« 20 ans, habituellement c’est un anniversaire plein de promesse. Mais aujourd’hui nous avons le cœur plein de tristesse en commémorant cette catastrophe qui a pris la vie de tant de nos parents et amis.
Le temps n’apaise pas la douleur, elle reste là, tapie au fond de notre cœur ; elle ressort à la lecture d’un article de journal, à l’approche de la date anniversaire chaque année.
Devant ce scandale de la mort et de la souffrance, nous ne pouvons que nous manifester de l’amitié, et il nous est bon d’être ensemble ce matin.
Chrétiens, nous regardons, nous écoutons Jésus. Et ce matin, la Paroisse a choisi de nous présenter ce texte de l’évangile de saint Jean, véritable discours d’adieu de Jésus après son dernier repas.
Jésus connaît la souffrance et l’angoisse de ses disciples :
«Que votre cœur ne soit pas bouleversé – il vient d’annoncer sa mort prochaine – : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.» Voilà le but, la maison de son Père, image pour parler du coeur de Dieu, du paradis, de la compagnie de Dieu, être avec Dieu pour l’éternité. Un peu plus tard, Jésus a dit : «La vie éternelle, c’est de te connaître, toi le seul vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ» (Jn 17,3).
Jean Vannier, fondateur de l’oeuvre L’Arche, pour adultes handicapés, qui vient de décéder, commentait ainsi ce passage «Quelle attention, quelle délicatesse ! Quelle bonté ! Les mots de Jésus annoncent que lors de son retour il nous embrassera longuement, avec infiniment d’amour.» ( Jean Vanier, Entrer dans le mystère de Jésus, une lecture de l’évangile de Jean, Paris 2004, p. 264) Jésus nous a préparé une place. Il y a non seulement de la place, mais il y a une place, personnelle, unique, magnifique auprès de Dieu. Et pour décrire notre présence en Dieu, Isaïe, notre première lecture, nous offre sa prophétie du festin de «viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés» sur la montagne».
Il ajoute aussi une promesse magnifique qui nous touche dans cette vallée et qui peut porter notre espérance : «Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. Le Seigneur a parlé.» Oui, nous le reconnaissons, seul Dieu peut nous redonner l’espérance. Nous lui demandons humblement ce cadeau en cet anniversaire.
Dans l’évangile, Jésus indique à ses disciples le chemin : « Pour aller où je vais, vous savez le chemin. »
Thomas avoue avec simplicité son ignorance : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi.»
Le chemin du Père, c’est Jésus. L’échelle vers le Ciel, vers le bonheur éternel, vers le Paradis, c’est la Croix de Jésus, avec ses deux dimensions, la dimension verticale, c’est notre chemin d’intériorité, de prière ; et la dimension horizontale, c’est notre fraternité humaine, c’est notre présence ce matin ensemble. Oui, ce matin notre messe réunit les deux dimensions de la Croix, la fraternité entre nous et la prière vers le Ciel.
Alors reprenons Isaïe : «Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! »
Chers paroissiens du Dévoluy, chère familles des victimes, soyez assurés de notre amitié, de notre prière, de notre proximité. Par l’humble ministère épiscopal qui m’est confié, c’est la présence et la prière de tous les chrétiens des Hautes-Alpes qui vous est signifiée. Ensemble, nous prions pour que nos défunts avancent sur leur chemin en Dieu. Ensemble, nous prions pour nous même, que notre espérance soit plus forte que notre tristesse.
Amen. »