Dieu tout en tous – Homélie Centenaire Harmonie de Gap

 

Dimanche 26 novembre 2023 – Centenaire Harmonie

FETE DU CHRIST ROI – 10:30 CATHEDRALE DE GAP 

Dimanche prochain sera le premier dimanche de l’Avent, premier des 4 dimanches de l’Avent, qui nous conduiront à Noël. (J’en profite pour une parenthèse publicitaire pour le site internet du diocèse qui propose un parcours spirituel autour des 4 hauts lieux spirituels du diocèse, que sont le sanctuaire ND du Laus, l’abbaye de Boscodon, la Laure d’ermites de Montmorin et l’abbaye des bénédictines de Rosans. Il y a aussi plein de ressources pour aider les enfants à vivre l’Avent – fin de la parenthèse). Dans notre tradition, le premier dimanche de l’Avent commence une nouvelle année liturgique ; donc ce dimanche-ci est la clôture de l’année liturgique, avec la fête du Christ Roi.

La question est alors : est-ce que le Christ règne effectivement, est-ce qu’il est le roi de nos coeurs ?

Dans un pays qui a coupé la tête de son roi, il nous faut réapprendre ce qu’est dans la tradition biblique un roi : celui qui conduit son peuple et en prends soin. La première lecture tirée du prophète Ezéckiel prends une image que nous connaissons dans nos montagnes, celui du berger. Le berger fait essentiellement deux choses : il veille et il sépare. Il veille, il les délivre des dangers, il les fait reposer, en un mot il en prends soin. Oui, Dieu prends soin de son peuple, Dieu prends soin de nous, son troupeau. Mais le berger a un second rôle : il sépare. Il sépare les brebis des boucs, qui dans cette image ont le mauvais rôle.

Les boucs pour nous, cela représente nos péchés et nos mauvaises habitudes, tout ce qui fait que nous sommes tournés vers nous et non vers les autres.

Jésus, le fils de Dieu, est celui qui par excellence est tourné vers les autres. Il est sorti du Père en prenant chaire, c’est la fête de Noël; il a donné sa vie pour nous sur la Croix, c’est le Triduum Pascal qui se termine par la résurrection. Pour être tourné vers les autres, vers notre Salut, pour nous sauver de nos péchés, il était tout entier uni au Père. Saint Paul nous dit qu’à la fin des temps « Il remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, et ainsi, Dieu sera tout en tous »

Dieu tout en tous. Est-ce que Dieu est tout en moi ?

Ou est-ce qu’il n’est qu’une heure par semaine quand je participe à la messe ? Qu’est-ce qui se passe si je permet à Dieu d’être tout en moi ? Le psalmiste le chante merveilleusement : « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. Grâce et bonheur m’accompagnent. (…) Tous les jours de ma vie ; j’habiterai la maison du Seigneur, pour la durée de mes jours. »

Tous les jours de ma vie ; j’habiterai la maison du Seigneur ! Mais comment je peux faire ? C’est en imitant Jésus, en me tournant vers les autres et non seulement vers moi. En fait qu’est-ce qui nous rend profondément heureux ? C’est de rendre les autres heureux. Ce n’est pas d’aller au cinéma tout seul, mais d’y aller en famille ou avec des amis.

St Matthieu, dans son chapitre 25 développe dans la parabole des brebis et des boucs le verbe de ‘séparer’. Il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et il les appelle les bénis de son Père, celles qui auront la vie éternelle, et les boucs à gauche, et il les appelle les maudits, ceux qui s’en vont vers le châtiment éternel.

La différence entre les maudits et les bénis, c’est que les bénis sont tournés vers les autres. Comme aime à dire le Pape François, ils sont en sortie, et c’est exactement ce qu’a fait le Fils Jésus, il est sorti du Père. Les brebis s’entendent dire par le roi : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;  j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! »

Le plus beau est la suite dans l’évangile : à la question « quand est-ce que nous t’avons donné à manger, etc, le roi répond : chaque fois que vous l’avez fait, à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » L’acte humain qui consiste à se laisser toucher de compassion par la souffrance, d’un autre que nous, est en réalité une expérience de Dieu. A la fois nous expérimentons la vie même de Dieu, attentif et sauveur, et à chaque fois nous le rencontrons dans le petit, le blessé, le pauvre, le réfugié…

Mais chers amis, on connaît trop bien la difficulté de sortir de nous-même. Le péché originel nous y ramène. 

Chers musiciens de l’harmonie municipale,

votre passion vous aide à donner le meilleur de vous-même et à sortir de vous-même, car vous rendez grâce à Dieu par la beauté de la musique, et car vous faites partie d’un orchestre. Il vous faut être attentif les uns aux autres et être attentif au chef d’orchestre. Je pourrai dire la même chose pour la chorale des Cordeliers ! Voilà d‘ailleurs une belle image de notre Eglise. Chacun amène son charisme et tous se laissent guider par l’Esprit Saint !

J’en profite pour vous remercier pour votre fidélité. Ce n’est pas donné à toutes les villes d’avoir sur garder une harmonie municipale, alors je suis vraiment heureux d’être avec vous pour votre centenaire. Je ne pourrai pas être au concert au Quattro, car je serai à Paris avec nos deux séminaristes, pour un rassemblement national des séminaristes de France le WE prochain.

Que Dieu soit tout en tous, que Dieu soit tout en moi.

Amen.