Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
A écouter:
Photo : La Résurrection, par le Douanier Rousseau (cathédrale d’Embrun)
A lire:
« Exultez de joie, multitude des anges, exultez, serviteurs de Dieu. Sonnez cette heure triomphale et la victoire d’un si grand roi. » Ainsi a commencé le chant de l’exultet, l’annonce de la Pâques, si bien interprété par mr le Curé, nous interpellant comme des serviteurs de Dieu.
Jésus serviteur a été le fil rouge de mes homélies de ce triduum pascal, serviteur nous lavant les pieds le jeudi saint, serviteur portant le poids de nos fardeaux le vendredi saint, et en cette sainte nuit de Pâques, serviteur de notre joie.
Une joie qui vient de la nuit des temps, la joie de la nuit de Pâques, une joie que nous actualisons cette nuit ; je vais reprendre ces trois points.
I. Cette joie vient de la nuit des temps.
Il est bon d’avoir médité les plus grands textes de la Bible, la parole de Dieu.
En Gn chapitre 1, le refrain est « Dieu vit ce qu’il avait fait, cela était très bon. » Il y a une joie à entendre ce poème de la Création.
Mais très rapidement, en Gn 3, arriva la chute, le péché originel, sous l’influence du serpent, représentation du diable, abîmant la création et rompant cette alliance originale entre Dieu et sa création. Toute la Bible est ensuite le récit de la reconquête de l’homme par Dieu. Sans cesse Dieu re-propose son Alliance et nous avons parcouru quelques grandes étapes :
– L’alliance avec Abraham : Dieu s’est choisi un peuple, et Abraham n’a rien refusé à Dieu, jusqu’à son fils unique Isaac, remplacé au dernier instant par un bélier, et Dieu lui promet une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et le sable au bord des mers.
– L’Alliance avec Moïse, la Pâques, le passage de la Mer Rouge, le Seigneur chassant la mer toute la nuit par un fort vent d’Est, avec ce chant de joie d’Exode 15 : Je chanterai pour le Seigneur, éclatante est sa gloire. Il a jeté dans la mer cheval et cavalier. »
– Puis le temps des prophètes, avec Isaïe et Ezéckiel, temps de l’exil, où Dieu réaffirme son Alliance.
Frères et soeurs, c’est une histoire douloureuse l’histoire de l’humanité. C’est souvent une histoire douloureuse notre propre histoire. Mais c’est surtout une histoire de fidélité de Dieu, plus grande que nos misères.
II. La joie de la nuit de Pâques
Dans son exhortation aux jeunes, Il vit le Christ, Christus Vivit, suite au synode romain, le pape François s’adresse ainsi au § 104 en tutoyant son jeune lecteur : « Je te rappelle la bonne nouvelle que le matin de la Résurrection nous a offert : à savoir qu’il y a une issue à toutes les situations douloureuses. »
Car au sommet de toute l’histoire de l’humanité, il y a la nuit de Pâques, l’annonce que Jésus est ressuscité, par deux hommes en habit éblouissant aux saintes femmes. Elles étaient venues pour faire la toilette mortuaire du cadavre de Jésus, ce qu’elles n’avaient pu encore faire à cause du Shabbat et elles reçoivent ce message de la part des envoyés de Dieu : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. »
Le pape l’exprime au § 1 de son exhortation : « Il vit le Christ, notre espérance et il est la plus belle jeunesse du monde. Tout ce qu’il touche devient jeune, devient nouveau, se remplit de vie. Les premières paroles que je voudrais adresser à chacun des jeunes chrétiens sont donc : Il vit et il te veut vivant ! »
III. Une joie que nous actualisons cette nuit
Il te veux vivant le Vivant ! C’est l’appel que certains d’entre nous ont reçu depuis plusieurs années, et ils ont demandé le baptême et la Confirmation. C’est une joie de vous partager notre joie de croire. C’est une joie de vous accueillir dans notre église.
C’est aussi ce que nous allons vivre nous les anciens baptisés, la rénovation de notre foi baptismale.
C’est comme si nous actualisions la page de notre baptême, pour employer une image informatique.
Comme je dirai avant cette rénovation : « par le mystère pascal, nous avons été mis au tombeau avec le Christ dans le baptême, afin qu’avec lui nous vivions d’une vie nouvelle. »
L’eau, nous le savons ici dans les Hautes-Alpes comme en bien des endroits sur terre, est un symbole ambivalent, de mort, quand la Durance débordait avant le barrage, ou quand elle vient à manquer, et symbole de vie, quand elle tombe à sa juste mesure. Baptiser, c’est le verbe en grec plonger. Plonger dans l’eau, dans la mort du Christ, pour ressusciter, respirer la vie du Christ à plein poumons.
Ce don de la vie éternelle, chaque année, nous faisons le choix de le réaffirmer, de l’actualiser, de le rafraîchir, par ces deux mots répétés : « Nous croyons. »
Cet acte de foi nous remplit de joie, de la même joie que les saintes femmes devant le tombeau vide. C’est cette joie que le pape François exprimait aussi au début de son encyclique la joie de l’Evangile : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. »
Oui, le vivant est vraiment le serviteur de notre joie.
Amen !