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De la musique pour célébrer la Création

À l’occasion du Festival Musique au Sommet, Mgr Xavier Malle a présidé la messe le dimanche 1er septembre à Chantemerle. L’occasion pour lui dans ce cadre exceptionnel de rappeler que cette date est aussi la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création.

Homélie de Mgr Xavier Malle pour la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création

Ce 1er septembre est célébrée dans l’Église orthodoxe, la Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création car le 1er septembre est le début de l’année liturgique pour les Églises orthodoxes, et ce jour rappelle en particulier l’œuvre de Dieu dans la création du monde. Alors le Pape François en 2015 a proposé que nous aussi catholiques, nous retenions cette même date.

L’Église de France, en lien avec les autres églises chrétiennes, a donc repris cette journée, d’autant que nous sommes engagés dans le processus Église Verte pour une conversion écologique de nos pratiques ecclésiales. Et il est beau de la célébrer ici sur cette montagne à l’occasion d’un concert au sommet. En associant nature et musique, je pense aux chants d’oiseau de Messian, chers à vos voisins de la Grave. Aux Vêpres d’hier soir nous avons pu chanter une hymne grégorienne qui commençait ainsi : «Ô Dieu, source de toute chose, par l’acte de ta création, Tu as comblé tout l’univers de la richesse de tes dons.»

En grimpant au sommet de nos montagnes, nous prenons conscience de ces dons de Dieu, de cette création. Et nous prenons conscience de notre petitesse. Nous sommes tout petits devant la grandeur, la majesté, la force de la nature, et donc du Créateur. C’est peut-être un bon antidote à ce qui nous empoisonne la vie, notre orgueil.  Dans sa parole, Dieu nous dit aujourd’hui combien nous sommes orgueilleux. Ben Sirac le sage dit même : «La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui.» Vous savez d’expérience combien il est dangereux d’être orgueilleux en montagne. C’est bien pareil dans la vie quotidienne. Ben Sirac propose un remède : «Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur.» Et Jésus fait de même dans sa parabole que nous venons d’entendre : «quand tu es invité, va te mettre à la dernière place.»

Jésus donne un conseil pour éviter une humiliation, mais pour l’éviter, il nous conseille justement de nous humilier : « quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : ‘Mon ami, avance plus haut’, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi.» Il est difficile pour nous de suivre ce conseil de Jésus ; j’en sais quelque chose évêque, car je suis souvent obligé d’être à la première place. Et il me semble que si je n’y allais pas, ce serait manquer de respect pour ceux qui sont présents. Mais on voit bien la différence entre chercher la première place, et prendre celle qu’on nous donne. Entre la quête effrénée des honneurs et nous contenter d’attendre ceux qui nous seront donnés, en sachant faire remonter l’honneur à Dieu.

J’en convient, ce n’est pas facile, tellement l’orgueil se met rapidement dans toutes nos actions. Un humoriste disait que notre orgueil meurt un ¼ d’heure après nous. Exemple personnel récent : je suis invité à faire un saut en parachute par le club de Tallard. Est-ce que je le fais, est-ce que je le fais dans le secret ? Car je sais combien mon orgueil est rapide à prendre le dessus ; et va me faire penser que je suis un héros. Alors quand j’ai eu cette invitation, j’ai pensé immédiatement à Mgr Lagrange, un de mes prédécesseurs, qui avait eu la même invitation. Il lui avait donné un sens pastoral : inviter les jeunes à se bouger pour monter à Paris aux JMJ, journées mondiales de la jeunesse en 1997 avec le pape Jean-Paul II.

Cela m’a donné l’idée d’un autre sens pastoral pour encourager les jeunes à répondre à leur vocation : un saut en parachute, c’est un saut dans l’inconnu, mais surtout un saut dans la confiance. Se fiancer, entrer au noviciat pour un futur religieux ou une future religieuse, entrer au Séminaire pour un futur prêtre diocésain, c’est un saut dans l’inconnu, mais un saut dans la confiance. Et même si je vous en reparle ce matin, le Seigneur, par ce sens spirituel au saut en parachute, m’a préservé de trop d’orgueil. Je ne suis pas un héros, j’ai répondu à une invitation, j’ai fait confiance en mon moniteur et en Dieu, et je fais remonter les honneurs au moniteur et à Dieu. 

Ben Sirac pour approfondir encore le thème de l’humilité, en donne une clef : «Qui est sensé médite les maximes de la sagesse ; l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute.» Oui, l’orgueilleux, c’est celui qui sait tout sur tout et qui parle avant d’écouter. L’humble, c’est celui qui écoute ses parents, ses professeurs, son supérieur, dans la certitude d’apprendre quelque chose et de progresser. L’humble c’est celui qui cherche à écouter Dieu. La règle de saint Benoit commence par «Ausculta – écoute ô mon fils les principes du maître et incline l’oreille de ton coeur.» C’est aussi ce qu’on appelle le discernement : qu’est-ce que Dieu veut me dire, qu’est-ce que Dieu veut que je dise ou que je fasse en ce moment ? Et non, qu’est-ce qui me ferait plaisir, qu’est-ce qui me vaudrait les honneurs. En vérité, aucun de nous ne peut se passer d’un maître dans la vie surnaturelle, dans la vie avec Dieu, mais aussi  dans notre vie professionnelle, cela s’appelle un coach, ou dans notre vie conjugale ou familial, cela s’appelle un conseiller conjugal. Si on avait l’humilité d’y avoir recours, il y aurait moins de malheurs et de pleurs.

À la fin de cet évangile, Jésus donne une autre clef : « cela te sera rendu à la résurrection des justes. » La récompense divine sera bien supérieure à toutes les décorations terrestres. La prière scoute de ma jeunesse demandait à Dieu : «Seigneur Jésus, apprenez-nous à être généreux, sans attendre d’autre récompense, que celle de savoir que nous faisons votre sainte volonté.»

Je reviens au 1er septembre avec ce qu’en dit le pape François, je le cite : « La Journée Mondiale annuelle de Prière pour la Sauvegarde de la Création offrira à chacun des croyants et aux communautés la précieuse opportunité de renouveler leur adhésion personnelle à leur vocation de gardiens de la création, en rendant grâce à Dieu pour l’œuvre merveilleuse qu’Il a confiée à nos soins et en invoquant son aide pour la protection de la création et sa miséricorde pour les péchés commis contre le monde dans lequel nous vivons. »

Oui, frères et sœurs, soyons humblement les gardiens de la création. Car c’est aussi l’orgueil de l’homme, sa volonté de toute puissance qui est à la base de la dégradation de l’environnement. Il nous faut aussi reconnaître humblement notre responsabilité personnelle.

Pour terminer, je voudrai ajouter une parenthèse d’actualité. J’ai soutenu encore dernièrement nos agriculteurs dont les troupeaux sont décimés par le loup. Il est temps que les autorités prennent des mesures efficaces. Car nos agriculteurs n’en peuvent plus et vont finir par abandonner leur beau métier si utile dans nos montagnes. Alors on m’a répliqué : comment un évêque peut être contre le loup alors que saint François et le loup etc…

D’une part je ne suis pas contre le loup, mais pour une régulation. Car aujourd’hui, les victimes ce sont les moutons et les éleveurs. Si vous voulez que les moutons restent dans des bâtiments fermés en bas dans les vallées et ne mangent plus l’herbe naturelle des montagnes, ne faisons rien.

Mais d’autre part, j’ai relu hier soir les fiorettis de st François : un loup terrorisait Gubbio. Saint François ayant pitié des gens de cette ville, voulut sortir face à ce loup, bien que les habitants le lui déconseillassent complètement ; et ayant fait le signe de la sainte croix, il sortit des murs avec ses compagnons , mettant en Dieu toute sa confiance. Et les autres hésitant à aller plus loin, saint François s’achemina vers le lieu ou était le loup. Et voici que sous les yeux de beaucoup habitants qui étaient venus voir ce miracle, le loup arriva la gueule ouverte, à la rencontre de saint François ; et s’approchant de lui saint François fit sur lui le signe de la croix l’appela et lui parla ainsi : « Viens ici, frère loup ; je te commande de la part du Christ de ne faire de mal ni à moi ni à personne. » Chose admirable ! Aussitôt que saint François eut tracé la croix, le terrible loup ferma la gueule et cessa de courir ; et, au commandement, il vint, paisible comme un agneau, se jeter couché aux pieds de saint François.

Alors frères et sœurs, oui je crois à la puissance de la prière, et je prie pour que le loup ne fasse plus de mal, « Viens ici, frère loup ; je te commande de la part du Christ de ne faire de mal ni à moi ni à personne. » Mais si tu n’écoutes pas, alors il faudra te faire entendre raison autrement. Amen !

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Cet article a été rédigé par le service communication du diocèse de Gap.