Malgré la forte pluie et la première neige, le jeudi 14 novembre, une participation importante était réunie à Gap, au Centre diocésain, pour la Table-Ronde : « Saint François d’Assise et le Sultan d’Égypte : une rencontre déterminante« . Des membres du Collectif « Gap Espérance » avec Roger Marin et du Groupe gapençais de dialogue interreligieux avec Marie-Claire Collignon étaient présents. Animateur de de la Table-ronde, responsable du Service diocésain de dialogue interreligieux, le Père Pierre Fournier a situé cette soirée dans le cadre des « Semaines annuelles nationales de Rencontres Islamo-Chrétiennes » (SERIC), et du 8<sup>e</sup> centenaire de la célèbre rencontre de saint François et du Sultan, en 1219, à Damiette, au bord du Nil.
Sur le thème « Saint François, un amour en esprit et en vérité« , le Frère franciscain Jean-Dominique Dubois, responsable du Service diocésain de Formation permanente et du Catéchuménat, s’est employé à montrer comment « le religieux d’Assise (1181-1226) était une personnalité hors norme. Il transcende les catégories de son temps. Il nous échappe. Il a vécu une grande liberté, un amour en esprit et vérité « . Ainsi, à 38 ans, a-t-il pu avoir l’audace d’aller à la rencontre du Sultan Malik El-Kamil (1177-1238). « Celui-ci était également une personnalité exceptionnelle. Une affinité spirituelle a pu ainsi se créer entre eux, et ils ont pu arriver à un réel dialogue« .
À son tour, l’historienne Delphine Franceschetti, professeur au collège de Tallard, a bien situé le Saint et le Sultan dans leur époque de rudes conflits entre chrétiens et musulmans d’une croisade à l’autre, et c’était là la 5<sup>e</sup> croisade. L’historienne a souligné la force de l’âge d’or de l’islam jusqu’à trois siècles d’implantation en Espagne: à Tolède… C’était le rayonnement musulman sur le plan de la philosophie, de la médecine et des autres sciences. Les chrétiens étaient donc amenés à s’intéresser à l’islam et à traduire eux-mêmes le Coran. Donnant lecture de divers documents, Delphine Franceschetti a précisé : « Sur cet événement insolite de la rencontre entre François et le Sultan Malik, nous avons des sources chrétiennes : le contemporain Jacques de Vitry, évêque d’Acre en son « Journal », Thomas de Celano, puis, au XIV<sup>e</sup> s., les Fioretti, mais aussi le musulman Faq El-Din El-Farazi« .

Dans le débat, il a été reconnu que cette rencontre entre le Saint et le Sultan est emblématique. Une participante reconnaît : « Cette présentation m’est tout à fait nouvelle. J’en suis touchée, bouleversée« . Une question surgit : « Comment les musulmans perçoivent cette mémorable rencontre?... » Abd El-Karim Turnley, de l’Institut des Hautes Etudes islamiques (IHEI) intervient: « La sainteté de st François a trouvé écho au contact d’une autre figure de sainteté, celle du Sultan. C’est la force des saints de l’islam« . Le P. Fournier indique que, justement, ce thème pourra être approfondi en décembre avec le film « Le Sultan et le Saint » et un débat.
Pour Delphine Franceschetti, « Cet épisode étonnant est d’une actualité criante en percevant le besoin de dialogue interreligieux dans les populations d’aujourd’hui« . Pour le Fr. Jean-Dominique, « François d’Assise a été brûlé au feu de Dieu, et il est là pour nous communiquer ce feu« . Au final, un participant a pu dire: « Nous avons eu un très bon moment de découverte et d’espérance« .