Messe pour tous les défunts

Messe pour tous les défunts – Jeudi 2 novembre 2023

Église de Ste Catherine à Briançon

 Evangile selon St Jean, au chapitre 14, versets 2 à 6

 

Homélie du diacre Pierre Ferraris :

C’est une belle tradition de nos églises de célébrer des Liturgies pour nos défunts, pour les défunts de nos familles. Dans toutes les religions, il existe ce que l’on appelle le culte des morts, des ancêtres, qui ont quitté ce monde ; chez les chrétiens, la liturgie n’est pas la fête de la mort mais la fête de la vie. Nous rassemblant, en souvenir de tous ceux qui nous ont quittés, en particulier depuis le 2 novembre 2022, nous voulons surtout célébrer leur entrée dans le Royaume de la vie éternelle.

Le Christ, mort et ressuscité, est toujours au centre de nos célébrations et de nos prières. Ensemble, aujourd’hui, nous fêtons le Grand Vivant, Celui qui a vaincu la mort une fois pour toute, et qui nous a révélé que cette vie d’homme, de femme, qu’il nous est donné de vivre, ouvre sur celle de Dieu.

Il nous arrive souvent de dire notre Credo, notre Espérance en la vie éternelle promise par le Seigneur. Si notre vie doit s’ouvrir sur celle de Dieu et s’épanouir, il faut bien penser que cela ne se fait pas automatiquement, tout simplement parce que nous sommes, chrétiennes, chrétiens baptisés ; cela se fait toujours dans la liberté : liberté de Dieu qui nous aime, et qui nous appelle par le Christ à ce salut promis ; liberté des enfants de Dieu que nous sommes et qui ont à s’ouvrir le cœur à ces appels au salut, et qui doivent y répondre dans la fidélité.

Dans l’Évangile que nous venons d’entendre en Saint Jean au chapitre 14, Jésus nous invite sur un chemin à découvrir. « Ne soyez donc pas bouleversé ! ». Vous auriez sans doute envie de répondre : facile à dire ! Est-ce qu’on s’adresse ainsi à des gens quand un événement comme le départ d’un être cher vient les rejoindre au plus profond d’eux-mêmes ? Nous pouvons être sûrs que Jésus ne veut pas nous dire des phrases toutes faites, nous refiler des consolations faciles, de celles qui ne durent pas. Soyons attentifs au ton avec lequel il prononce cette phrase. Jésus vient nous entraîner plus loin, par des sentiers pas toujours faciles, mais au bout desquels on trouve une sérénité profonde et durable.

 

« Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ». Il s’agit de concentrer notre attention sur une arrivée, plutôt que sur un départ.

Alors que nous nous débattons encore avec notre peine, Jésus nous invite à contempler le désir du cœur de notre Père : rassembler tous ses enfants auprès de Lui. Voilà la grande, voilà la belle réalité. Dieu a un projet de bonheur pour tous les siens. Il désire qu’aucun ne « manque le train », et il va tout faire pour que ses plans se réalisent. Dans les moyens qu’il met en œuvre, le rôle de Jésus occupe une place prépondérante. Celui-ci nous dit : « Je pars vous préparer une place ». Jésus a tout fait pour que nous ayons notre place dans la maison du Père. Il est venu offrir sa Vie pour que nous soyons libérés du péché qui nous bloquait l’accès à cette demeure. Il est venu nous parler de l’amour de son Père, pour nous faire désirer cette rencontre, la seule qui puisse nous combler. Il est là pour nous accueillir au moment du grand départ.

Ce peut-il que ce Dieu qui nous aime tant, veuille en même temps la souffrance qui découle de la perte d’un être cher ? Non, bien sûr ! Et C’est pourquoi il nous dit : « ne soyez donc pas bouleversés ». Il nous le dit avec toute sa tendresse. Il comprend que nous soyons bouleversés. Il ne nous en fait pas un reproche. Mais il ne veut pas que nous en restions là. Il veut déposer au fond de nos cœurs des certitudes qui nous accompagnent et qui se fortifieront au fil des jours et des mois. Il veut nous faire comprendre que tous ceux qui nous ont quittés sont encore là, mais de façon nouvelle, mystérieuse. Il nous faut accepter d’entrer dans ce mystère. Le chemin par lequel nous pouvons rejoindre celles et ceux qui sont rendus auprès du Père, c’est le cœur de Jésus. Lui-même le redis aujourd’hui : « Moi je suis le chemin, la vérité et la vie ». Il n’y en a pas d’autres.

Bien sûr, nous ne les voyons plus, nous ne les entendons plus. Nous vivons de souvenirs. Mais il s’agit de plus que des souvenirs : ils sont bien vivants auprès du Père. Ils continuent de penser à nous, de veiller sur nous. Mais nos moyens de communication sont différents. Le lieu de la rencontre, c’est le cœur de Jésus.

Nos défunts nous rendent ainsi le plus grand service qu’ils ne nous aient jamais rendus : ils nous forcent en quelque sorte à nous rapprocher de Jésus. Et comment ferons-nous cela ? De deux façons. D’abord, apprendre à entrer en nous-mêmes : Dieu est présent au plus intime de nous-mêmes, mais nous n’y sommes pas toujours attentifs ; en pensant à eux, nous avons plus de facilité à faire les efforts nécessaires pour développer cette nouvelle intimité avec Dieu. Et puis, Jésus nous a appris que notre « prochain » est le lieu de sa présence. Désormais, la vie se manifeste dans tout son éclat, et l’amour dans une intensité jamais égalée sur terre. Et grâce à Thomas, cet apôtre qui nous ressemble tant avec ses doutes, ses inquiétudes, ses questions pleines de naïveté, nous savons maintenant où nous allons.