Dimanche 29 septembre, Mgr Jean-Michel di Falco Léandri s’est rendu à Guillestre pour installer Mgr Félix Caillet comme curé pour les neufs paroisses du Guillestrois, puis à Vallouise pour installer le père Victorien Razanamparany comme curé pour les paroisses des Écrins et du secteur de La Roche-de-Rame.
Ci-dessous un extrait-vidéo de la célébration à Guillestre, des photos des deux célébrations, et les homélies.
Messe d’installation à Guillestre
Les curés sur le doyenné de l’Embrunais-Savinois-Guillestrois-Queyras
Père André Bernardi, |
Mgr Félix Caillet, |
Père Jean-Luc Grizolle, |
Autres prêtres en responsabilité pastorale
Père Éric Juretig, prêtre au service eric.juretig@gmail.com |
Père Bernard Perret, prêtre au service |
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Homélie
Me voici ce matin parmi vous pour installer Félix Caillet comme curé de Guillestre, Ceillac, Risoul, Saint-Crépin, Vars, Eygliers, Mont-Dauphin, Saint-Clément, Réotier. Installer, c’est le terme prévu par l’Eglise pour cette célébration d’accueil d’un nouveau pasteur. Mais vous le savez, toute la vie du prêtre est de ne jamais s’installer… Il est l’homme de passage, toujours prêt à aller vers ceux que le Seigneur et son Église placent sur son chemin et lui confient. C’est bien ainsi qu’a agi le Père André Bernardi lorsque je lui ai demandé de prendre en charge Embrun, et c’est bien ainsi qu’avait agi en son temps le Père Félix Caillet lorsque je lui ai demandé de quitter Embrun pour prendre la responsabilité de vicaire général. Sans doute a-t-il accepté facilement parce qu’il ignorait ce qui l’attendait. Car ce n’est pas une fonction de tout repos. Il a tout de même tenu neuf ans. Merci, Félix, d’avoir été à mes côtés pendant toutes ces années.
Le Père Félix, beaucoup d’entre vous le connaissent déjà. C’est un homme bon, plein d’attention pour les autres. Respectueux des personnes, jamais je ne l’ai entendu critiquer l’un ou l’autre, faire du mauvais esprit. Mais ce que j’ai apprécié par-dessous tout, c’est sa loyauté, et en particulier sa loyauté à l’égard de son évêque. Pour tout cela, cher Félix, je ne sais comment vous exprimer ma reconnaissance.
Je n’oublie pas, et je les remercie, les laïcs membres des différents conseils, le conseil pastoral, le conseil économique et les nombreux laïcs qui contribuent à faire que vivent ces paroisses, non repliées sur elles-mêmes mais ouvertes à tous ceux et celles qui les habitent.
Ensemble, vous aurez le souci d’être présents partout, non seulement sur toute l’étendue du territoire, mais auprès de toutes les catégories de population et notamment auprès des plus humbles, des plus démunis, de ceux que l’on délaisse, que l’on montre du doigt, de ceux à qui certains tournent le dos. Ceci afin de combattre la haine, le mépris, le soupçon, la tristesse, la solitude, le désespoir, la violence, l’absence de générosité.
Peut-être qu’en entendant les premiers mots de l’Évangile de ce jour vous êtes-vous dit : « Encore cette parabole, je la connais ! » Et avez-vous ensuite laisser vagabonder votre esprit au gré de vos préoccupations quotidiennes. Et pourtant cette parabole n’est pas simplement une histoire qui ne concernerait que le passé. Face à la situation économique de notre pays et de toute l’Europe, elle est plus que jamais d’actualité car elle nous place devant nos responsabilités de chrétiens qui sont chaque jour davantage appelés à la compassion et au partage. C’était bien l’objectif du rassemblement de DIACONIA à Lourdes. Cet évangile nous invite à nous poser les questions fondamentales de la vie : « Pour quoi je vis ? Pour qui je vis ? » L’essentiel n’est pas de vivre mais de savoir pourquoi et qui on vit.
C’est bien la question de notre rapport à l’argent et aux richesses qui nous est posée. Ce n’est pas un péché que d’être riche si on l’est devenu honnêtement. Mais la question que pose aussitôt après le Christ c’est : « Que fais-tu de ta richesse ? »
À quoi donc peut bien servir l’argent ? Poser la question est à la limite du ridicule et pourtant ! À acheter ce dont on a besoin. À acheter ce dont on a envie aussi, même si ce n’est pas nécessaire. On peut bien se faire plaisir de temps en temps… Mais encore ? Eh bien aussi à faire le bien, à aider les plus pauvres, à partager avec ceux qui n’ont rien ou pas grand-chose. Celui qui partage, même le peu qu’il a, s’enrichit. Celui qui garde tout pour lui s’appauvrit.
Mais est-ce que je peux tout acheter avec l’argent ?
Eh bien, non. C’est d’ailleurs pourquoi on peut rencontrer des personnes qui ont tout, et qui ne sont pas heureuses pour autant. Le bonheur ne s’achète pas. On le cherche, on le trouve, on l’accueille dans sa vie, mais il ne s’achète pas. Il est à la porte, le bonheur, à notre portée, tout comme le pauvre est à la portée du riche dans la parabole. Mais souvent nous ne le voyons pas. Nous passons à côté.
L’amour non plus ne s’achète pas. On a tous un grand désir en nous, celui d’aimer et d’être aimé. Mais l’amour ne peut pas s’acheter. C’est ce que nous dit d’ailleurs un livre de la bible appelé le Cantique des cantiques et qui chante l’amour. Voici ce que dit ce livre : « Si quelqu’un offrait toutes les richesses de sa maison pour acheter l’amour, tout ce qu’il obtiendrait, c’est un profond mépris. » Non, vraiment, l’amour ne s’achète pas. Il est gratuit. On le reçoit gratuitement. On le donne gratuitement, sans qu’il diminue. Il se répand comme la flamme d’une bougie qui ne s’éteint pas alors même qu’on en allume une autre.
Mais je voudrais aborder deux autres leçons de cet Évangile.
La première, le fait qu’en mourant le riche tout comme le pauvre entrent tous deux dans une éternité irrévocable, sans aucun retour en arrière possible. Scandale pour certains ! Mais peut-être Jésus veut-il nous dire par là tout simplement que la conversion, c’est maintenant, et pas plus tard. « Tire profit du temps présent et pense à la dernière heure », dit en latin le cadran solaire de 1734 gravé et peint sur la maison paroissiale « Lavalette » de la place du Général Albert, ici à Guillestre. « Ne remets pas au lendemain ce que tu peux faire le jour même », dit le dicton. Cela vaut aussi pour la conversion. La conversion est possible jusqu’à l’heure de la mort, mais pourquoi attendre, pourquoi remettre au lendemain ?
On dit de l’empereur Constantin qu’il se fit baptiser sur son lit de mort. J’espère que ce n’est pas par calcul qu’il a agi ainsi. On ne trompe pas Dieu. On n’achète pas Dieu. On n’achète pas son salut. Mais s’il a demandé le baptême avec la même foi et la même espérance que celle du bon larron sur sa croix, alors là on ne peut qu’être heureux pour lui.
Donc la première leçon : ne pas attendre pour se convertir, même s’il est possible de se convertir jusqu’au dernier moment. Certes se convertir cela coûte ! Mais quel bonheur en retour ! N’attendons pas le dernier moment pour grandir dans l’amour de Dieu et de nos proches.
La seconde leçon, le fait que nous avons suffisamment de signes, d’éléments autour de nous pour croire. On voudrait peut-être plus de signes. Que sais-je : plus de prêtres par exemple, et que des prêtres saints bien sûr. Une communauté paroissiale parfaitement unie et fraternelle, sans tensions ni conflits. Et on se trouve en réalité en présence d’une Église pauvre, en manque de prêtres, avec même des prêtres qui se révèlent des contre-témoignages, et confronté à des communautés en bute les unes contre les autres. Et puis on doute, on désespère. On se dit alors que si on avait vécu au temps de Jésus, avec Jésus en face de nous, Jésus au milieu de nous, au moins cela aurait été plus facile pour croire.
Mais dites-moi, si le seul fait d’avoir été en présence de Jésus avait facilité la foi en son message, pourquoi tant de ses contemporains n’ont-ils pas cru ? Pourquoi ? Il faut voir comme la Parole de Jésus les secoue, les remue, les retourne, les arrache à leurs petites habitudes. Et puis n’oublions pas, même en Jésus, Dieu est comme un Dieu caché. Partout Dieu est un Dieu caché. À vrai dire, il n’est pas donné à l’homme de communiquer directement avec Dieu. Sa sainteté est trop grande, le choc serait trop violent. On en mourrait. « Personne ne peut voir Dieu sans mourir », dit le livre de l’Exode. Et donc ce que nous dit Jésus aujourd’hui, c’est que si nous voulons voir le visage de Dieu, c’est d’abord en tout être humain que nous devons le voir.
Dieu est présent en tout homme et en toute femme, en tout enfant et en tout être humain, même le riche, même le pouilleux, même l’autochtone, même le touriste, même l’athée, même l’anticlérical, et même les Roms ! Ne soyons pas comme le riche de la parabole qui n’a pas su voir le pauvre à sa porte. Oui, Dieu est présent parmi nous, à notre porte, à notre portée, même dans le Guillestrois. Il est là. Sachons le voir et le reconnaître.
Mon cher Félix, au nom de la mission qui m’a été donnée, je vous confie cette portion du peuple de Dieu qui réside sur ce doyenné. Et à vous frères et sœurs, je confie le Père Félix. Prenez soin de lui comme il prendra soin de vous.
+ Jean-Michel di FALCO LÉANDRI
Évêque de GAP et d’Embrun
Messe d’installation à Vallouise
Les curés sur le doyenné du Briançonnais
Père Bertrand Gournay, curé et doyen 1 square Julien Merle |
Père Victorien Razanamparany, curé |
Autres prêtres en responsabilité pastorale
Père Sami El Hayek, prêtre au service des paroisses ayant comme curé 9 rue Pasteur
Père André Girier, prêtre au service 49 Route de Grenoble |
Père Nelson Da Costa, prêtre au service des paroisses ayant comme curé 1 square Julien Merle
Père Jean-Liset Randriamanantenasoa, Presbytère |
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Homélie
La partie centrale de l’homélie se rapportant à l’évangile du jour était semblable à celle donnée à Guillestre. Voici donc ci-dessous ce qui était propre :
Me voici ce soir parmi vous pour installer le Père Victorien comme curé de Vallouise, Puy-Saint-Vincent, L’Argentière-la-Bessée, Les Vigneaux, Pelvoux, La Roche-de-Rame, Champcella et Freissinières. Installer, c’est le terme prévu par l’Église pour cette célébration d’accueil d’un nouveau pasteur. Mais vous le savez, toute la vie du prêtre est de ne jamais s’installer… Il est l’homme de passage, toujours prêt à aller vers ceux que le Seigneur et son Église placent sur son chemin et lui confient. C’est bien ainsi qu’a agi le Père Victorien lorsqu’à Madagascar son évêque lui a demandé d’aller en France pour renforcer le presbyterium du diocèse de Gap et d’Embrun.
Je le remercie vivement, ainsi que son confrère le Père Jean-Liset, d’avoir accepté de nous rejoindre et de se mettre au service des paroisses déjà citées. J’ai la chance de connaître votre beau pays et je peux ainsi imaginer ce que représente pour vous de le quitter, de quitter vos familles, vos amis pour venir servir l’Église qui est dans les Hautes-Alpes. Vous nous apportez la richesse de votre culture et vous aurez à découvrir la nôtre. Je suis certain que les habitants de ces paroisses sauront vous aider à connaître ce qu’est la vie de ces communes dans lesquelles le tourisme notamment est particulièrement important. Ils vous aideront à vous enraciner chez eux pour que cette terre devienne aussi la vôtre et que vous vous sentiez chez vous.
[…]
Cher Père Victorien, au nom de la mission qui m’a été donnée, je vous confie cette portion du peuple de Dieu qui réside sur ce doyenné. Et à vous, frères et sœurs, je confie les pères Victorien et Jean-Liset. Prenez soin d’eux comme ils prendront soin de vous.
+ Jean-Michel di FALCO LÉANDRI
Évêque de GAP et d’Embrun
