Solennité de l’Épiphanie

Message d’accueil pour la solennité de l’Épiphanie

par Père Ludovic Frère Curé d’Embrun

 

Soyez tous les bienvenus à notre grande fête de l’Épiphanie à Notre-Dame du Réal ! C’est une messe de secteur, qui réunit tous les clochers de nos deux paroisses Saint-Marcellin de l’Embrunais et saint-Dominique du Savinois.

Au nom de vous tous, prêtres et diacres, frères de Boscodon, laïcs engagés et fidèles de nos paroisses, je suis heureux d’accueillir Mgr François Fonlupt, archevêque d’Avignon, qui préside cette solennité.

Monseigneur, répondant à l’invitation de notre évêque, Mgr Xavier Malle, qui nous fait traditionnellement l’honneur de sa présence à cette fête, vous avez bien voulu venir jusqu’à nous depuis Avignon.

Avignon et son fameux palais pontifical… un peu plus récent et presqu’aussi fameux que notre Cathédrale embrunaise ! Avignon et son premier pape, Clément V, auquel succèdera plus tard autre Clément, le septième, élu pape après avoir été archevêque d’Embrun…

Je n’ai pas trouvé mieux comme liens entre votre ville épiscopale et notre cathédrale, sauf à accorder du crédit à certaines traditions, qui disent que la galette des rois serait née au 14e siècle à la cour de la papauté d’Avignon. Or, ces mêmes rois sont honorés en notre cathédrale par le pèlerinage de Notre-Dame du Réal, rayonnant déjà sur toute la région plus d’un siècle avant la naissance de la galette.

On venait se vouer ici à la Vierge Marie en contemplant une fresque des rois mages reconnue comme miraculeuse ; un pèlerinage qui, avec des hauts et des bas, n’a jamais cessé depuis-lors et qui trouve fort logiquement, chaque année, son point d’orgue dans la solennité de l’Épiphanie.

C’est donc aujourd’hui jour de fête pour notre cathédrale, jour de fête pour notre secteur paroissial, jour de fête qui rayonne depuis des siècles sur notre belle cité d’Embrun !

Aujourd’hui, François, Xavier et André remplacent Gaspar, Melchior et Balthazar. Autour de notre évêque qui vous a invité, Mgr Fonlupt, et avec Mgr André Léonard, notre archevêque émérite savinois, vous formez plus qu’un trio de mages : vous manifestez auprès de nous la succession apostolique qui élargit notre regard par-delà nos belles montagnes, vallées et lacs de l’Embrunais-Savinois.

Ainsi, à l’instar des mages, notre confession de la Royauté du Christ s’ouvre plus concrètement aux dimensions de l’Église universelle. Voilà de quoi fêter, dans toute sa signification, la grande fête de l’Épiphanie, que je souhaite belle et joyeuse pour chacune et chacun d’entre vous !

Homélie – Messe célébrée à l’occasion de l’Epiphanie

par Mgr François Fonlupt

7 janvier 2024– EMBRUN Cathédrale Notre Dame du Réal (ND des rois)

 

Nous avons accueilli à Noël l’annonce d’une Bonne Nouvelle, joie pour tout le peuple. Aujourd’hui nous comprenons que cette joie est pour tous, offerte largement.

Laissons-nous gagner par la grande joie de l’Epiphanie. Cette joie offerte à tous.

La joie de ceux qui se mettent en route, en chemin, et se laissent attirer par un Dieu qui les cherche.

Joie aussi des pèlerins de Compostelle qui, de siècles en siècles ont fait halte ici, priant ND du Réal…

Nous le savons d’expérience, c’est en se déplaçant, en se simplifiant que l’on découvre peu à peu que Dieu peut répondre au désir le plus profond de notre cœur, et que ce désir il vient l’élargit, l’agrandir, nous invitant à poursuivre le chemin, à aller encore plus loin.

 

Et voilà que ce Dieu plus grand, ce Dieu que nous cherchons, est celui qui se fait petit, enfant, l’un de nous, nous invitant à le reconnaître dans la fragilité d’une existence humaine.

 

Avec cette fête de l’ÉPIPHANIE, c’est le déploiement de la fête et du mystère de Noël qu’il nous est donné de célébrer.

 

L’événement de la naissance de l’enfant à Bethléem, reconnu et contemplé par les bergers, par Marie et Joseph n’est pas un événement réservé à quelques uns. Il est l’élément déterminant qui va permettre que s’accomplisse le rêve de Dieu, le rassemblement de l’humanité dans son amour.

 

Pour bien accueillir vraiment cela, il nous faut garder en mémoire la parole du prophète Isaïe.

Elle est une invitation à se tenir debout, à accueillir la lumière, parce que, au milieu de nous se lève le Seigneur, et se manifeste sa gloire.

Elle est aussi une invitation à reconnaître comme ils sont nombreux tous ceux et celles qui sont attirés par cette lumière, et se laissent rassembler par elle.

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière.

Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent.

Notre Dieu rejoint l’humanité dans un enfant, et cet événement n’est pas limité, réservé. Il est pour que tout homme puisse l’accueillir, le reconnaître, et en vivre.

Paul, avec le recul de quelques années en parlera comme du mystère du Christ. Ce mystère dit-il, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile.

 

Voilà le cœur de l’événement du salut, qui va se déployer tout au long de la vie de Jésus, de sa mort et de sa résurrection, ce mystère dont nous vivons aujourd’hui.

Matthieu dans son Evangile nous invite à l’accueillir à travers la figure des mages, ces hommes venus d’Orient.

Ces hommes qui se mettent en route, ont été attentifs à ce signe de l’étoile, annonciateur de l’événement.

  • Ils cherchent… à découvrir… à comprendre… à reconnaître.
  • Dans leur marche, ils ont besoin d’être guidés, réorientés par l’Ecriture… cad par la tradition vivante de ceux qui laissent éclairer leur vie par l’amour de Dieu.
  • Ils reconnaissent dans l’enfant de la crèche celui qu’ils peuvent honorer comme roi avec l’or, comme Dieu avec l’encens, comme celui qui affrontera la mort pour en resurgir vainqueur, avec la myrrhe.

 

Ce parcours des mages est éclairant pour notre propre parcours, et pour ce que nous avons à servir pour nos frères :

Ce que nous sommes et ce que nous signifions par notre assemblée, c’est ce rassemblement de l’humanité qui déjà est en train de se réaliser dans l’amour de notre Dieu.

Les uns et les autres nous ne sommes pas différents de ceux et de celles avec qui nous partageons le quotidien … Mais nous nous laissons rejoindre par cette bonne nouvelle de la tendresse de Dieu pour les hommes et nous en recevons pour nos vies.

Ce que nous accueillons et ce que nous devenons ensemble, fait de nous des signes et nous rends responsables de cela pour que peu à peu l’humanité soit rassemblée dans cet amour.

Autour de nous, proches de nous, ils sont nombreux ceux qui cherchent sens à leur vie, à ce qui leur arrive, à ce qu’ils construisent dans leur existence, au sens que cela peut avoir.

Autour de nous, de multiples manières ils sont nombreux ceux et celles qui déjà sont en route à la recherche d’une lumière qui puisse éclairer leur existence.

Chez vous et dans notre pays ils sont aussi nombreux à venir de la montagne pour rejoindre une terre où ils espèrent être accueillis.

Et nous savons chacun à notre manière nous investir pour offrir un peu d’espace, de chaleur, de fraternité.

Je garde en mémoire comme beaucoup ces paroles importantes prononcées par le Pape François à Marseille, intercédant contre le fanatisme de l’indifférence.

Invitant à avoir une attitude d’accueil envers ces hommes et ces femmes en quête d’un havre de paix, considérant ces personnes non pas comme un fardeau mais comme un don à accueillir.

Le don sacré de l’hospitalité est porteur d’une promesse de vie. Promesse de vie pour les uns et pour les autres.

 

L’Epiphanie nous dit que le service que nous avons à leur rendre c’est d’abord de les accueillir, de leur faire une place, de marcher et de chercher avec eux.

Cela peut ouvrir à une joie nouvelle qui transforme, change… elle amène à revenir chez soi un peu autre, à retourner dans sa vie différemment, par un autre chemin.

 

Chrétiens aujourd’hui, et face aux difficultés que nous pouvons connaître, nous n’avons pas à nous refermer ou à nous recroqueviller sur nous mêmes.

Nous sommes riches de ceux et de celles que nous accueillons et sans cesse nous sommes renouvelés par eux.

Ils nous redisent que notre monde ne cesse pas de chercher la lumière.

Ils nous manifestent que l’Esprit de Dieu continue de travailler le cœur de chacun.

Ils nous offrent cette joie de l’accueil commun de la proximité de Dieu à nos vies.

+ François Fonlupt

 

Homélie pour l’Epiphanie Embrun Mgr Fontlupt (soundcloud.com)

L’archevêque d’Avignon a présidé l’Épiphanie à la cathédrale (ledauphine.com)