Avant toute chose, je remercie à mon tour
Habituellement, l’Eglise ne fête la naissance de ses enfants qu’au jour anniversaire de leur mort appelée leur « vraie naissance au ciel ». Elle fait cependant trois exceptions : la première pour le Seigneur Jésus-Christ ; la deuxième pour sa Mère,
Pourquoi ces exceptions, me suis-je demandé ? Sans doute parce que ces trois naissances sont celles qui expriment le mieux la bonté de Dieu et la gratuité de son amour. Celles aussi qui permettent le mieux de percevoir que c’est Dieu seul qui prend l’initiative de nous aimer, sans aucun mérite de notre part.
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » dit Saint Jean. Et l’Apôtre Paul ajoute qu’alors que nous étions encore pécheurs et donc ses ennemis, Dieu nous a livré son propre fils.
Pour nous faire connaître son amour, Dieu s’est fait l’un d’entre nous, en la personne de son Fils Jésus-Christ : le « Verbe » s’est fait chair. Mais pour devenir véritablement homme, il lui a fallu naître d’une femme. Et cette femme, c’est
En cette fête de
Dans son évangile, Matthieu insiste sur le fait que Marie ait été enceinte avant d’avoir cohabité avec Joseph, son fiancé. « L’enfant n’a pas été conçu par Joseph » nous dit-il. « Il a été engendré par l’Esprit Saint ». Une telle insistance n’a pour seul objectif que de montrer une fois de plus, que l’initiative du salut vient de Dieu seul et non d’un désir humain.
C’est encore Dieu qui donnera son nom à l’enfant à naître
Marie est née et a vécu pour porter cette Bonne Nouvelle au monde : le Seigneur est avec nous pour nous sauver. Il est au cœur de notre existence humaine, il vit avec nous, partageant nos joies et nos peines il s’identifie même à nous pour nous révéler le vrai sens de notre vie et nous garder de la vraie mort. En dehors de lui, il n’y a pas de salut.
Ce message,
Déjà, aux noces de Cana, lorsque le vin se faisait rare, elle avait dit aux serviteurs, pour les tirer de l’embarras : « Allez à mon Fils et faites tout ce qu’il vous dira. » Aujourd’hui encore, à l’humanité empêtrée dans d’inextricables difficultés elle dit : « Convertissez-vous » ce qui signifie : faites un demi tour sur vous-mêmes, cessez de tourner le dos à mon Fils, allez à lui avec confiance, écoutez-le et faites ce qu’il vous dira. »
Mais le monde est dur d’oreilles. D’autant plus fermé à ce message que grisé par sa science, ses connaissances, ses techniques et ses richesses de toute sorte, l’homme prétend être assez grand pour assurer tout seul son salut. Se croyant devenu adulte, il refuse toute référence au Père des cieux. L’autonomie du temporel est devenue synonyme d’indépendance totale à l’égard de Dieu. La laïcité est vécue comme l’absence de toute référence religieuse. La loi naturelle elle-même est remise en cause si elle évoque une intelligence suprême. Car l’homme se veut l’auteur et le maître de sa propre vie dont il se croit l’unique propriétaire. Et pour être heureux l’homme s’invente continuellement des « saluts » qui en définitive sont pour lui autant de rochers de Sisyphe.
La Vierge Marie nous redit ici, au Laus, comme ailleurs : Il n’y a pas de salut en dehors de Jésus-Christ :« Convertissez-vous » « Allez à mon Fils et faites ce qu’il vous dira. »
Et le Fils nous invitera toujours à aimer Dieu, par-dessus tout, de tout notre cœur, de toutes nos forces et de tout notre esprit. Et il ajoutera toujours : « Aimez aussi votre prochain comme vous-même » car on ne peut prétendre aimer Dieu que l’on ne voit pas sans aimer son prochain que l’on voit.
« Tout homme qui aime est né de Dieu » dit Saint Jean. « Tout homme qui aime est passé de la mort à la vie ».
La Vierge Marie est née pour nous aider à naître nous aussi à la vie de Dieu. Elle a aimé Dieu par-dessus tout. « Servante du Seigneur » elle n’a qu’un seul souci :être à notre service pour nous aider à naître à l’amour. Ainsi, à peine a-t-elle dit « OUI » au Seigneur que la voici courant vers les collines voisine, où demeure sa cousine Elisabeth. Elle se met à son service comme simple femme de ménage pour lui venir en aide, car elle est âgée et se trouve à son sixième mois de grossesse. Mais c’est aussi et surtout, pour lui révéler, ainsi qu’à toute sa maisonnée, la grâce d’être aimé de Dieu.
Que
+ Michel Méranville
Archevêque de Fort-de-France