« Je serai pour Israël comme la rosée » Homélie pour la journée annuelle 2024 mémorielle de violences sexuelles dans l’Eglise
Vendredi 8 mars 2024 – Journée mémorielle annuelle des personnes victimes d’abus dans l’Eglise – Sanctuaire Notre-Dame du Laus
Homélie de Mgr Xavier Malle
On dit parfois que le premier commandement c’est d’aimer.
Puisque Jésus commande : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta force, de toute ton intelligence. » Et le second : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Mais s’interroge un commentateur, (https://www.rcf.fr/articles/vie-spirituelle/le-seigneur-notre-dieu-est-lunique-seigneur-tu-laimeras-mc-12-28b-34) peut-on commander d’aimer et quel serait cet amour qui répond à un ordre ? Et puis nous l’expérimentons dans les drames qui nous rassemblent aujourd’hui, c’est impossible humainement d’aimer ceux qui nous ont fait du mal, et c’est même tellement difficile de s’aimer soi-même.
Alors reprenons plus attentivement le texte. En fait, selon Jésus, le premier commandement ce n’est pas « aime », c’est « écoute » : « écoute Israël : « tu aimeras… » Il ne s’engage pas celui qui écoute. Simplement il accepte d’ouvrir ses oreilles et son intelligence à ce qui est dit. Et c’est après avoir compris qu’il pourra, s’il le veut, tenter de croire ou d’aimer. « Tu aimeras », ce n’est d’ailleurs pas forcément un commandement, ce peut aussi être une promesse. Écoute donc Israël, écoute Église du Christ qui entend ce qui fut dit à Israël, écoute cette voix qui annonce le jour, bientôt peut-être, où tu te sentiras prêt à le connaître et à l’aimer ce Seigneur, ton Dieu. Pour le moment contente-toi d’écouter cette promesse.
Peut-être qu’il y a un préalable, accueillir la rosée de Dieu, sa grâce.
« Je serai pour Israël comme la rosée. »
C’est une autre promesse, une parole du prophète Osée, notre première lecture. En Terre Sainte, la rosée est une grande bénédiction, encore plus importante que dans notre pays. C’est en quelque sorte une provision du ciel pour temps de sécheresse. Quand il n’y a pas de nuages annonçant la pluie, le ciel accomplit ce miracle : au crépuscule ou à l’aurore, la terre se couvre de rosée. Cela se passe sans bruit. Quand tout est tranquille, subitement la terre en est trempée. La rosée tombe quand il n’y a pas de vent, quand la terre est sèche, et réclame un rafraîchissement du Créateur. Chers amis, quelque soit notre situation, notre terre à tous est certainement asséchée par ces drames des violence sexuelles ou des abus de pouvoir ou de conscience. ‘Ecoute Israël’ cette promesse de rosée. Pour cela il ne faudrait pas de vent, ni de tempête, en nous. S’il y en a encore, peut-être que nous pouvons demander à Dieu la grâce de la paix du coeur, pour accueillir sa fraîcheur, et finalement la force de Dieu pour avancer dans la vie, résister au désespoir et retrouver la confiance et l’espérance. Amis qui êtes encore dans l’ombre du soir, Dieu vous le redit ce matin, la rosée va venir.
Le psalmiste l’a aussi prophétisé : « J’ai ôté le poids qui chargeait ses épaules ; ses mains ont déposé le fardeau. Quand tu criais sous l’oppression, je t’ai sauvé. » Et Jésus te le dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Amen.
Introduction de la messe par Mgr Xavier Malle
C’est aujourd’hui la fête de St Jean de Dieu. Au 16ème siècle en Espagne, cet homme fut bouleversé à la vue du dénuement des hôpitaux. Il se mit alors à accueillir des malades chez lui et à les soigner, mendiant leur nourriture. C’est ainsi qu’est né l’ordre hospitalier des frères de st Jean de Dieu, toujours bien vivant et appelé en Italie les Fatebenefratelli, ‘vous faites bien frères’.
Il est significatif que la journée mémorielle annuelle, tombe en cette fête de St Jean de Dieu. Voulue par les évêques de France et répondant à l’invitation du pape François, c’est une journée de prière pour les victimes de violences sexuelles et d’abus de pouvoir et de conscience au sein de notre Eglise.
Pèlerin ou habitué, vous êtes peut-être venus par providence dans cette basilique, sans le savoir. Vous êtes peut-être venu pour vous associer à cette intention, que vous soyez une famille dont l’un des membres a vécu ces abus, ou que vous les ayez vécu vous-même. Vous avez aussi peut-être été bouleversés par ces drames et désirez prendre votre part dans cet élan de prière qui accompagne la prise de conscience que nous avons le devoir impérieux de faire de notre Eglise catholique une maison sûre.
A tous, permettez-moi de vous dire ‘Fatebenefratelli’, vous faites bien frères.
Entrons dans la prière, humblement, en reconnaissant que nous avons péché.