Il existe ici à St Bonnet un chemin des vignes – homélie 5e Dimanche Pâques

Dimanche 28 avril 2024 à Saint Bonnet – 5ème dimanche de Pâques – Retraite sur le Notre-Père

Il existe ici à St Bonnet un « chemin des vignes ». Ce qui montre bien qu’il y avait beaucoup de vignes dans votre paroisse. Détruite par le phylloxéra, elle n’a pas été replantée. Mais prenons quand même le chemin de la vigne décrite par Jésus à ses disciples ! Jésus se compare à la vigne et son Père est le vigneron. Il lance un appel à porter du fruit et il en donne la condition indispensable, demeurer greffé sur lui ; vous avez les deux parties de mon homélie.

Il lance un appel à porter du fruit,

même s’il le lance d’une manière négative ; « qui ne porte pas de fruit » et « le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même ». Ce fruit, c’est un appel à une fécondité. C’est d’abord une condition de réalisation de nous-mêmes. Nous avons besoin de porter du fruit, nous avons besoin de constater que notre vie a un sens, que notre vie est féconde, quelle que soit d’ailleurs le type de fécondité, qu’elle soit familiale, professionnelle, fraternelle, amicale ou spirituelle. C’est aussi faire la joie du Père, comme tout père et mère terrestres sont heureux de voir leurs enfants réussir leur vie : « Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. » Jésus nous donne un indice sur ce fruit : « que vous soyez pour moi des disciples ». Notre vie sera réussie dans la mesure où nous serons un disciple de Jésus, et reprenant l’expression du Pape François, un disciple missionnaire. Je vous ai encouragé, dans la lettre pastorale « Mission Altitude » à préparer un projet missionnaire paroissial. Le 16 novembre prochain, à l’occasion d’un grand rassemblement diocésain au sanctuaire ND du Laus, chaque paroisse présentera une chose de ce projet missionnaire paroissial.

Saint Jean dans la seconde lecture nous donne un autre indice sur ce fruit : « Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. » et « voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé ». Donc ce ne sont pas les belles paroles qui comptes, mais la réalité de mon amour.

Jésus nous appelle donc à porter du fruit et, seconde partie de cette homélie, il en donne la condition indispensable : demeurer greffé sur lui.

C’est le baptême qui nous a greffé sur la Trinité, « je te baptise au nom du Père, du Fils et du St Esprit. « Demeurez en moi, comme moi en vous. » Les théologiens ont appelé cela « l’inhabitation » réciproque : « Dieu est en moi et je suis en Dieu ». La grande inquiétude de Jésus est pourtant que nous ne demeurions pas en lui. On peut comprendre le verbe demeurer de deux manières, positivement et négativement.

1/ Positivement, demeurer, c’est être avec. Etre branché, être raccordé au réseau trinitaire. Le nom donné par l’Ancien Testament au Messie, dans la prophétie d’Isaïe, est l’Emmanuel, Dieu avec nous. Une des clefs de notre fécondité, c’est une double présence : que je sois présent à moi-même, c’est à dire que je vive à fond l’instant présent, et aussi que je sois présent à Dieu. Pour y arriver, il me faut demeurer dans la prière. Thérèse de Lisieux donne une belle définition de la prière, citée par le Catéchisme de l’Eglise Catholique : « Pour moi la prière, c’est un élan du coeur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie, enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus ». Dans la tradition du Carmel, la prière est une prière de simple présence à Dieu, de simple présence à Jésus qui est là dans le tabernacle.  Chers frères et soeurs, cette année 2024 centrée sur la prière, pour préparer le grand jubilé de 2025, sur la suggestion du Pape, est l’occasion pour chacun de nous de relire sa manière de prier. Est-ce qu’il m’arrive de rester de long temps d’adoration devant le tabernacle, une simple présence à celui qui est présent ? Vous connaissez bien ici Charles de Foucauld grâce aux Petites Soeurs de Jésus. Pour lui cette présence de Jésus dans l’hostie est la continuation de l’incarnation, le prolongement de sa vie terrestre. Elle est efficace, elle agit comme par rayonnement : « Par cette présence de Notre Seigneur toujours exposé dans la sainte hostie, disait-il, les peuples environnants sont merveilleusement sanctifiés : ainsi fut sanctifiée la maison de saint Jean par Notre Seigneur encore dans le sein de la Sainte Vierge. Et par cette présence de notre frère Jésus, notre vie devient la vie de la divine maison de Nazareth, vie délicieuse et bienheureuse, passée, comme celle de la Très Sainte Vierge et de saint Joseph, dans la vue continuelle de notre bien-aimé Jésus. »

2/ Si Jésus craint que nous ne demeurions pas en lui, c’est qu’il connaît le coeur de l’homme et de la femme et des enfants ! 

* D’une part « demeurer » signifie « ne pas le quitter ». « Restez brancher », « ne quittez pas » comme on dit parfois au téléphone. Nous pouvons mal exercer notre liberté et abandonner Dieu, abandonner toute pratique religieuse, car autre chose devient Dieu. C’est une véritable apostasie. Ce n’est jamais justifié. 

* D’autre part, nous pouvons ne pas arriver à être fidèle à notre décision de prier chaque jour, à notre décision d’aller à la messe le dimanche et une autre fois dans la semaine. Reprenons la lettre de st Jean : « si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. » Oui, Dieu connaît notre inconstance, mais surtout il est miséricordieux et nous pouvons par le sacrement du pardon repartir dans la prière avec une meilleure fidélité. Thérèse de Lisieux dit à propos de sa difficulté d’aimer ses soeurs : « Oui je le sens , lorsque je suis charitable, c’est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus aussi j’aime toutes mes sœurs. »

Chers amis, laissons Jésus aimer en nous. Laissons Jésus prier en nous. Ainsi nous les sarments resterons greffés sur la vigne véritable, notre Seigneur Jésus. Amen.