Suite à un article paru dans le Dauphiné libéré le 2 octobre 2006 (pour lire cet article, cliquez ici), Mgr Jean-Michel di Falco a souhaité réagir par une lettre ouverte parue dans le même quotidien ce 3 octobre. Nous vous livrons cette réflexion qui s’ouvre sur un débat plus large, celui de la reconnaissance des racines chrétiennes de l’Europe.
Madame,
Vous vous élevez contre le fait que dans le dictionnaire offert par le Conseil général aux élèves du département entrant en classe de sixième, il soit fait mention de Benoîte Rencurel, la voyante de Notre Dame du Laus. C’est votre droit comme c’est le mien de vous répondre.
En lisant vos déclarations, je m’étonne qu’un professeur de lettres classiques se montre à ce point ignorant. Vous déclarez en effet, à propos des visions dont Benoîte Rencurel s’est faite le témoin : « Il s’agit de croyances propres au dogme catholique… ». Dois-je vous apprendre que les apparitions n’ont aucun caractère dogmatique ? Elles ne font pas partie de la foi catholique, chaque fidèle peut adhérer ou pas au témoignage des voyants sans remettre en cause sa foi. Cela n’a rien à voir avec les dogmes, ce que vous devriez savoir, vous qui semblez si bien connaître ceux de la laïcité !
C’est sans doute pour éviter une telle ignorance qu’il n’est pas inutile que l’histoire religieuse du département, et donc de Benoîte Rencurel, soit présentée aux collégiens des Hautes-Alpes. A eux ensuite, accompagnés par des enseignants objectifs, de se déterminer par rapport aux dires de Benoîte Rencurel. « On ne m’a pas demandé de vous le faire croire mais de vous le dire », a déclaré Bernadette Soubirous (la voyante de Lourdes) s’adressant aux autorités qui remettaient en cause son témoignage.
Votre propos, Madame, s’assimile aux thèses actuelles que l’on peut qualifier de révisionnisme, à savoir, récuser des pages de notre Histoire parce qu’elles nous dérangent. C’est du même ordre que de refuser de reconnaître les racines judéo-chrétiennes de l’Europe, alors qu’il suffit de regarder autour de soi pour les voir. De qui est le calendrier qui ponctue les années ? A quoi correspondent les jours fériés ? D’où viennent les prénoms que nous portons ? D’où vient votre propre prénom, Christine ? Quel est le sens des croix plantées sur le sommet de nos montagnes par nos ancêtres, les nombreuses chapelles et oratoires que l’on découvre sur les
Vous dites encore : « Ce genre de vision relève aujourd’hui de la psychiatrie… ». Soit, c’est votre point de vue, mais votre discours relève, lui, du sectarisme. Vous pouvez émettre toutes les critiques que vous voulez sur l’histoire de Benoîte Rencurel, mais vous ne pouvez pas
Lorsque l’on a été candidate aux élections cantonales, comme ce fut votre cas en 1994, on se montre plus respectueuse des convictions qui peuvent être celles de quelques-uns de ceux dont on espère obtenir le suffrage.
Qu’avons-nous à apprendre aux jeunes ? A se jeter des anathèmes ou à vivre ensemble avec leurs différences ? Nous en parlons quand vous voulez.
+ Mgr Jean-Michel di Falco Léandri
Evêque de Gap
Je découvre cette lettre ouverte de Mgr di Falco en parcourant le site…
On a presque l’impression de lire un sermon de St Ambroise ou St Augustin tant le ton est incisif !
En tout cas les mots sont justes et font mouche, je pense, pour redire l’évidence : nous avons des racines judéo-chrétiennes, que nous le voulions ou non !
Merci pour ce beau texte !
Filialement,
Dr X. HINAULT