Mardi 1er novembre 2022 – Toussaint
10h30 Cathédrale de Gap
La préface de la Prière Eucharistique, en ce jour de la fête de la Toussaint, dit ceci, en deux phrases : « Tu nous donnes de fêter aujourd’hui la cité du ciel, notre mère la Jérusalem d’en haut ; c’est là que nos frères les saints, déjà rassemblés, chantent sans fin ta louange. (et la seconde phrase 🙂 Et nous qui marchons vers elle par le chemin de la foi, nous hâtons le pas, joyeux de voir glorifiés ces enfants de l’Eglise dont tu fais un exemple et un secours pour notre faiblesse.» Dans ces deux phrases, nous distinguons bien les deux moments spirituels de cette fête : tourner les yeux vers la joie du Ciel et y tendre de toutes nos forces grâce à la prière des saints.
Tourner les yeux vers la joie du Ciel :
« Tu nous donnes de fêter aujourd’hui la cité du ciel, notre mère la Jérusalem d’en haut ; c’est là que nos frères les saints, déjà rassemblés, chantent sans fin ta louange. »
Examinons comment saint Jean décrit cette louange du Ciel dans le livre de ‘L’Apocalypse’ :
« J’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. » Première leçon, Jean parle d’une foule innombrable, donc les 144 000 marqués du sceau, dont il parlait juste avant sont bien un chiffre symbolique, contrairement à ce que disent des sectes dans une lecture littérale d’un texte qui est en réalité en langage symbolique. 144 000 indique le nombre symboliquement complet des élus. Des 12 tribus d’Israël, 12 000 membres pour chacune seront les « serviteurs marqués du sceau divin.
– Que font-ils ? : « Ils se tiennent debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. » Vêtus de robe blanche les palmes à la main, c’est donc une vision des martyrs dans la symbolique biblique. Ils se tiennent debout. La position du pécheur pardonné, du pécheur ressuscité après s’être incliné pour recevoir le pardon. Comme dit la belle nouvelle traduction du missel dans la PE II : « tu nous as estimé digne de nous tenir devant toi pour te servir ». Au Ciel, frères et soeurs, nous nous tiendrons devant Dieu !
Et qu’est-ce qu’on y fera ? Quel est ce service ? C’est la louange : « Ils s’écrient d’une voix forte : ‘Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau !’ Tous les anges se tenaient debout autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants ; se jetant devant le Trône, face contre terre, ils se prosternèrent devant Dieu. Et ils disaient : ‘Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen !’
La joie de ce jour, c’est « que nos frères les saints, déjà rassemblés, chantent sans fin ta louange ». Ce qu’ils ont fait sur cette terre, louer Dieu par leurs voix, par leurs pensées, par leurs actes, dans la foi, ils le font dans la vision béatifique, car ils voient Dieu.
Oui, ce matin, nous tournons les yeux de notre âme vers la joie du Ciel ; nous l’entrevoyons, nous y goûtons un peu.
Et alors le désir monte en nos âmes : nous aussi ! Nous aussi un jour !
Nous aussi dès maintenant, car nous voulons y tendre de toutes nos forces grâce à la prière des saints :
« Et nous qui marchons vers elle par le chemin de la foi, nous hâtons le pas, joyeux de voir glorifiés ces enfants de l’Eglise dont tu fais un exemple et un secours pour notre faiblesse.»
Oui, ces saints sont un exemple et un secours, car ils prient pour nous, ils intercèdent pour nous. Ce n’est pas pour rien que nous prions les saints du Ciel de nous aider, à commencer par la reine des saints, Notre-Dame. Le sanctuaire du Laus est pour nous un lieu précieux, une trouée vers le Ciel.
La joie pour nous, c’est parfois en relisant notre parcours de foi, de voir que nous progressons sur ce chemin de la sainteté. C’est un peu comme si nous étions aimantés vers le Christ Jésus. Le début de la seconde Prière Eucharistique l’exprime magnifiquement. En effet, après que nous ayons chanté ensemble avec les âmes du Ciel ‘Saint Saint Saint le Seigneur’, le prêtre, au nom de tous commence ainsi : « Toi qui es vraiment saint, toi qui es la source de toute sainteté, Seigneur, nous te prions : Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur. »
Oui, seul en vérité le Seigneur est vraiment saint en lui-même, de toute éternité ; tandis que nous, nous sommes appelés à le devenir petit à petit ; à son image.
L’Eglise nous propose le discours des béatitudes pour cette raison : un saint reflète particulièrement telle ou telle béatitude. Demandez-vous quelle béatitude reflète votre saint patron, dont vous portez le prénom depuis votre baptême. Mais il y a une raison plus profonde : en écoutant les béatitudes, nous contemplons un portrait qui se forme petit à petit. Nous contemplons un autoportrait que Jésus peint de lui-même.
« Nous qui marchons vers elle, vers la cité du Ciel, par le chemin de la foi, nous hâtons le pas » : notre part à nous, c’est de marcher. Et finalement d’apporter ce chemin à Dieu, d’apporter devant lui notre vie en offrande. C’est bien le sens de l’offertoire, dont la quête est un faible symbole. Ce sont nos vies que nous apportons à l’autel. Nos vies telles qu’elles sont, pas telles que nous les faisons paraître. Nos vies avec leurs ombres et leurs lumières. Nos vies entières. C’est ce que Jésus a fait lui-même en offrant sa vie au Père. « Daigne Seigneur accepter l’offrande que nous te présentons en l’honneur de tous les saints. »
Amen !