
Pour la solennité de l’Annonciation, célébrée cette année le lundi 9 avril, Mgr Xavier Malle se trouvait à l’abbaye bénédictine de Rosans. Le récit par les sœurs de la communauté et l’homélie de Mgr Xavier Malle :
Compte rendu de la visite
de Mgr Xavier Malle
à Rosans les 8 et 9 avril
Le dimanche de la Miséricorde, aux dernières lueurs de notre fête patronale, couronnée comme chaque année par une Heure sainte de prières, de méditations et de chants, notre communauté a eu la joie d’accueillir Mgr Xavier Malle, qui venait lui-même de présider les célébrations de ce dimanche au Laus.

Dans la soirée Mgr Xavier Malle nous consacre à un temps de rencontre et partage quelques événements récents de la vie du diocèse. Le lendemain, dès les laudes, Monseigneur prend part aux célébrations liturgiques de la fête de l’Annonciation. Dans la matinée il rencontre Madame Josiane Ollivier, maire de Rosans. Assisté de l’aumônier de la communauté, le père Jean-Pierre Herman, il préside la célébration de la messe conventuelle, et au cours de son homélie il souligne l’heureuse disposition du calendrier qui met en valeur providentiellement le lien entre “l’Annonciation et Miséricorde de Dieu, miséricorde envers le peuple élu, envers Marie et envers nous”.
Dans l’après-midi Mgr Xavier Malle nous présente – à la communauté et à nos amis venus pour cette journée – le message de L’Île-Bouchard, introduisant par un rappel historique des événements dramatiques de la France en décembre 1947, le récit (enregistré en DVD) des apparitions donné par la voyante, Jacqueline Aubry, avec beaucoup de fraîcheur et de ferveur, devant un groupe d’enfants. La journée s’achève par la célébration solennelle des vêpres.
La communauté des sœurs bénédictines de Rosans
Homélie de Mgr Xavier Malle
lundi 9 avril 2018
Solennité de l’Annonciation du Seigneur

Neuf mois avant Noël, le 25 mars, l’Église a symboliquement placé la fête de l’Annonciation.
Reportée du 25 mars à ce jour, pour cause de Semaine Saint, l’Annonciation tombe pour nous au lendemain de la fête de la Miséricorde, le second dimanche de Pâques.
Nous comprenons ainsi providentiellement le lien entre l’Annonciation et la miséricorde de Dieu, miséricorde envers le peuple élu, envers Marie et envers nous.
Cette miséricorde envers le peuple élu était annoncée par Isaïe avec sa célèbre prophétie de l’Emmanuel, dont vous devinez qu’elle m’est chère comme prêtre de l’Emmanuel. Quel est le contexte : le roi Acaz a peur, car son voisin l’attaque aux frontières. Le Seigneur l’encourage par le prophète : « Demande pour toi un signe de la part du Seigneur ton Dieu, au fond du séjour des morts ou sur les sommets, là-haut. » C’est-à-dire « demande un signe, où qu’il soit, quel qu’il soit, avec confiance. » Mais Acaz, qui avait déjà le plan de s’allier avec un autre roi païen pour résister à son ennemi, répondit faussement : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. » Alors Dieu par Isaïe relève le mensonge : « Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! »
(Parenthèse, c’est une des répliques divines les plus savoureuses. Oui, on peut fatiguer Dieu au sens figuré !) Isaïe annonce ensuite la grande miséricorde de Dieu, qui va au-devant : « C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, car Dieu est avec nous. » Cette prophétie de l’Emmanuel a été reliée par les premiers chrétiens au Messie, mais bien sûr le premier message qui reste valable a une double signification :
– Le signe de la Vierge qui enfante, signe exceptionnel du don de la Vie. C’est la Vie que Dieu veut transmettre par chacun de nous, quelle que soit d’ailleurs notre vocation. La virginité pour le Seigneur donne la vie au monde.
– Le nom d’Emmanuel : Dieu dit au peuple : « Ayez confiance, je suis avec vous. Pas besoin de vous allier avec les païens. Je suis avec vous et vous finirez par vaincre votre ennemi ».
Cette double signification du signe de l’Emmanuel, nous le retrouvons bien dans le mystère de l’Annonciation. Une Vierge qui enfante et la présence de Dieu.
Vous allez regarder cette après-midi le témoignage de Jacqueline Aubry, et vous remarquerez rapidement que Marie a choisi la scène de l’Annonciation pour apparaître à L’Île-Bouchard en 1947. Cela m’est cher car avant d’être nommé évêque il y a un an, j’étais le curé recteur de L’Île-Bouchard. Vous découvrirez une jeune femme debout, un ange à ses pieds, identifiable à ses ailes et muni d’un lys. On est bien en présence de l’événement de l’Annonciation. Mais avec une différence par rapport aux autres scènes classiques de l’Annonciation : au lieu du livre dans sa main, avec le passage de l’Emmanuel en Isaïe, elle tient la croix de son chapelet dans sa main. Comme un lien entre les deux réalités principales de la vie de Jésus, sa conception et sa mort. « L’Île-Bouchard est, à notre connaissance, dit Jean-Romain Frisch dans son livre L’Île-Bouchard, des messages pour aujourd’hui, le seul lieu où Marie a choisi de se manifester sous l’aspect de la Vierge de l’Annonciation. » Le même auteur propose ensuite trois clefs de lectures parmi tant d’autres possibles :
1/ Qui dit Annonciation dit Esprit Saint. C’est par son action que Marie, prise « sous l’ombre du Très-Haut » va concevoir un fils. Nous sommes dans le temps pascal, jusqu’à la fête de la Pentecôte. Nous pouvons vivre ce temps avec Marie, épouse de l’Esprit Saint.
2/ Le oui de Marie. Vous avez de nombreuses fois médité, admiré, prié ce petit mot de trois lettres, prononcé avec tant de foi et de confiance par notre mère et sœur, la Vierge, avant de le prononcer vous-même le jour de votre profession religieuse. Ce grand oui décisif est suivi par tant de oui quotidiens, renouvelés chaque jour pout nous ajuster à la grâce de Dieu.
La Vierge à L’Île-Bouchard semble « diriger » nos oui de préférence vers l’offrande. C’est la demande de Marie, que j’ai reprise sur mon image d’ordination épiscopale, du baiser au chapelet. Le Oui de l’Annonciation conduit au Oui de la Croix. Nous venons de le revivre Vendredi Saint. À notre tour, « Marie nous invite à emprunter la voie du oui dans les épreuves, du oui à l’offrande, qui seule nous libérera, nous apportera la paix et pourra rendre nos souffrances, librement acceptées et livrées, spirituellement fécondes. »
3/ La troisième piste de réflexion vient de la suite du dialogue avec l’Ange, quand Gabriel informe Marie de la grossesse miraculeuse de sa vieille cousine Élisabeth, lui donnant par là un signe de la puissance divine, en lui disant clairement : « rien n’est impossible à Dieu ». Et ce signe va donner à Marie la force de son oui, de son fiat.
Jésus lui-même emploie la même expression à la fin de son dialogue avec le jeune homme riche en Marc 10,27 : « Pour les hommes, c’est impossible [d’être sauvé], mais pas pour Dieu, car tout est possible à Dieu. » Quelle espérance cela nous donnerait si nous posions cet acte de foi. Nous l’expérimentons souvent, car parfois nous affrontons des situations qui semblent bloquées. Oui, je crois que Dieu peut changer mon cœur et celui de ceux qui m’entourent, même de mes ennemis.
Puisse Marie, en ce jour de la fête de l’Annonciation, nous aider à accueillir l’Esprit Saint dans nos vies, pour vivre sous l’ombre du Très-Haut. Puisse Marie nous aider à dire oui chaque jour et pas seulement une fois pour toute. Puisse Marie renforcer notre foi en la puissance infinie de Dieu. Accueillons ce que notre maman du Ciel, comme elle a accepté de se faire appeler à L’Île-Bouchard, nous prépare. Elle nous accompagne sur ce chemin de foi et de confiance. Amen !
Mgr Xavier Malle
Évêque de Gap (+ Embrun)