneuse des Hautes-Alpes ? Je suis frappé depuis que je suis arrivé ici, bientôt un an, de l’amour qu’ont tous les Hauts-Alpins pour le Laus. Peut-être que c’est cela, l’étonnement que leur montagne ait été choisie par le Ciel pour une Visitation. D’autant que nous connaissons l’origine de cette Visitation : la volonté même de la Mère de Dieu, et c’est unique dans l’histoire des apparitions mariales : « J’ai demandé le Laus à mon Fils et Il me l’a accordé. »

Nous sommes donc réunis dans un lieu accordé par Jésus, Fils de Dieu, notre Sauveur, à sa mère. La terre que vous foulez a été foulée par la mère de Dieu ! C’est donc un lieu unique dans l’histoire de l’Église, marqué par 54 années consécutives d’apparitions authentifiées de la sainte Vierge à Benoîte Rencurel (1664 – 1778). Et aujourd’hui nous commémorons la date anniversaire de l’acte canonique de reconnaissance, effectué par mon prédécesseur, Mgr Jean-Michel di Falco Léandri. Ce n’est pas seulement 10 ans de grâces que nous commémorons, c’est plus de 300 ans de grâces.

Le second motif de joie de cette journée c’est que nous sommes dans le jubilé des 300 ans de la mort de Benoîte Rencurel, la voyante, la bergère du Laus.

Il est étonnant et significatif que ce modeste sanctuaire construit avec des pierres montées par les pèlerins ait traversé sans trouble grave ces 350 dernières années en étant toujours visité et desservi par des prêtres, et les pèlerins accueillis par les bénévoles et les salariés. C’est depuis 1664, pour des centaines de milliers de personnes, un lieu de ressourcement et de réconciliation avec elles-mêmes, avec la nature, avec les autres et avec Dieu. Notre Dame du Laus, « refuge des pécheurs », apaise, guérit et réconcilie encore aujourd’hui. Comme dit saint Paul aux Éphésiens, « nous étions soumis aux forces mauvaises de ce monde et au prince du mal qui s’interpose entre le Ciel et nous, mais Dieu est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, il nous a donné la vie avec le Christ. » Ce qu’on appelle ici chez les chapelains les cahiers des grâces, les témoignages des dons que Dieu a fait aux pèlerins, regorgent de témoignages en ce sens. Tous ces pèlerins peuvent reprendre les paroles de Marie chez Élisabeth : « Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. »

Mais cette histoire n’est pas au passé. Elle n’est pas non plus seulement au futur. Elle est au présent ! Vous savez qu’il nous manque juste un miracle de Benoîte pour sa béatification. Alors demandons-le avec foi, et demandons-le aujourd’hui.

80.000 à 100.000 personnes viennent chaque année au Laus. Le sanctuaire a grandi petit à petit, chaque évêque y apportant sa pierre, et vous savez ce que le Laus doit en particulier ceux que vous avez connus, comme mes deux prédécesseurs, Mgr Georges Lagrange qui a restauré l’hôtellerie, et Mgr Jean-Michel di Falco Léandri qui a reconnu canoniquement les apparitions et restauré la basilique, le chemin de croix, la chapelle du Précieux Sang, etc…

Évêque de ce diocèse depuis presque un an, j’hérite à mon tour du devoir d’entretenir et de faire évoluer ce lieu saint, pour qu’il continue de répondre à cette belle vocation que lui a donnée la Vierge Marie.

Le 17 décembre dernier, je me suis adressé à vous à l’occasion d’une conférence de presse, pour dresser un bilan de mes six premiers mois d’évêque. Le texte de ma conférence, largement diffusé dans toutes les paroisses, m’a valu de nombreux contacts avec vous, par courrier, courriel ou lors d’entretiens lors de mes visites pastorales, ce dont je vous remercie beaucoup.

Lors de ma conférence, je vous avais fait part de ma décision de réorienter le projet de « Nouvelle église du Laus ». Le dossier technique avait pu être mené pratiquement à terme par des équipes compétentes et motivées, mais en dépit d’une incontestable générosité individuelle des diocésains et des pèlerins du Laus, les sommes réunies ne pouvaient permettre d’engager les travaux, d’autant que le projet s’était entre-temps considérablement alourdi. Il a donc fallu y renoncer et je l’ai assumé.

Abandonner ce projet-là ne signifiait pourtant pas que les besoins qui l’avaient suscité n’existaient plus. C’est pourquoi je vous avais donné rendez-vous ce 1er mai 2018 pour vous informer d’un programme de réorientation alors encore à définir. Ce travail de réflexion a été mené avec compétence et célérité par une équipe pluridisciplinaire que j’ai réunie et que je veux ici remercier. Ce « groupe de travail » du Laus est composé d’un coordonnateur, un chef d’entreprise de la région lyonnaise, pèlerin du Laus, du recteur le père Ludovic Frère, du père Joseph Aubin, du père Jean-Pierre Mollon, d’une sœur bénédictine, du directeur général et du président de l’association Notre-Dame-du-Laus (ANDL), de l‘économe diocésain, de trois professionnels bénévoles venant de l’entreprise et du secteur public, compétents en bâtiment comme en conduite de projet, de monsieur le maire de Saint-Étienne-le-Laus et de son premier adjoint, et de monsieur le président de la communauté de communes qui ont bien voulu s’y associer. Une première démarche fut de relire les trois études précédentes, et de faire un état de la situation présente et des besoins réels pour répondre aux nécessités de l’accueil de pèlerins.

Sur cette base, une ébauche de programme fut élaborée et présentée à titre consultatif aux habitants de la commune de Saint-Étienne-le Laus que j’avais invités à me rejoindre au sanctuaire le samedi 10 février. Ils furent nombreux à venir et purent ainsi exprimer librement leurs souhaits et réactions concernant un site qui est d’abord leur lieu de vie. Le projet de programme a pu ainsi se préciser et je veux maintenant en donner les grandes lignes.

  • Il est d’abord apparu la priorité réglementaire de la mise en conformité de l’accessibilité de l’ensemble du site aux personnes à mobilité réduite (Ad’AP). Un seul ascenseur supplémentaire bien placé doit nous permettre de résoudre cette question difficile dans une zone avec de nombreux niveaux.
  • Puis nous avons relevé le besoin d’un lieu unique d’information, un kiosque, situé dans la cour centrale devant le bar. En effet, les pèlerins arrivant par l’un des nombreux accès possibles ne trouvent pas facilement l’accueil pastoral qui est actuellement sur le côté gauche de la basilique. Or la principal question des pèlerins est : où me renseigner, que puis-je faire au Laus ?
  • Puis une autre priorité nous est apparue, la réfection et l’agrandissement de la grande salle sous le bar, la passant de 300 à 400 places assises.
  • Enfin, au cours du travail, nous avons pris conscience que le Laus s’étant construit progressivement, il manquait une unité et que l’aménagement paysager pouvait y contribuer mieux.

Bien sûr, le cœur du sanctuaire de Notre Dame du Laus est sa basilique, construite de 1666 à 1669 et lieu principal des apparitions de la Vierge Marie à Benoîte Rencurel pendant 54 ans. Cette basilique a, dans sa configuration actuelle, une capacité maximale d’accueil d’environ 350 places, bien inférieure à celle des infrastructures hôtelières (470 lits) et de restauration (800 couverts en deux services) accueillant sur site les pèlerins. C’est ce sous-dimensionnement relatif qui avait conduit à envisager de construire une nouvelle église de grande capacité à proximité du sanctuaire historique, la « nouvelle église ». Les contraintes financières dont j’ai parlé ont principalement conduit à son abandon, mais aussi la considération que seules quelques cérémonies annuelles, principalement estivales, auraient nécessité son fonctionnement. En revanche, une capacité supplémentaire de 200 places suffirait à couvrir 95% des besoins. Le groupe de travail a donc proposé de procéder à une extension de la basilique historique par prolongement et élargissement du transept droit, donc à droite de la chapelle saint-Joseph, créant ainsi une deuxième nef à la perpendiculaire de la première. Cette extension offrira une capacité supplémentaire d’environ 200 places. Bien évidemment, ce corps de bâtiment devra être construit dans le même style que l’église historique afin de s’intégrer harmonieusement dans l’ensemble, comme ce fut le cas pour les contre-nefs à droite et à gauche de la nef principale, qui ne furent rajoutées que très postérieurement et qui donnent pourtant l’impression d’en avoir toujours fait partie intégrante.

Pour mener à bien ce projet global, le groupe de travail a ensuite engagé une consultation en vue de sélectionner un cabinet d’architecte afin de s’associer ses services pour la réalisation de l’ensemble des modules constitutifs du programme complet. Notre choix de l’architecte,  qui est du département, sera communiqué d’ici fin mai. J’entre maintenant un peu dans le détail. Le programme de construction comprendra les étapes suivantes :

1. Conception d’un plan directeur d’aménagement du site, car c’est un projet à long terme que nous commençons ;

2. Construction d’un kiosque extérieur d’information et accueil ;

3. Rénovation et extension de la grande salle d’accueil des pèlerins ;

4. Aménagement de stationnements et d’accès pour les personnes à mobilité réduite ;

5. Rénovation et extension d’un bloc sanitaire adapté et mieux proportionné ;

6. Extension de la basilique en prolongement de son transept droit ;

7. Aménagement échelonné des stationnements et aménagement paysager.

Un tel programme nécessitera un budget important, de l’ordre de 2,5 millions € TTC, certes plus modeste que le projet initial envisagé par mon prédécesseur qui était à 21 millions, mais encore trop élevé pour les ressources disponibles ou mobilisables du diocèse. C’est pourquoi j’ai décidé de relancer la collecte de fonds précédemment engagée et qui avait rapporté environ 900.000 € aujourd’hui disponibles. Ce sont donc encore 1.600.000 € qu’il va falloir trouver sous forme de dons ou de legs pour lesquels je vous sollicite déjà, car chaque tranche ne pourra débuter que lorsqu’elle aura été intégralement préfinancée par des dons, quitte à devoir en étaler la réalisation.

Mais j’ai la certitude que si ce projet plus modeste répond à son désir, la « Belle Dame » du Laus ne manquera pas de susciter parmi les donateurs une générosité suffisante pour le réaliser.

Frères et sœurs, ces travaux au Laus n’ont de sens que s’ils permettent de soutenir un renouveau de foi et de ferveur, non seulement des diocésains mais aussi de très nombreux fidèles français ou étrangers, qu’ils soient enracinés dans la foi, recommençants ou récemment convertis.

Alors je me permets humblement de faire une requête à Marie, Notre Dame du Laus : « Ô Notre Dame, un miracle authentifié obtenu par l’intercession de la vénérable Benoîte Rencurel, votre petite confidente ici-même, en son année jubilaire des 300 ans de son retour au Père, aboutissant à sa béatification, préalable de sa canonisation, serait un signe explicite du désir de votre cœur de Mère. Le pape François nous propose désormais tous les lundis de Pentecôte de vous fêter sous le vocable de Mère de l’Église. Nous vous reconnaissons comme la mère de l’Église, la mère de l’Église des Hautes-Alpes, la mère des pèlerins du Laus, refuge des pécheurs. Nous avons confiance en vous. »

Amen !

Mgr Xavier Malle
Évêque de Gap (+ Embrun)

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Cet article a été rédigé par le service communication du diocèse de Gap.