« Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. » Voyez cet aller-retour entre la prière personnelle de Jésus et sa mission d’enseigner au temple. Frères et sœurs, Jésus priait ! (…)
« Frères, tous les avantages que j’avais autrefois, je les considère comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ »
Saint Paul écrit cela aux habitants de la ville de Philippe en Grèce. Effectivement, Paul était citoyen Romain, et à ce titre il avait beaucoup d’avantages. Pourtant il les considère comme des riens, des ordures, car il a trouvé le secret de la vie en plénitude : connaître Jésus-Christ.
C’est ce que vient de dire le Pape François aux jeunes du monde entier dans un texte publié cette semaine, l’exhortation apostolique après le synode sur les jeunes, le discernement et la vocation. Le titre de ce texte, adressé directement aux jeunes, en latin, Christus vivit, vient comme toujours pour les textes des papes, des premiers mots du texte : « Il vit, le Christ, notre espérance et il est la plus belle jeunesse de ce monde. Tout ce qu’il touche devient jeune, devient nouveau, se remplit de vie. Les premières paroles que je voudrais adresser à chacun des jeunes chrétiens sont donc : Il vit et il te veut vivant ! ».
Dans la 1ère lecture, au 6èmes siècle avant JC, alors que le Peuple hébreu est déporté à Babylone, au bout du rouleau, le prophète Isaïe relève le moral du peuple en disant : « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. »
Jésus dira « Je suis le chemin, la vérité, la vie. » Oui, frères et sœurs, ce chemin qui nous sauve du désespoir, ce chemin qui nous sauve de la mort éternelle, c’est Jésus.
Saint Paul ajoutait aux habitants de Philippe : « Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection »
Cette puissance de la Résurrection, la femme adultère l’a expérimenté.
Parenthèse sur le début de cet évangile : « Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. » Voyez cet aller-retour entre la prière personnelle de Jésus et sa mission d’enseigner au temple. Frères et sœurs, Jésus priait ! Et nous ? Saint Isidore de Séville, que nous avons fêté cette semaine a écrit quelques sentences éclairantes pour notre vie spirituelle.
« – La prière nous purifie, la lecture nous instruit. Si nous pouvons faire les deux, c’est bien. Si nous ne le pouvons pas, la prière vaut mieux que la lecture. – Celui qui veut être toujours avec Dieu doit prier fréquemment et lire fréquemment. Car lorsque nous prions, c’est nous qui parlons avec Dieu ; et lorsque nous lisons, c’est Dieu qui parle avec nous. – Tout progrès vient de la lecture et de la méditation. Ce que nous ignorions, nous l’apprenons par la lecture ; ce que nous avons appris, nous le conservons par la méditation. – La lecture des Saintes Écritures procure un double don : d’une part, elle forme l’intelligence ; d’autre part, elle détache l’homme des vanités du monde et le conduit à aimer Dieu. » Fin des citations des sentences de st Isidore
Est-ce que nous arrivons à prendre ce temps quotidien de prière personnelle, différent de la prière rapide du matin ou du soir. Aujourd’hui nos contemporains vont chercher des méditations dans les méthodes orientales. Mais la prière chrétienne, y pensons-nous ? Cela s’apprends à prier. Cela s’expérimente. Vous avez des livrets, faciles ou des applications chrétiennes sur vos téléphones portables pour cela. Prenez la parole de Dieu de la messe de chaque jour ! Lisez des livres sur les saints. Profitez de l’adoration permanente offerte ici à Veynes. Le chrétien est un priant. Alors comme dit st Paul, nous obtiendrons ce qui dépasse tout, la connaissance de Jésus. Connaître comme je suis connu de Lui. Co-naître, naître avec.
Jésus priait son Père, et recevait de Lui tout ce dont il avait besoin pour sa mission. Ainsi son attitude étonnante et ses réponses fulgurantes devant la femme adultère. Les scribes veulent lui faire lapider la femme comme la loi de Moïse le prescrivait. Jésus ne dit rien, s’accroupis et écrit par terre. On aimerait savoir ce qu’il a écrit. C’est l’un des vrais mystères de la Bible ! Une question que je lui poserai s’il m’accueille auprès de Lui au Paradis ! Puis il a cette parole qui a transpercé le cœur des accusateurs : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » St Jean note la réaction : « Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. »
La suite est un merveilleux dialogue avec la femme pécheresse : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » Il ne diminue pas sa responsabilité, il la relève, la ressuscite, « Va ! Désormais ne pèche plus. » La puissance de la Résurrection.
J’arrive de Lourdes, où nous étions réunis tous les évêques de France. Lourdes, c’est un lieu où les pèlerins expérimentent la puissance de la Résurrection. Certains même dans leur chair, se levant de leur fauteuil roulant où la maladie ou le handicap les avaient cloué. J’en profite pour vous inviter au prochain pèlerinage diocésain début octobre prochain, que vous soyez valide ou porteur de maladie ou de handicap. Marie vous y attend, pour vous transmettre son espérance acquise au pied de la Croix. C’est cette même espérance que je rapporte de Lourdes de notre assemblée des évêques. Oui, nous sommes au pied de la Croix, notre Église de France et plus largement l’Église universelle est au pied de la Croix. Comme a dit le Pape François, Dieu n’abandonne pas son Église, il la purifie. Je suis convaincu que cette cure de purification et d’appauvrissement que nous vivons nous laissera plus libre et plus prophétique pour le monde. Mais à une condition, que chacun d’entre nous s’ancre dans la prière. Dans la confiance en Dieu. Et non en de chimériques réformes de structures.
Je reviens à st Paul avec une parole curieuse : « Certes, je n’ai pas encore obtenu la résurrection d’entre les morts, je n’ai pas encore atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus. » Je n’ai pas été voir quel verbe grec était traduit par ce verbe saisir, mais en français il a deux sens : comprendre ou agripper. Avec st Paul, nous pouvons dire que nous avons été saisis par Dieu, et que nous poursuivons notre route vers la Pâques éternelle, pour tâcher de le saisir, le connaître et nous accrocher à lui ! Amen !