« Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! »
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« Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! » s’exclame le psalmiste au psaume 117 dont nous avons entendu d’autres versets.
Ce dimanche de Pâques est le jour des jours ! Le bienheureux John Henry Newman dit que pour en prendre conscience il faut le répéter encore et encore, avec un grand respect et une grande joie. « Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! » Comme les enfants disent : « Voici le printemps » ou « Voici la mer », pour essayer d’en saisir l’idée. Voici le jour parmi les jours, le jour où le Christ est ressuscité des morts, le jour qui nous apporte le salut.
C’est une joie et une joie à transmettre. Je vais développer ces deux aspects.
I. C’est une joie.
Jésus serviteur a été le fil rouge de mes homélies de ce triduum pascal à la cathédrale de Gap, que vous pouvez retrouver sur internet : Jésus serviteur nous lavant les pieds le jeudi saint, serviteur portant le poids de nos fardeaux le vendredi saint, et en ce jour de Pâques, serviteur de notre joie.
Dans son exhortation aux jeunes, Il vit le Christ, Christus Vivit, suite au synode romain, le pape François s’adresse ainsi au § 104 en tutoyant son jeune lecteur : « Je te rappelle la bonne nouvelle que le matin de la Résurrection nous a offert : à savoir qu’il y a une issue à toutes les situations douloureuses. »
Car au sommet de toute l’histoire de l’humanité, il y a Pâques, l’annonce que Jésus est ressuscité, par deux hommes en habit éblouissant aux saintes femmes, selon l’évangile de Luc que nous avons entendu cette nuit. Elles étaient venues pour faire la toilette mortuaire du cadavre de Jésus, ce qu’elles n’avaient pu encore faire à cause du Shabbat et elles reçoivent ce message de la part des envoyés de Dieu : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. »
C’est l’expérience des saintes femmes, qui vont rapporter ce qu’elles ont vu, un tombeau vide, aux apôtres, comme si elles n’osaient pas encore croire à cette joie, à la Résurrection. A leur tour, les apôtres courent au tombeau, pour vérifier. Jean le plus jeune court plus vite, et s’il laisse entrer Pierre, le chef des apôtres et l’ancien, il rapportera lui-même dans son évangile qu’il fut le premier à croire : Il vit les linges et le suaire, et il crut. Car jusque-là les disciples n’avaient pas compris qu’il fallait selon les Écritures que Jésus ressuscite. Alors on imagine la joie de Jean, puis de tous les autres apôtres, des saintes femmes, des disciples, et bien sûr de Marie. C’est la joie des joies. La mort a été vaincue, le Christ est vivant.
Le pape l’exprime au § 1 de son exhortation suite au Synode des jeunes : « Il vit le Christ, notre espérance et il est la plus belle jeunesse du monde. Tout ce qu’il touche devient jeune, devient nouveau, se remplit de vie. Les premières paroles que je voudrais adresser à chacun des jeunes chrétiens sont donc : Il vit et il te veut vivant ! »
Le pape le développe au §124 en détaillant le titre de son exhortation : « Il vit le Christ », Christus vivit. « Il vit ! Il faut le rappeler souvent, parce que nous courons le risque de prendre Jésus-Christ seulement comme un bon exemple du passé, comme un souvenir, comme quelqu’un qui nous a sauvé il y a deux mille ans. Cela ne nous servirait à rien, cela … ne nous libérerait pas… »
Ensuite il développe deux conséquences :
– « S’il vit, alors il pourra être présent dans ta vie à chaque instant, pour la remplir de lumière… Il n’y aura ainsi plus jamais de solitude, ni d’abandon… » Un peu plus loin le pape développe un magnifique § sur l’amitié alors possible avec Jésus.
– S’il vit, c’est qu’ « Il a vaincu. Le mal n’a pas le dernier mot. Dans ta vie, le mal non plus n’aura pas le dernier mot… Ton sauveur vit. » Il ajoute cette formule : Jésus est l’éternel vivant. Accroché à lui, nous vivrons et traverserons toutes les formes de mort et de violence… »
Cette même joie, le pape François l’exprimait aussi au début de sa première encyclique la Joie de l’Evangile : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. »
II. Une joie à transmettre
A notre tour, à la suite des apôtres, soyons serviteur de cette joie, transmettons cette annonce de la Résurrection.
Ce que saint Jean a été pour St Pïerre et les autres apôtres, eux aussi le seront pour le monde de leur temps. Nous en avons un bel exemple dans le livre des actes des apôtres, notre première lecture. Poussé par l’Esprit, Pierre se rend à l’invitation du centurion romain Corneille, à Césarée. Pierre, le juif convaincu, entre chez un païen et lui annonce la bonne nouvelle de la Résurrection. Il lui annonce ce qu’on appellera ensuite le kérygme, l’annnonce fondamentale des chrétiens au monde : « Jésus de Nazareth faisait le bien et guérissait car Dieu était avec Lui… Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester à des témoins, à nous… Dieu nous a chargé d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même à établi Jésus juge des vivants et des mors. »
Le pape insiste dans son message aux jeunes §214 : « Rien n’est plus solide que le kerygme, plus profond, plus sûr, plus dense et plus sage que cette annonce ». Car cette annonce du kerygme, « Jésus a donné sa vie pour toi, il t’aime, il est vivant », invite à la joyeuse expérience de la rencontre avec le Seigneur. « A l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un évènement (la résurrection), avec une Personne (Jésus ressuscité-, qui donne à la vie un nouvel horizon. » (Benoît XVI cité par François CV §129).
Dans l’évangile, nous avons vu st Jean courir. Le pape François termine magnifiquement son exhortation aux jeunes par une invitation à courir : « Chers jeunes, je serai heureux en vous voyant courir plus vite qu’en vous voyant lents et peureux. Courez, attirés par ce Visage tant aimé, que nous adorons dans la sainte Eucharistie et que nous reconnaissons dans la chair de notre frère qui souffre. Que l’Esprit Saint vous pousse dans cette course en avant. L’Eglise a besoin de votre élan, de vos intuitions, de votre foi. Nous en avons besoin ! Et quand vous arriverez là où nous ne sommes pas encore arrivés, ayez la patience de nous attendre. »
Frères et soeurs, c’est cette joie que le Christ à la suite de Pierre et des apôtres nous donnent mission d’annoncer au monde en courant ! Il y a comme une urgence. « Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! »
Devenons des disciples missionnaires de la joie de la Résurrection. Il vit le christ, Christus vivit !
Amen !