Fête de l’Epiphanie 2023 à Embrun – Replay

La messe du dimanche de l’Epiphanie 8 janvier 2023 a été présidée par Mgr Bruno Grua, évêque émérite de Saint Flour et ancien vicaire général de Digne, en présence de Mgr Xavier Malle et du curé d’Embrun, André Bernardi (retrouvez son mot d’accueil en bas d’article).

Replay audio de l’homélie de Mgr Grua

(tendre l’oreille !)

Texte de l’homélie de Mgr Bruno Grua

Epiphanie Embrun 230108

Je voudrais relire avec vous, frères et sœurs, ce récit bien connu, surtout ici à Embrun, de la visite des Mages à Bethléem en regardant successivement chacun des personnages principaux pour éclairer la vie de l’Eglise et notre vie chrétienne à chacun.

Jésus. Son nom ouvre le récit. Il est né à Bethléem, la cité du grand roi David. Il ne dit rien. Il ne fait rien mais il est au centre de toutes les attentions, de toutes les réflexions, de toutes les recherches. Il attire à lui. On le cherche pour se prosterner devant lui et donner ainsi sens à sa vie ou au contraire on cherche à l’éliminer pour se protéger. C’est lui que localise l’étoile. C’est lui qui fait la joie de ceux qui le cherchent et le trouvent. L’enfant est là avec Marie, sa mère.  C’est devant lui que, tombant à ses pieds, on se prosterne. Sans doute ce récit de l’évangéliste Matthieu veut-il redire aux chrétiens, ceux d’hier et nous aujourd’hui, la place première, essentielle, centrale qu’ils doivent accorder, que nous devons accorder, à la recherche de Jésus et à sa rencontre, jusque dans sa traduction sacramentelle. Il n’y a rien pour nous de plus important, pas d’autre source de vraie joie. Croire ce n’est pas d’abord adhérer intellectuellement à une philosophie, à une doctrine, c’est rencontrer le Christ et se prosterner de tout son être, de toute sa vie, devant lui. Se le redire peut éclairer l’année qui commence et donner une orientation sûre à notre vie chrétienne.

Et puis, il y a Hérode. C’est un personnage bien connu des historiens. Il a été nommé « Roi des Juifs » par le sénat romain 35 ans plus tôt. Il règne à Jérusalem, dix kilomètres à peine de Bethléem. Il n’est pas juif de naissance. Il ne tient que par la puissance d’occupation. Il n’est pas aimé de son peuple. Aussi a-t-il peur. Il est habité de l’obsession maladive de se voir écarté ou assassiné, comme tous les tyrans d’hier ou d’aujourd’hui. Pour protéger son trône il est prêt à tout. On sait par les historiens qu’il n’a pas hésité à assassiner jusqu’à ses épouses et ses fils pour se maintenir en place. On comprend qu’il s’inquiète lorsqu’il apprend que le roi des juifs vient de naitre et, en fin politique il met en place le piège qui permettra de l’identifier et de le supprimer. Il réunit les grands prêtres et les scribes, les plus hautes autorités du judaïsme, les interprètes reconnus des Ecritures Saintes pour leur demander où devait naitre le Christ. Il confronte leur réponse traditionnelle avec l’observation des Mages et les renvoie se renseigner avec précision sur l’enfant.

Pour trouver le Christ, hier, aujourd’hui, la lecture des Ecritures est un chemin incontournable. Qui veut connaitre le Christ doit le chercher dans les Ecritures. C’est là qu’il se révèle, qu’il se donne à reconnaitre.

Et Matthieu invite ici les chrétiens, ceux d’hier et d’aujourd’hui à lire, à méditer les Ecritures pour y rencontrer le Christ. C’est l’un des refrains de son Evangile. Entendons-le.

Mais pour autant on ne lit pas les Ecritures comme un guide par question et réponse. La question posée par Hérode semble documentaire. Lire l’Ecriture engage à en prendre le chemin. Hérode consulte les Ecritures pour conforter sa propre vision des choses et confirmer ses funestes projets. Il utilise l’Ecriture au lieu de se laisser conduire par elle. Les grands prêtres et les scribes eux-mêmes, pour exacte que soit leur réponse, ne semblent pas laisser beaucoup de place dans leur lecture au questionnement, au cheminement, à la foi. De l’Ecriture ils se sont fait propriétaires et ils l’écoutent dans la mesure où elle vient conforter leur propre vision. Ce sera souvent l’occasion de conflits violents entre Jésus et les Pharisiens et ils conduiront Jésus jusqu’à sa passion. Ce sera aussi la situation étonnante de l’Eglise, telle que la connaitra Mathieu, souvent rejetée par les juifs (cela demanderait des développements) et rejointe par les païens.

Paradoxalement la Parole échoue à se faire entendre de ceux dont elle est théoriquement la plus proche, la mieux connue. Il faut apprendre à l’accueillir avec un cœur vraiment ouvert, disponible, toujours prêt à l’entendre même lorsqu’elle nous déplace, nous dérange. C’est l’un des fruits de l’Esprit-Saint, l’Esprit d’intelligence, de nous garder ouverts pour que l’Ecriture reste toujours pour nous, à la lumière du Christ, une Parole de Dieu.

Enfin, il y a les Mages venus d’Orient. Nous ne savons pas bien qui ils sont. C’est l’imagination populaire qui en a fait des rois. Mi-savants, mi-magiciens, les mages de l’antiquité pratiquaient la divination, la médecine, l’astrologie, interprétaient les songes. Ces pratiques sont bien éloignées de la foi d’Israël. Ce sont donc des païens. Ils suivent, dans leur recherche, la voix de leur culture, de leur raison, de leur conscience. Ils reçoivent d’Hérode, quel paradoxe, la révélation d’Israël. Ce sont des gens qui bougent, qui cherchent, avec des moments de lumière lorsque l’étoile semble les guider, d’autres où ils paraissent laissés à eux-mêmes, comme nous parfois. Les présents qu’ils apportent sont déjà le signe le leur reconnaissance dans la foi et du don de leur vie. « Personne ne vient à moi, dira Jésus si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ».

L’Eglise est toute étonnée d’accueillir ainsi des hommes et des femmes qu’elle n’a pas vu venir, que rien ne semblait prédisposer à une telle démarche. Ils viennent de loin. C’est sans doute l’un des plus beaux cadeaux que Dieu fait à notre Eglise aujourd’hui. Je pense en particulier aux catéchumènes ou aux recommencants dont la foi nous émerveille et nous surprend. D’où viennent-ils et par quels chemins ? Ils ont vu une étoile, peut-être l’ont-ils perdue de vue et retrouvée et ils la suivent jusqu’à se prosterner devant Jésus. L’Eglise est cette communion d’hommes et de femmes que Dieu appelle, gratuitement, qu’il met en route et qui apprennent à croire. Venus de tous horizons, de toutes cultures, par les chemins les plus improbables. Jésus, le roi des juifs, est le Seigneur de tous parce que Dieu est le Père de tous. Il parle au cœur de tous. Il fait la joie de tous.

Et puis Marie, tout juste nommée dans ce récit, proche de Jésus comme le sera l’Eglise. Présente mais effacée. Ce n’est pas devant elle mais devant l’enfant que les mages se prosternent. Souligner cela ce n’est pas la méconnaitre. C’est ainsi qu’elle souhaite être vénérée.

Epiphanie, cela signifie révélation. Aujourd’hui, accueillant les mages, le Christ se révèle comme le Seigneur de tous. « Toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus par l’annonce de l’Evangile ». Et cela ouvre à l’Eglise, jusqu’à la fin des temps, l’espace de sa mission.

Mot d’accueil du curé : andre bernardi

C’est toujours une joie de nous retrouver en communauté de paroisses pour des évènements importants. Cette fête de l’Epiphanie fait partie de ces moments-là.
Nous prenons place dans cette foule de pèlerins, de visiteurs de toutes conditions – des rois jusqu’aux plus humbles des croyants – qui, depuis des siècles sont venus se recueillir, prier, demander des grâces à Notre Dame du Réal.
Ce lieu historique est notre lieu de célébrations qui ponctuent la vie des croyants, qui les accompagnent dans les différentes étapes de leur vie, les joyeuses et les tristes. Les chants, la musique, les prières résonnent bien dans cette magnifique cathédrale qui fait toujours l’admiration de celles et de ceux qui y viennent.
En ce dimanche de l’Epiphanie, nous sommes rassemblés autour de notre évêque, Mgr Xavier Malle qui, selon une tradition bien établie, a invité un confrère : Mgr Bruno Grua, en retraite dans les Alpes de Haute Provence, où il a vécu son ministère de prêtre avant d’être appelé comme évêque de Saint Flour, dans le Cantal.
Bruno, je suis très heureux de t’accueillir car nous nous connaissons depuis très longtemps. Evoquer cette époque où tu venais au Séminaire de Marseille nous rajeunit et fait revivre beaucoup de souvenirs.
Mais, ce qui est le plus drôle c’est que Bruno est aussi un homme du 18 juin, un an avant moi. Ce qui est encore plus remarquable, c’est qu’il a été ordonné évêque un 18 juin … ça c’est encore mieux… que voilà des points de repère mémorables !
Nous sommes maintenant prêts à entrer dans cette messe de fête, et à nous laisser guider par l’étoile vers l’Enfant-Roi, le prince de la paix, l’Emmanuel et le Sauveur.

Père Bernardi

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