Samedi 21 novembre, Mgr Xavier s’est rendu au Laus, à la chapelle de Gyquière, qui vient d’être restaurée par des anciens élèves du séminaire Saint-Louis et de la maîtrise du Laus.
Des membres de l’association des anciens élèves ont déjà participé à la restauration de la maison de Benoîte et de plus lieux emblématiques du Laus. Parmi ces anciens, Louis Reynaud, décédé depuis peu. Marie-Andrée, son épouse a choisi d’offrir le vitrail béni en ce 21 octobre pour cette chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs.
Dans une lettre aux anciens elle a expliqué ainsi son geste : « C’est l’endroit où mon mari Louis m’a emmenée huit jours avant sa mort. Il m’avait alors expliqué comment le groupe de restauration allait réparer ce lieu ; et celui que votre groupe avait surnommé « le roi de la bricole » ne tarissait pas d’explications enthousiastes pour ce projet. »
Mais il n’y avait pas de vitrail. Ce dont Marie-Andrée Reynaud s’est rendue compte lors d’une visite avec des anciens en juin 2017. « J’ai remarqué soudain l’unique fenestron de la chapelle, auquel je n’avais pas prêté attention auparavant. À ce moment-là la vision d’un vitrail aux couleurs chatoyantes m’est apparue… Aussitôt et sans réfléchir j’ai dit : « À cet endroit sera posé un vitrail ». Il sera le témoin de la longue foule des anciens de Notre-Dame du Laus, et perpétuera le souvenir de leur passage sur terre. »
Après accord des anciens et du père Guy Corpataux, Marie-Andrée Reynaud a fait appel pour réaliser ce travail à Chantal Legendre, artiste peintre et verrier, qui vit près de chez elle.
« Le vitrail présente la Vierge Marie de façon abstraite, explique l’artiste. Elle flotte au-dessus des collines et devient elle-même paysages : champs de blé, collines au loin, chemins, talus fleuris. Dans les airs, en position d’offrande, elle nous montre le chemin. Les sept douleurs sont représentées par de fines inclusions rouges (couleur bien-aimée de Louis) entre les plis de la robe/paysage. »
La Vierge Marie est honorée sous le vocable de Notre-Dame-des-Douleurs le 15 septembre, au lendemain de la croix glorieuse. Extraites des évangiles, ces sept douleurs de la Vierge Marie sont :
- La prophétie de Syméon sur l’Enfant Jésus. (Lc, 2, 34-35)
- La fuite de la Sainte Famille en Égypte. (Mat, 2, 13-21)
- La disparition de Jésus pendant trois jours au temple. (Lc, 2, 41-51)
- La rencontre de Marie et Jésus sur la via crucis. (Lc, 23, 27-31)
- Marie contemplant la souffrance et le décès de Jésus sur la Croix. (Jn, 19, 25-27)
- Marie accueille son fils mort dans ses bras lors de la descente de croix. (Mat, 27, 57-59)
- Marie abandonne le corps de son fils lors de la mise au tombeau. (Jn, 19, 40-42)
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Les mots de Marie-Andrée Reynaud qui a offert le vitrail
Le père Guy Corpataux a accepté que je dise quelques mots à cette occasion, mais pas plus de 5 minutes, m’a-t-il précisé, car après c’est comme les sermons, c’est trop long. J’ai chronométré mon petit discours qui dépasse les 5 minutes. J’étais bien embêtée, mais j’ai pensé : 3 minutes de plus, qu’est-ce que c’est face à l’éternité…?
Finalement nous voici tous réunis. Dire que vous, les anciens élèves, enfants, vous avez galopé dans ces vallons, sillonné ces collines. Cette enfance, forgée à l’internat de Notre-Dame du Laus, Rolland Gérard me l’a un jour définie comme une expérience unique, une éducation rude, avec des valeurs que vous garderez jusqu’à la mort. Même si cette histoire est finie, j’ai compris alors qu’elle continue de rayonner dans vos cœurs.
Louis, mon mari faisait partie de cette histoire. Bien qu’arpenteur de tous les continents, il revenait toujours à son pays natal. Ces dernières années, il aimait retrouver le groupe des anciens élèves pour restaurer la maison des parents de Benoîte, débroussailler les chemins de croix et ceux qui mènent au sanctuaire. La chapelle de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs faisait partie de ces restaurations à venir. Il y a un an et demi, Louis a voulu me la montrer, et celui que vous avez surnommé « le roi de la bricole » ne tarissait pas d’explications enthousiastes pour ce projet. C’était huit jours avant sa mort. Vous comprenez pourquoi cette chapelle a une résonance particulière pour moi.
Je sais qu’aujourd’hui nous pensons à Louis, mes enfants, mes six petits-enfants, ses amis, et je voudrais associer à son souvenir le nom du père Gonfard, qui a été son ami et son père spirituel toute sa vie. En juin dernier, j’ai voulu revoir cette chapelle, et j’ai demandé à Paul Chaix de m’accompagner car je n’étais plus sûre du chemin. Paul m’a expliqué les premiers travaux déjà effectués. J’ai remarqué l’unique fenêtre de la chapelle, à laquelle je n’avais pas prêté attention auparavant. Le désir d’un vitrail est né à ce moment-là. Il sera le témoin de la longue foule des anciens de Notre-Dame-du-Laus, il perpétuera le souvenir de leur passage sur terre, il traversera peut-être quelques siècles, en tout cas au-delà de nos propres vies, et sera pour chaque pèlerin source d’une douce méditation comme l’a exprimé Édouard Combal. Quel est le sens de tout cela ? Je ne saurais le dire… Ce qui est sûr, c’est que tous ont suivi l’élan de leur cœur.
Aujourd’hui je veux dire merci, tout d’abord aux anciens et à Guy Corpataux, de leur amitié et de leur soutien pour ce projet.
Je remercie Xavier Malle, notre nouvel évêque, qui a passé outre et avec bonne grâce le fait que j’ai complètement zappé les procédures habituelles de la commission d’art sacré. Je crois qu’il a privilégié l’esprit et non la lettre.
Je remercie Chantal Legendre, femme artiste qui a accepté de créer ce vitrail. J’étais sûre qu’elle offrirait lumière et rayonnement à la Vierge des Sept Douleurs. La naissance de son premier petit-enfant, né il y a quelques jours, l’a sûrement inspirée et guidée.
Enfin, merci à mes enfants et petits-enfants qui toujours comprennent et acceptent mes choix de vie avec tant d’affection.
Et pour terminer, je veux remercier quelqu’un qui a accepté de m’accompagner ici, il s’appelle Laike Toure. Il m’a soutenue depuis de long mois, et m’a fait à manger tous les jours alors que je perdais mes forces. Laike, dans ta religion on connaît Marie sous le nom de Mariam, qu’elle te protège.
Ma prière pour cette chapelle, c’est qu’elle ne soit jamais fermée à clé, qu’elle soit ouverte à tous, un refuge où les cœurs reprendront vie.
Marie-Andrée Reynaud
Quelques mots de l’artiste, Chantal Legendre-Chanath
C’est un honneur pour moi d’avoir réalisé ce vitrail pour la chapelle de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, en hommage à Louis Reynaud sur la demande de Marie-Andrée Reynaud, sa femme. J’ai choisi pour cette réalisation une figure simple, abstraite. On y reconnaît aisément la Vierge Marie, son châle bleu et ses bras tendus en offrande au monde, au-dessus d’un paysage qui est celui de ce lieu.
Sur la route nous conduisant à la chapelle, nous avons évoqué longuement Louis, et sa couleur préférée, le rouge. Les larmes seraient celles du sang, rouge. Elles sillonnent, s’incrustent dans les plis, comme autant de douleurs vécues. Puisse cette réalisation apporter un peu de sérénité à celles et à ceux qui la contempleront.
Chantal Legendre-Chanath
http://www.chantallegendre-chanath.com/