St Dismas, toi le bon larron, le pauvre de coeur – homélie Toussaint 2023

Mercredi 1er novembre 2023 – TOUSSAINT

10h00 Pelleautier – avec bénédiction clocher de Pelleautier + Monument mort + bénédiction des tombes dans le cimetière

Dans notre première lecture, l’évangéliste st Jean, complète son propre évangile et ses lettres, dans un livre à la lecture un peu difficile, que l’on a appelé l’Apocalypse, du mot grec signifiant la Révélation. Il y fait une relecture du plan de Dieu pour sauver l’humanité en l’exprimant par des images. 

« Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d’une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer : Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. (…) Voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. »

J’aime lire dans ces quelques paroles la mission de Jésus notre Sauveur. Cet ange qui se lève à l’est, c’est le Christ ressuscité, c’est d’ailleurs pourquoi sauf exception nos églises sont tournées vers l’est.

Et nous assistons à la liturgie du Ciel. « Les saints se tiennent debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Ils s’écrient d’une voix forte : Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! »

Voilà frères et soeurs ce que font les saints au Ciel : ils voient Dieu et le louent. Voilà frères et soeurs ce que les saints ont déjà fait sur terre, louer Dieu pour sa Miséricorde, sans encore le voir. Voilà frères et soeurs ce que font nos défunts après l’épreuve de la purification qu’on appelle le purgatoire quand ils sont au paradis : ils voient Dieu, ils louent Dieu. C’est la grande joie de cette solennité de la Toussaint, car c’est une grande espérance pour tous les hommes et pour chacun de nous. Tous on peut espérer devenir saint et voir Dieu, car Dieu le veut et car Jésus nous en a ouvert la porte et montré le chemin ; ce sont les béatitudes. « Bienheureux. »

Qu’est-ce que la Toussaint ?

Jésus nous veut bienheureux ! Je ne peux pas dans une seule homélie commenter toutes les béatitudes. Un commentateur dit que la première béatitude comprend toutes les autres : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. » Qui sont les pauvres de coeur ? D’abord ceux qui sont détachés des richesses matérielles. Même les riches peuvent être détachés des richesses matérielles et partager leurs biens avec les nécessiteux. Les pauvres de coeurs, ce sont aussi ceux qui connaissent leur pauvreté intérieure. Que seuls ils ne deviendront pas saints. Qu’ils ont besoin de la grâce de Dieu, de la Miséricorde du Père.

Au calvaire, entre les deux bandits qui sont crucifiés de part et d’autre de Jésus, qu’est-ce qui différencie le bon du mauvais larron ? Le bon larron se reconnaît pécheur, se reconnaît pauvre de coeur. Saint Luc rapporte dans son évangile les paroles du bon larron, saint Dismas, d’après la tradition catholique, s’adressant au mauvais larron : « Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation ? Pour nous c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes, mais celui-ci n’a rien fait de mal. » Et avec confiance il supplie : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne. » Et Jésus lui répond : « aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis ».

Frères et soeurs, notre prière ce matin est d’abord pour nous-même. Que nous soyons assez pauvres de coeurs pour accueillir la grâce de Dieu accordée à notre baptême. Dans la seconde lecture, le même saint Jean nous parle de la filiation divine qui nous a été donnée à notre baptême et est la source de notre sainteté :  «  Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. »

Notre prière ce matin est aussi pour nos défunts, même si le jour liturgique de prière pour les défunts est demain 2 novembre. Reprenons l’Apocalypse : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? Je lui répondis : Mon seigneur, toi, tu le sais. Il me dit : Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. »

Ce sang de l’agneau a racheté le monde entier. Alors notre prière pourrait être aussi pour notre monde ensanglanté. Seigneur Jésus, nous t’en supplions, fait que se lèvent de nombreux bon larrons parmi tous les criminels qui sévissent dans le monde, Ukraine, Arménie, Arras, Israël, Palestine… Alors tu pourra leur dire : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. »

Frères et soeur, la fête de la Toussaint qui nous fait tourner les yeux vers la béatitude éternelle au Ciel, ne nous détourne pas des malheurs du monde. La vraie porte de sortie de cette « guerre mondiale par morceaux » comme l’appelle le pape François, est la porte du Ciel, la porte de la sainteté. Oui que se lève des bons larrons, y compris parmi les criminels, que se lèvent des saints parmi les dirigeants du monde.

Qu’en Terre Sainte les otages soient libérés, que l’aide humanitaire soit apportée. St Dismas, toi le bon larron, le pauvre de coeur, converti les coeurs endurcis.

Frères et soeurs, pour ne pas nous laisser voler notre espérance, selon une autre expression du pape François, entendons l’évangéliste Matthieu nous encourager en finale des béatitudes : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car notre récompense est grande dans les cieux ! » Amen !