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Homélie du 10 juin 2019 par Mgr Xavier Malle- Marie Mère de l’Eglise, Notre-Dame du Laus – Fête des Jubilaires

A écouter:

 

A lire:

Au sein d’une vigne

J’ai reçu le jour

Ma mère était digne

De tout mon amour

Depuis ma naissance

Elle m’a nourri

Par reconnaissance

Mon cœur la chérit

Vous avez reconnu le premier couplet de la chanson «et je suis fier d’être bourguignon». Son auteur ne se doutait sans doute pas qu’il fut un grand théologien permettant d’approfondir le sens de la fête de ce jour !

Cette nouvelle fête de Marie mère de l’Eglise, le pape François nous en a fait le cadeau en 2018 en la fixant au lundi de Pentecôte, car Marie a commencé sa mission maternelle de l’Eglise au cénacle, priant avec les Apôtres dans l’attente de la venue de l’Esprit Saint. La maternité de Marie a culminé à la Croix. « La Mère en effet – je cite le décret d’érection de la fête- , (la Mère) qui était près de la croix, accepta le testament d’amour de son Fils et accueillit tous les hommes, personnifiés par le disciple bien-aimé, comme les enfants qui doivent renaître à la vie divine, devenant ainsi la tendre mère de l’Eglise que le Christ a générée sur la croix, quand il rendait l’Esprit. A son tour, dans le disciple bien-aimé, le Christ choisit tous les disciples comme vicaires de son amour envers la Mère, la leur confiant afin qu’ils l’accueillent avec affection filiale.»

Cette année, je voudrais insister sur le début de notre évangile : «près de la croix de Jésus se tenait sa mère», se tenait sa mère, en latin, STABAT MATER.

C’est aussi le titre d’une prière, une séquence, composée au 13ème siècle par un franciscain italien, Jacopone da Todi, dont on peut traduire le début par « En douleur, la Mère était là… » ou « Debout se tenait la Mère Douloureuse…»

Oui, en douleur, douloureuse, éplorée, et qui ne le serait pas au pied de la croix où un fils agonise.  Elle vit sans doute, la nuit de la foi la plus profonde de l’histoire de l’humanité, selon l’expression de st Jean-Paul II dans son encyclique Redemptoris Mater (§18). Mais elle est présente et debout. Stabat. Loin de s’évanouir, de tomber en pâmoison comme certains peintres ou films la représentent. Par sa foi, dans la nuit même de la foi, la Mère participe à la mort de son Fils, à sa mort rédemptrice.

Présente et debout, car elle a déjà reçu le don de force, don du St Esprit à l’Annonciation : «L’Esprit Saint viendra sur toi.»

Debout, car son instinct maternel fait que sa compassion ne se clôt pas sur sa propre douleur, mais est toute entière active et maternelle. Elle est vraiment mère. Un bibliste relève que le mot mère revient 6 fois en trois versets, décliné de façon à montrer l’extension de cette maternité, puisque l’évangéliste saint Jean parle de SA mère, TA mère, et même LA mère, expression en grec sans pronom possessif.

Oui, Marie est la mère de l’Eglise. Marie est la mère de l’Eglise alors même que l’Eglise vit des temps douloureux.

L’Eglise est atteinte de l’intérieur, par le péché grave d’abus en tout genre de la part de certains de ses membres. Elle est aussi atteinte de l’extérieur par la persécution. Le nombre de martyrs chrétiens ne cesse d’augmenter en Afrique et au Moyen Orient.

En douleur, la Mère de l’Eglise est là…

Et elle fait comme toutes les mères : elle engendre, elle soigne et elle réunit ses enfants.

Elle engendre. Marie engendre, l’Eglise engendre, même et surtout en temps de crise. Comme Marie a engendré Jésus, l’Eglise engendre des chrétiens par le Baptême. «Au sein d’une vigne dit la chanson bourguignonne – la vigne c’est l’Eglise – J’ai reçu le jour. Ma mère était digne de tout mon amour.» Nous sommes émerveillés des nouveaux chrétiens adultes de la nuit de Pâques, des nouveaux baptisés de chaque semaine. Nous sommes émerveillés des jeunes qui entrent au séminaire ou noviciat, des fiancés qui se disent oui devant Dieu. L’Eglise continue d’engendrer, Marie mère de l’Eglise continue d’engendrer.

Elle soigne. L’une d’entre vous m’a confié il y a eu de temps son témoignage : «Je suis arrivée au sanctuaire ND du Laus détruite. Puis je suis entrée dans la Basilique, j’y ai senti les bonnes odeurs, et j’ai compris que je n’étais pas seule.» « Debout se tenait la Mère Douloureuse…»

«Depuis ma naissance – Elle m’a nourri – Par reconnaissance – Mon cœur la chérit ». Oui, Marie est bien présente.

Elle rassemble ses enfants. C’est ce qu’elle fait ici au sanctuaire Notre-Dame du Laus. C’est ce qu’elle fait aujourd’hui en vous rassemblant, vous qui célébrez un jubilé de mariage, d’ordination sacerdotale ou de consécration religieuse.

« J’ai compris que je n’étais pas seule. » Chers amis jubilaires, vous pourriez aussi en témoigner. Je vous invite à un instant de silence pour en faire mémoire. Quand avez vous senti que vous n’étiez pas seul, que la Mère de Jésus était là, que la mère de l’Eglise était là ?

Quand avez vous senti que vous n’étiez pas seul pour l’aventure de la vie conjugale et familiale ?

Quand avez vous senti que vous n’étiez pas seul pour l’aventure de la vie sacerdotale ?

Quand avez vous senti que vous n’étiez pas seul pour l’aventure de la vie consacrée ?

(SILENCE)

Oui, parfois, «en douleur, la Mère était là» ! Debout, éplorée, mais debout et vous soutenant.

Alors ce matin, nous avons le coeur plein de reconnaissance pour la Mère de l’Eglise. Nous avons été confié à elle à la Croix, et elle a été confiée à nous.

Renouvelons  notre accueil de Marie dans nos vies, renouvelons notre affection filiale pour Marie.

Au sein d’une vigne

J’ai reçu le jour

Ma mère était digne

De tout mon amour

Depuis ma naissance

Elle m’a nourri

Par reconnaissance

Mon cœur la chérit

Et je suis fier d’être baptisé !

Amen !

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Cet article a été rédigé par le service communication du diocèse de Gap.