Tamanraset : une expérience spirituelle unique et profonde

Expérience spirituelle unique et profonde, le pèlerinage à Tamanrasset et à l’Assekrem, organisé du 27 janvier au 4 février 2024 par le service des pèlerinage du diocèse, offrait aux 25 pèlerins de suivre les pas de Charles de Foucauld, célèbre officier français, devenu explorateur puis religieux et prêtre.

Charles de Foucauld  a vécu au début du XXe siècle. Il a passé une grande partie de sa vie en Afrique du Nord, vivant parmi les Touaregs dans le désert du Sahara. Il était connu pour son dévouement à la prière et à la méditation, et pour son profond respect des cultures locales.

Le pèlerinage commençait ainsi à Tamanrasset, une ville située dans le sud de l’Algérie, à environ 1 200 km au sud d’Alger. Les pèlerins visitant d’abord la maison dans laquelle Charles de Foucauld a vécu pendant plusieurs années ; maison conservée en l’état et offrant un aperçu de sa vie quotidienne.

Ensuite, les pèlerins se rendaient à l’Assekrem, une montagne située à environ 80 km au nord de Tamanrasset. C’est à l’Assekrem que Charles de Foucauld a construit une petite ermitage où il passait de longues périodes de prière et de méditation. Les pèlerins ont pu visiter l’ermitage et y passer du temps pour prier et méditer.

Le chemin vers l’Assekrem est un pèlerinage en soi, offrant comme paysages spectaculaires le désert : ou comment s’imprégner de la beauté et la sérénité du Sahara.

Découvrez ci-dessous, grâce aux mots du Père Edouard, le carnet de bord de ce déplacement.

TAMANRASET

Jour 1&2 - Tamanraset

Les pèlerins Hauts-Alpins ont posé le pied sur le sol algérien ! Escale à Alger et visite de la ville blanche et ses différents quartiers, la place des martyrs, la Casbah, la vieille poste, Bab el oued, Notre Dame d’Afrique, le port des pêcheurs, et la nouvelle cathédrale où la messe de lancement du pèlerinage a été célébrée. Après un dîner algérois typique et 2 heures de vol, les voici à Tamanrasset pour une bonne nuit de repos!

Tamanrasset ! Journée d’acclimatation et de pèlerinage sur le principal lieu de vie de saint Charles de Foucauld. Il s’y installe en 1905 et construit le premier bâtiment en dur de la cité.  Une cabane de deux mètres sur six, se composant pour moitié d’une chapelle et de l’autre sa chambre, sa forme allongée et étroite évoquant celle d’un navire lui vaudra le surnom de « la Frégate ». Autours, l’ermite construit quelques zériba, huttes faites de branchages pour y installer sa cuisine, la chambres des hôtes, de parloir, etc. L’ensemble formant son cloître.

Rencontre des pèlerins avec la communauté locale, le père Michel, curé, les petits frères de Jésus, sœur Martine, et une paroissienne. Un échange sur la vie chrétienne locale et l’héritage du saint apporte aux pèlerins un éclairage émouvant sur le lieu.  La messe du dimanche est célébrée dans l’intimité de la chapelle  paroissiale.

Découverte à pied de la ville et de son artisanat, l’occasion de se procurer un cheiche indispensable pour les prochaines marches dans le désert !

Le soir, veillée autours du feu pour pour partager le thé offert par nos hôtes Touaregs.

Jour 3 - Tamanraset

Départ le matin pour Arrem Tit, une oasis située à une quarantaine de km au Nord-Ouest de Tamanrasset. Arrem signifie « point d’eau cultivé ». Marche d’approche de l’oasis avec notre pisteur et découverte de l’eau qui apporte un peu de fraîcheur et permet à la végétation de se développer abondamment.

Déjeuner à l’ombre des acacias et prolongation de notre marche vers Tagmart.  Tagmart haut, est une oued cernée de hauts rochers lisses dont l’impression est qu’ils ont étés empilés les uns sur les autres formant des caches et ouvertures atypiques. L’une d’elles abrite un ensemble de deux gravures rupestres préhistoriques représentant des gazelles en mouvement.  Le soir : arrivée et installation au bivouac à Tissalatine, nous y assistons à la messe sous les contreforts de grandes falaises typiques du lieu.

Première nuit en bivouac après une veillée touareg autours du feu.

Jour 4 - Tamanraset

La nuit a été fraîche et la marche du matin réchauffe les corps refroidis. Nous redescendons par l’oued de Tissalatine vers Tagmart bas. Un centre d’interprétation nous y accueille pour nous introduire à la grande richesse préhistorique et historique de cette partie du Sahara, un parcours guidé nous fait admirer de nombreuses gravures rupestres dont la datation est incertaine et qui représentent une faune inattendue, girafes, autruches, gazelles, bovidés, etc dans un style très décoratif.

Nous poursuivons par le déjeuner pris sur la route d’Ilamane, une montagne à la forme évocatrice, certains y voient une femme portant un voile, nous y avons vu l’esquisse d’une belle Vierge Marie. Après l’installation au bivouac, à proximité d’une mosquée remontant aux racines de l’expansion de l’Islam, nous commençons, à pieds, l’ascension de la montagne, par l’ancienne route de l’Assekrem, désormais impraticable pour les véhicules.

A mi-hauteur nous célébrons la messe dans la lumière du soleil couchant.

Jour 5 - Tamanraset

Nous quittons le bivouac pour une petite marche matinale, suivant l’oued d’Ilamane, nous arrivons bientôt aux pieds d’importantes structures géologiques nées d’un ancien volcan dont les parois ont été effacés par l’érosion. Les Touaregs désignent ces structures par le nom commun d’allumettes, nous leur donnons aussi le nom d’orgues basaltiques. Plus bas dans l’oued, se trouve le village touareg de Terhenanet, y habite la tribu des Dag Rali dont était membre Ouksem, ami de Charles de Foucauld que celui-ci emmena en visite en France.

Après un temps d’échanges et de convivialité autours du traditionnel thé, les femmes du village nous font découvrir les objets typiques de l’artisanat touareg qu’elles confectionnent. Nous reprenons ensuite les 4×4 pour descendre vers Tamanrasset, le temps de se reconditionner, de passer sous la douche et de retrouver une apparence plus convenable pour la suite de notre journée.

Dans le centre de Tamanrasset notre guide pisteur nous fais découvrir la maison de l’Amenokal, titre du grand chef Touareg. Il s’était installé à Tamanrasset peu de temps après la venue de saint Charles de Foucauld. Retour à la paroisse pour célébrer la messe avec la communauté locale avant de retrouver nos chambres pour la nuit.

Jour 6 - Tamanraset

Notre objectif aujourd’hui : l’ascension de l’Assekrem et la découverte de l’ermitage qui abrita quelques temps saint Charles de Foucauld. Nous quittons Tamanrasset pour 95km de routes et de pistes. En chemin, première étape au  Pic Laperinne, appelé par les tTouaregs Iharem, ce qui veut dire « le Pilon ».   Nous poursuivons notre route dans un paysage volcanique désertique. Un petit crochet sur la route nous permet de découvrir un paysage inattendu, un oued très encaissé débouche sur une petite oasis dont l’organisation géologique donne forme à de grandes bassines qui retiennent l’eau et permet le développement d’une abondante végétation.  Les derniers kilomètres vers l’Assekrem sont ensuite vite traversés et la silhouette de l’ermitage, se dessine sous nos yeux.

Arrivés au col, nous prenons possession de nos chambres au refuge. Une courte montée par un sentier bien dessiné nous fait gagner le sommet et sur l’immense plateau de l’Assekrem, nous rencontrons le Père Ventura, gardien des lieux depuis 23 ans. Il nous fait découvrir la grande richesse de ce lieu, fréquenté par les Touaregs, les touristes algériens et étrangers.

La visite de l’ermitage restera gravée dans nos mémoires. Du plateau, sommet de l’Assekrem, nous assistons au coucher du soleil sur le décor montagneux qui nous entoure et profitons de ce moment de grâce avant que la fraîcheur du soir nous invite à redescendre.

Après le dîner, le thé est partagé avec les Touaregs de passage dans le refuge.

Jour 7 - Tamanraset

Réveil matinal pour quelques uns des courageux pèlerins qui souhaitent assister au lever du soleil, sur le plateau de l’Assekrem. Saint Charles de Foucauld écrivait que c’était les plus beaux qu’il ait pu contempler. L’attente se fait dans un froid glacial mais grandement récompensée par la beauté de ce que le Créateur nous donne à contempler.

Après le petit-déjeuner, la descente commence à pieds avant de reprendre les 4×4 pour une route qui nous fait découvrir un paysage minéral et végétal époustouflant qu’aucun mot ne saurait décrire convenablement. Nous arrivons dans l’oued de Tanguet au lit large et sablonneux, quelques méandres et nous nous trouvons au milieu d’une belle oasis, refuge de quelques ânes et chameaux sauvages. Plus l’on dans un corridor montagneux de nouvelles gravures rupestres témoignent de la fréquentation préhistorique des lieux. Nous finissons par nous installer dans un des recoins de l’oued pour le bivouac.

Après une messe de la chandeleur à la lumière de nos torches, nous assistons à la préparation d’une spécialité locale préparée dans le sable et le feu du camp, le taguella, pain de semoule de blé servi avec un ragoût de moutons. Nous profitons de ce dernier bivouac pour admirer une dernière fois le ciel étoilé, au son des chants Touaregs.

Jour 8 - Tamanraset

Le thermomètre est passé cette nuit sous la barre symbolique du zéro et l’eau a gelée dans les bouteilles, nous marchons dans l’oued pour nous réchauffer et approfondir notre démarche de pèlerins ! Un peu plus tard, sur la route du retour à Tamanrasset, un arrêt au fond de l’oued  de Temekerest nous fait découvrir une eau généreuse et claire, tombant en une succession de petites cascades avant de s’enfouir sous le sable de l’oued. Un arrêt au village de Tahifet, nous permet de faire connaissance avec la famille de notre guide pisteur Ahmed, père et grand père d’une multitude d’enfants qui nous accueillent joyeusement.  Nous quittons avec regret le désert pour rentrer à Tamanrasset. Douches et préparation des bagages nous y attendent avant de retourner en ville, dernière étape de notre pèlerinage, au Bordj, fortin où saint Charles de Foucauld a trouvé la mort. Nous retournons une dernière fois à la paroisse pour y célébrer la messe de clôture de notre pèlerinage. Un grand dîner d’adieu réunit tous le monde !