Marie, reine de la paix, prie pour nous !

Marie, reine de la paix, prie pour nous ! Homélie pour la fête de ND du Laus le 1er mai 2023

 

Nous avons entendu dans l’apocalypse qu’un « Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. » St Paul dit aux habitants d’Ephèse : « Frères, vous étiez des morts, par suite des fautes et des péchés qui marquaient autrefois votre conduite, soumise aux forces mauvaises de ce monde, au prince du mal qui s’interpose entre le ciel et nous, et dont le souffle est maintenant à l’œuvre en ceux qui désobéissent à Dieu. »

Depuis le péché originel, l’homme n’a jamais cessé de faire la guerre à l’homme.

Deux exemples contemporains :

– La semaine dernière, j’ai participé à la commémoration du génocide arménien, devant la croix des arméniens sur la place de la cathédrale à Gap. Actuellement, le génocide est comme prolongé par l’Azerbaïdjan.

– Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU a déclaré aussi la semaine dernière, devant Sergueï Lavrov, ministre russe des affaires étrangères : « L’invasion russe de l’Ukraine, en violation de la Charte des Nations unies et du droit international, provoque une souffrance massive et la dévastation du pays et de sa population, ajoutant au bouleversement économique mondial causé par la pandémie de Covid-19 ». Ajoutez leSoudan, la Chine, l’Iran, etc, on pourrait multiplier les exemples. Ecouter chaque soir le journal télévisé est un risque pour le moral.

L’auteur antique Plaute, vers 195 avant Jésus-Christ, avait-il raison d’écrire L’homme est un loup pour l’homme ?

En fait la phrase complète est : « Quand on ne le connaît pas, l’homme est un loup pour l’homme ». Ce qui signifie pour Plaute que l’homme prend pour un loup l’homme qu’il ne connaît pas. Plaute vise ici la peur de l’inconnu et non la violence des humains. C’est vrai. Rencontrer les personnes fait baisser la peur et la violence, on le sait par exemple dans nos montagnes pour les migrants qui y passent. Mais on sait aussi que par exemple dans un génocide ou une guerre civile, un voisin peut tuer son voisin, même s’il le connait. (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_homini_lupus_est)

D’un point de vue philosophique, cette locution semble porter une vision pessimiste de la nature humaine : l’homme ne ressemble pas au « bon sauvage » de Montaigne, Diderot ou Rousseau mais bien à un être sans scrupules si son éducation ne l’en a pas muni, poursuivant si besoin ses intérêts au détriment des autres. Mais nous savons aussi que les dictateurs meurtriers sont souvent des gens instruits.

En fait, l’homme est un loup pour l’homme, tant qu’il n’a pas accueilli le Salut de Dieu. Tant qu’il n’a pas accueilli Jésus, le sauveur. Tant qu’il n’accueille pas en permanence son Sauveur. Car même un baptisé est capable de pécher et du pire péché. L’éducation ne suffit pas. Il faut la grâce, il faut le salut, accueilli par le baptême, mis en oeuvre par une vie chrétienne de conversion permanente à travers le sacrement de la confession. Et beaucoup de pèlerins l’expérimente ici. C’est aussi une des raisons pour lesquelles le sanctuaire ND du Laus est un lieu de paix, un lieu pacifiant pour les pèlerins, par le sacrement du pardon.

Mais bien sûr c’est aussi à cause de la présence de Marie, la Reine de la paix.

C’est le grand signe de l’Apocalypse ! « Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles… elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations … Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »

Ce combat de l’Apocalypse entre la femme et le Dragon, il est en moi, en chacun de nous. St Paul le dit clairement: « Frères, vous étiez des morts, par suite des fautes et des péchés qui marquaient autrefois votre conduite, soumise aux forces mauvaises de ce monde, au prince du mal qui s’interpose entre le ciel et nous, et dont le souffle est maintenant à l’œuvre en ceux qui désobéissent à Dieu. Et nous aussi, nous étions tous de ceux-là, quand nous vivions suivant les convoitises de notre chair, cédant aux caprices de la chair et des pensées, nous qui étions, de par nous-mêmes, voués à la colère comme tous les autres. Mais Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. Avec lui, il nous a ressuscités et il nous a fait siéger aux cieux, dans le Christ Jésus. » Le salut vient de notre union à Jésus, de notre imitation du Christ.

Alors quel contraste entre le violence du combat spirituel dans les deux premières lectures, et la paix qui émerge de la rencontre de Marie avec sa cousine Elisabeth, notre Evangile :

regardez l’empressement de Marie pour aller visiter sa cousine âgée et enceinte qui avait besoin d’aide, le tressaillement de l’enfant d’Elisabeth à la salutation de Marie, L’Esprit Saint qui inonde Elisabeth : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Et en réponse ce chant du Magnificat, pétri de paroles de l’Ancien Testament, que Marie connaissait par coeur, et qui annonce le Salut : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes. » Puisse le Magnificat résonner aux oreilles de tous les dictateurs sanguinaires de notre monde !

Là où Marie est, la paix demeure. Là où Marie est accueillie, les coeurs durs fondent, parce qu’elle porte toujours son Fils, comme à la Visitation !

Chers frères et soeurs, c’est aussi valable pour votre famille, pour votre couple, pour votre paroisse, pour votre village. Là où l’on prie le chapelet, Marie apporte son Fils, le Prince de la paix. Alors pour terminer, je reprends une prière de saint Jean-Paul II, le 8 décembre 2003 : Reine de la paix, prie pour nous !, ô combien d’actualité.

« Notre regard se tourne vers toi avec une plus grande anxiété, nous avons recours à toi avec une confiance plus insistante en ces temps marqués par de nombreuses incertitudes et craintes pour le destin présent et futur de notre Planète. A Toi, prémices de l’humanité sauvée par le Christ, finalement libérée de l’esclavage du mal et du péché, nous élevons ensemble une supplication sincère et confiante : entends le cri de douleur des victimes des guerres et de tant de formes de violence, qui ensanglantent la Terre. Dissipe les ténèbres de la tristesse et de la solitude, de la haine et de la vengeance. Ouvre l’esprit et le cœur de tous à la confiance et au pardon ! Reine de la paix, prie pour nous ! Mère de miséricorde et d’espérance, obtient pour les hommes et les femmes du troisième millénaire le don précieux de la paix : paix dans les cœurs et dans les familles, dans les communautés et entre les peuples ; paix surtout pour les nations où l’on continue chaque jour à combattre et à mourir. Fait que tout être humain, de toutes les races et de toutes les cultures, rencontre et accueille Jésus, venu sur la Terre dans le mystère de Noël pour nous donner « sa » paix. Marie, Reine de la paix, donne-nous le Christ, la vraie paix du monde ! »

Amen !