Dimanche 22 avril 2018, Mgr Xavier Malle a fait la surprise de remplacer le père Mickaël Fontaine, parti en pèlerinage paroissiale en Terre sainte, pour la messe de 11h en l’église Saint-Roch de Gap. La messe a été précédée d’un temps d’adoration. Mgr Xavier Malle a bien sûr parlé des vocations en ce dimanche dit « du Bon Pasteur ». Ci-dessous le son et le texte de son homélie.
Homélie
Le dimanche du Bon Pasteur, 4e dimanche de Pâques, est celui où nous sommes invités à prier pour les vocations sacerdotales et consacrées. Dans une première partie je vais revenir sur l’évangile et dans une seconde faire une relecture du message du pape François pour cette journée.
On voit bien pourquoi l’Église a choisi ce dimanche pour prier pour les vocations. Les prêtres, mais aussi les consacrés hommes et femmes, doivent refléter l’âme et le comportement de Jésus Bon Pasteur. Ou, comme dit saint Pierre pour expliquer la guérison d’un boiteux au temple de Jérusalem qu’il vient d’accomplir : « c’est par le nom de Jésus que cet homme est devant vous bien portant ». La vocation sacerdotale ou consacrée ne peut d’ailleurs s’expliquer autrement : c’est par le nom de Jésus que des jeunes hommes et des jeunes femmes en réponse à son appel, quittent tout, pour lui. Pour lui donner leur vie.
Pour être à son image des bons pasteurs.
Et le nom de Jésus signifie : Dieu sauve.
Voyez le lien entre le temps pascal que nous vivons : la vocation sacerdotale, comme la vocation consacrée, est au service du salut, de votre salut, de notre salut éternel. Il ne s’agit pas de tenir une institution, il ne s’agit pas de faire tourner une boutique, il s’agit de sauver les hommes et les femmes de ce temps, de cette ville. Et Dieu a besoin de toi qui te pose la question de la vocation.
Lorsque Jésus dit « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis », il fait allusion à son mystère pascal. Et il décrit ensuite la relation profonde et forte entre le berger et ses brebis. « Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père. »
Connaître, ce n’est pas une expérience intellectuelle, mais en deux mots : co-naître, naître avec. Jésus nous propose de renaître avec lui, ressuscité.
Et Jésus ajoute : « et je donne ma vie pour mes brebis. »
Et il appelle certains d’entre nous, certains de vos familles, à l’imiter, à donner leur vie.
Jésus ajoute : « Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. » Chacun des prêtres, chacune des religieuses peut dire de même. Nous avons donné notre vie, mais nous l’avons reçu de nouveau, et en plénitude, ou au centuple comme dit Jésus une autre fois.
Hier, j’ai eu la joie de rencontrer les dix moines orthodoxes du monastère de la Faurie. Joie de la présence de la vie monastique masculine, contemplative dans les Hautes-Alpes, complément de la vie monastique féminine à Rosans et au Laus.
Cette journée mondiale de prière pour les vocations doit nous inviter à prier en famille pour les vocations. Une prière centrée sur celui qui appelle, Dieu, celui que l’on suit, Jésus, et celui qui nous donne la force de répondre, l’Esprit. À la fin de la messe vous sera distribué deux cartes prières, une pour les jeunes pour leur vocation, et une pour les adultes, pour prier pour les jeunes.
Dans son message pour cette journée mondiale de prière pour les vocations, le pape François invite à trois attitudes :
- Écouter
L’appel du Seigneur […] n’a pas l’évidence de l’une des nombreuses choses que nous pouvons sentir, voir ou toucher dans notre expérience quotidienne. Dieu vient de manière silencieuse et discrète, sans s’imposer à notre liberté. Aussi, on peut comprendre que sa voix reste étouffée par les nombreuses préoccupations et sollicitations qui occupent notre esprit et notre cœur.
Il convient alors de se préparer à une écoute profonde de sa Parole et de la vie, à prêter aussi attention aux détails de notre quotidien, à apprendre à lire les événements avec les yeux de la foi, et à se maintenir ouverts aux surprises de l’Esprit.
Nous ne pourrons pas découvrir l’appel spécial et personnel que Dieu a pensé pour nous, si nous restons fermés sur nous-mêmes, dans nos habitudes et dans l’apathie de celui qui passe sa propre vie dans le cercle restreint de son moi, perdant l’opportunité de rêver en grand et de devenir protagoniste de cette histoire unique et originale que Dieu veut écrire avec nous.
[…] Cette attitude [d’écoute] devient aujourd’hui toujours plus difficile, plongés comme nous le sommes dans une société bruyante, dans la frénésie de l’abondance de stimulations et d’informations qui remplissent nos journées. Au vacarme extérieur, qui parfois domine nos villes et nos quartiers, correspond souvent une dispersion et une confusion intérieure, qui ne nous permettent pas de nous arrêter, de savourer le goût de la contemplation, de réfléchir avec sérénité sur les événements de notre vie et d’opérer, confiants dans le dessein bienveillant de Dieu pour nous, un discernement fécond.
Mais, comme nous le savons, le Royaume de Dieu vient sans faire de bruit et sans attirer l’attention (cf. Lc 17, 21), et il est possible d’en accueillir les germes seulement lorsque, comme le prophète Elie, nous savons entrer dans les profondeurs de notre esprit, le laissant s’ouvrir à l’imperceptible souffle de la brise divine (cf. 1 R 19, 11-13).
2) Discerner
[…] chacun de nous peut découvrir sa propre vocation seulement à travers le discernement spirituel, un « processus grâce auquel la personne arrive à effectuer, en dialoguant avec le Seigneur et en écoutant la voix de l’Esprit, les choix fondamentaux, à partir du choix de son état de vie (Synode des évêques, XVe Assemblée générale ordinaire, Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, II, 2).
Nous découvrons en particulier, que la vocation chrétienne a toujours une dimension prophétique. Comme nous témoigne l’Écriture, les prophètes sont envoyés au peuple dans des situations de grande précarité matérielle et de crise spirituelle et morale, pour adresser au nom de Dieu des paroles de conversion, d’espérance et de consolation. Comme un vent qui soulève la poussière, le prophète dérange la fausse tranquillité de la conscience qui a oublié la Parole du Seigneur, discerne les événements à la lumière de la promesse de Dieu et aide le peuple à apercevoir des signes d’aurore dans les ténèbres de l’histoire. […]
3) Vivre, [c’est-à-dire vivre dès maintenant, sans attendre, le don de nous-mêmes].
[…] La joie de l’Évangile, qui nous ouvre à la rencontre avec Dieu et avec les frères, ne peut attendre nos lenteurs et nos paresses ; elle ne nous touche pas si nous restons accoudés à la fenêtre, avec l’excuse de toujours attendre un temps propice ; elle ne s’accomplit pas non plus pour nous si nous n’assumons pas aujourd’hui même le risque d’un choix. La vocation est aujourd’hui ! […]
Cet “aujourd’hui” proclamé par Jésus, en effet, nous assure que Dieu continue à “descendre” pour sauver notre humanité et nous rendre participants de sa mission. Le Seigneur appelle encore à vivre avec lui et à marcher derrière lui dans une relation de proximité particulière, à son service direct. Et s’il nous fait comprendre qu’il nous appelle à nous consacrer totalement à son Royaume, nous ne devons pas avoir peur ! C’est beau – et c’est une grande grâce – d’être entièrement et pour toujours consacrés à Dieu et au service des frères.
Le Seigneur continue aujourd’hui à appeler à le suivre. Nous ne devons pas attendre d’être parfaits pour répondre notre généreux “me voici”, ni nous effrayer de nos limites et de nos péchés, mais accueillir avec un cœur ouvert la voix du Seigneur. L’écouter, discerner notre mission personnelle dans l’Église et dans le monde, et enfin la vivre dans l’aujourd’hui que Dieu nous donne. […]
Fin de citation. Amen !
Mgr Xavier Malle
Évêque de Gap (+ Embrun)