Office des Vêpres au Sanctuaire ND du Laus
Capitule des vêpres : première de la messe, Gn 2-3, la tentation d’Adam et Eve
Dieu crée l’humanité, en hébreu Adam, avec de la poussière, en hébreu Adama. Ce jeu de mots étymologique du rédacteur biblique est d’ailleurs analogue en latin, homme tire son origine d’humus, et cela nous rappelle que nous sommes poussière, pas grand chose. Mercredi dernier, mercredi des Cendres, nous avons été marqué sur le front par les cendres pour le signifier. Mais ensuite Dieu insuffle un souffle de vie et l’homme devint un être vivant. Alors c’est vertigineux de se dire que je suis un vivant, il y a la vie en moi. L’un d’entre vous me partage dans sa lettre de demande de baptême que c’est bien la « perte d’un être cher » qui lui a fait découvrir et « reconsidérer le sens » de sa vie et de son « passage sur cette terre » : « aimer et chérir nos proches », « comme le Christ nous a aimé ». J’ajoute que même après notre mort, quand le souffle de vie se sera retiré de notre corps et que nous serons redevenus poussière, nous serons encore vivant en Dieu. La mort pour nous est un col de haute montagne vers la vallée magnifique de l’éternité. « De la mort à la vie », tel est le thème des conférences de Carême du diocèse de Gap-Embrun au sanctuaire ND du Laus. Nous venons de vivre la première conférence, qui nous a fait comprendre combien le chemin de notre société est actuellement inverse : de la vie à la mort !
Revenons à la lecture du livre de la genèse, le récit du péché originel. Dieu pose l’homme et la femme dans un jardin merveilleux, où il y a entre autres merveilles, deux arbres, l’arbre de la vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Pour rompre l’harmonie originelle, le diable commence par mentir : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : ‘Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin’ ? La femme répondit (très justement) au serpent : Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : ‘Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.’ »
L’arbre de la vie signifie que seul Dieu peut insuffler la vie et la reprendre. « Tu ne tueras pas » est l’un des 10 commandements c’est à dire le mode d’emploi de la vie en société que Dieu donnera ensuite à son peuple. « Pour tout homme, croyant ou pas, la vie a un caractère mystérieux. Elle vient de plus loin que lui, et l’homme a conscience d’une grandeur qui le situe à part du reste de l’univers. » (Dr François Niessen, Où allons-nous ? L’euthanasie pour
bientôt ? Prêtre diocésain octobre 2022)
Après l’arbre de la vie, qu’est-ce que l’arbre de la connaissance du bien et du mal ? le verbe connaître dans la bible, est plus qu’une connaissance intellectuelle. Ainsi quand la bible parle de l’acte conjugal, elle dit que l’homme connait sa femme, et ce n’est pas seulement intellectuellement. Dieu interdit en fait à l’homme de vouloir décider ce qui est bien et ce qui est mal ; car cela appartient à Dieu de décider ce qui est conforme à sa nature humaine. Vouloir appeler bien un mal, est une tentation pour notre société. Ainsi elle adoucit les mots : l’euthanasie devient l’aide active à mourir. Une technique, complémentaire, est de déclarer légal la transgression de l’interdit de tuer. Si c’est permis légalement, dans la tête des gens c’est que c’est bien. Et bien non, la définition d’une euthanasie reste la même : « un acte d’un tiers qui provoque intentionnellement la mort ». La vocation du médecin reste de « de soigner, non de donner la mort» (loi Léonetti 2005).
Je reviens au péché originel : ce péché des origines est que Adam et Eve se sont pris pour Dieu en mangeant le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. En quelque sorte, l’harmonie a été cassée entre la création et le créateur. L’épisode suivant que nous n’avons pas entendu est que Dieu se met à la recherche de Dieu : « Ils entendirent la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour. (…) Le Seigneur Dieu appela l’homme et lui dit : « Où es-tu donc ? » Adam répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché. » C’est tout l’inverse de ce qui vous est arrivé chers catéchumènes. L’un d’entre vous m’écrit que deux recherches se sont rencontrés : « Besoin de trouver Dieu », et désir du Seigneur de « faire son apparition dans ma vie ». Et vous témoignez qu’« enveloppé dans les bras de Dieu », vous avez expérimenté des « joies intenses » et une paix profonde dans les épreuves. L’inverse de la peur d’Adam devant son péché.
Ensuite, toute l’histoire de l’Ancien Testament, c’est l’histoire de Dieu qui cherche sa création. Il se constitue un peuple pour être au service des autres peuples, puis il lui donne des intermédiaires, comme les prophètes et les rois, puis il décide du moyen souverain, faire naître dans sa création, son fils unique Jésus-Christ. Et même là, il a envoyé en avant de lui Jean-Baptiste. Un autre d’entre vous me partage l’importance de sa grand mère dans son cheminement : « Je voyais sa croix tous les jours au dessus de son lit », et également celle des collègues de travail. Votre grand mère, puis vos collègues de travail, ont été autant de saint Jean-Baptiste, qui vous ont montré le Christ Jésus, la source de votre joie. Alors cette après-midi, nous remercions Dieu pour tous ceux qui vous ont annoncés que Jésus est mort et ressuscité pour vous. A Pâques, vous allez donc être baptisés. Dans ma carte de réponse à vos lettres, j’ai fait inscrire une parole de saint Paul aux Galates : « Tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. (Galates 3,26-27) Voilà ce qui va se passer la nuit de Pâques et qui sera symbolisé par le vêtement blanc : vous allez revêtir le Christ. Vous serez fils et filles bien aimés de Dieu, frères et soeurs de Jésus, temple de l’Esprit Saint. Et donc par rapport aux autres baptisés : aussi leurs frères et leurs soeurs. Le baptême est l’entrée dans « une merveilleuse vie familiale ». C’est une expression de l’une d’entre vous pour qui sa famille de chair, en particulier sa belle famille, a compté dans son cheminement. Frères et soeurs, ainsi puis-je déjà vous appeler comme catéchumènes, frères et soeurs, puissiez vous expérimenter la « merveilleuse vie familiale » de l’Eglise famille de Dieu. Amen !