Mon coeur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles

Dimanche 15 octobre 2023 – Ouverture semaine missionnaire mondiale

TO28 – 9h30 La Salle Les Alpes 11:00 Monêtier les Bains

Samedi de la semaine précédente, au cours de ma visite pastorale dans le Valgaudemar, j’ai eu la joie de goûter le célèbre repas de la chèvre. J’’y ai pensé en lisant la première lecture de ce jour : « Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. » L’actualité nous dit pourtant que nous ne sommes pas encore à ce banquet céleste. Car ce même samedi le Hamas perpétrait un attentat terrible en Terre Sainte. Puis il y a deux jours ce vendredi c’était l’attentat d’Arras (la ville de mes grands-parents maternels). Le psaume 21 décrit parfaitement mon état d’esprit : « Je suis comme l’eau qui se répand, tous mes membres se disloquent. Mon coeur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles. Ma vigueur a séché comme l’argile, ma langue colle à mon palais. »

Il vaut mieux parfois se taire, mais il me faut quand même vous parler ce matin. Ukraine, Arménie, Israël, Gaza, Arras, et demain ? Le monde est à feu et à sang.

Israël/Gaza – Chefs des Eglises : « Il est encore temps de stopper la haine »

Comment continuer à prier et à espérer que se lèvent des hommes et des femmes de paix ? Comment continuer à jeter des semences de paix, comme nous avons tenté de le faire à Marseille avec les rencontres Méditerranéennes de 70 évêques et 70 jeunes des 5 rives de la Méditerranée ? Comment « espérer contre toute espérance », selon la formule de st Paul (Rm 4,18) parlante mais bien difficile ? Comment ne pas nous laisser voler notre espérance, selon une expression du Pape François ?

La rédactrice en chef de Terre Sainte Magazine, une revue que je vous recommande, invitait cette semaine à la contemplation de la croix et de celle du vide du tombeau, avec la sérénité que donne aux heures les plus sombres cet acte de foi : « Le Christ est ressuscité des morts ! Par la mort il a vaincu la mort ! et il a donné la vie à ceux qui sont dans les tombeaux ! »

Chers amis, cela est annoncé par Isaïe, dans sa prophétie de la première lecture : « Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. » 

Jésus reprends ce projet divin magnifique d’amour et de communion dans sa parabole des invités au festin nuptial. En fait, on pense que le Royaume des Cieux est seulement pour plus tard, après notre mort, pour le Ciel.

Mais depuis la Résurrection, la mort a été vaincue. On devrait pouvoir participer en paix à ce banquet de mariage décrit par Jésus ! Mais les invités refusent de participer à ce banquet, malgré l’insistance du maître : « mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.’ » Les invités méprisent l’invitation. C’est tellement vrai pour le monde. Si le monde acceptait la révélation chrétienne, chacun aimerait son ennemi. Vous savez, la particularité de la révélation chrétienne ce n’est pas l’amour du prochain. On le retrouve dans toutes les religions et heureusement aussi chez les sans religions. La particularité c’est la parole de Jésus en Mt 5, 43-45 : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux. » Nous sommes appelés à la sainteté frères et soeurs ! Là où Dieu nous a placé. 

Mais ce refus des invités à la noce, c’est vrai aussi pour nous personnellement. Dieu nous fait des dons, mais nous préférons d’autres choses que nous présentent la société de consommation et de loisirs. Nous cherchons parfois des satisfactions dans des choses secondaires voire même indignes de l’homme. Notre coeur est fait pour de grandes choses, quelque soit les circonstances extérieures.

Dans la parabole, le roi ne renonce pas à son beau projet et invite à aller chercher aux croisées des chemins ceux qui n’étaient pas invités. C’est la générosité du coeur de Dieu. Après sa Résurrection, Jésus enverra ses apôtres dans le monde entier.

Regardons ce que nous dit St Paul dans la seconde lecture : « Frères, je sais vivre de peu, je sais aussi être dans l’abondance. J’ai été formé à tout et pour tout : à être rassasié et à souffrir la faim, à être dans l’abondance et dans les privations. Je peux tout en celui qui me donne la force. »

Que le Seigneur dans cette eucharistie nous revête du vêtement nuptial de la grâce et nous donne la force et la sagesse pour vivre saintement cette période de l’histoire de l’humanité. Amen.

Les catholiques de Terre Sainte invités à jeûner et prier pour la paix mardi 17 octobre 2023 – Joignons-nous à eux.
Communiqué Mgr Eric de Moulins-Beaufort après les attentats par le Hamas