Faire la volonté du Père, imiter JC, écouter l’Esprit – homélie La Saulce 4 mai 2024

Samedi 3 mai 2024 – à l’occasion de la retraite préjubilaire sur le Notre-Père à La Saulce

Au cours de cette retraite préjubilaire, nous méditons la prière du Notre-Père, appelée aussi prière du Seigneur, puisque c’est lui qui l’a enseignée à ses apôtres. 

« Que Ta volonté soit faite »; nous allons étudier cette phrase cette après-midi.

Les deux textes de ce samedi de la 5ème semaine de Pâques me permettent de compléter ce que j’ai dit, et de découvrir qu’il y a finalement trois choses identiques en théologie de la Trinité : 

  • Faire la volonté du Père
  • Imiter Jésus Christ
  • Ecouter l’Esprit Saint 

En effet, cela revient au même. Ainsi, qui mieux que Jésus a fait la volonté du père et en quelque sorte écouté l’Esprit Saint ?

« Imiter Jésus-Christ », cela ressort de notre évangile.

Jésus lui-même avertit ses apôtres des conséquences : la vie chrétienne est une vie d’imitation, y compris dans la Passion. « Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi. » et « Un serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. » Ce n’est pas très vendeur, pas très réjouissant. Si on peut en faire une interprétation spirituelle adoucie, le combat spirituel est surtout en nous, nous pouvons constater que la vie chrétienne a toujours été et sera toujours un signe de contradiction dans le monde. Il n’y a jamais eu autant de chrétiens persécutés dans le monde qu’actuellement. Demain 5 mai, c’est la journée de prière pour les Chrétiens d’Orient. Le diocèse de Gap et le sanctuaire du Laus vous proposent en ces jours une neuvaine de prière pour la paix sur le continent européen, et bien sûr nous pensons à la guerre d’agression contre l’Ukraine. Il n’est pas connu que les greco-catholiques ukrainiens, de rite oriental, sont persécutés par les Russes dans les territoires occupés. Des fidèles et des prêtres sont en prison en Russie.

Dans nos pays, nous subissons certes parfois un martyr médiatique, mais peut-être qu’un jour il nous faudra être courageux pour défendre la dignité infinie de l’homme, Dignitas infinita, selon le beau titre d’un document du Dicastère pour la Doctrine de la foi, et je pense aux migrants comme aux personnes en fin de vie.
Jésus lui-même donne une explication à la persécution des Chrétiens de tous les temps :  « Si vous apparteniez au monde, le monde aimerait ce qui est à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous. » Il n’est pas facile d’être dans le monde sans être du monde. Peut-être connaissez vous ce texte remarquable du second siècle, l’épitre à Diognète, qui en parle :

« « Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. (…) Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. (…) Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. (…) Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas, mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. (…) En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans les membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde. L’âme habite dans le corps, et pourtant elle n’appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n’appartiennent pas au monde. » (Epître à Diognète, §5-6)

Imiter Jésus-Christ, c’est donc identique à faire la volonté du Père, et à écouter l’Esprit Saint. 

L’auteur du livre des Actes des apôtres, st Luc, écrit merveilleusement cette écoute de l’Esprit par Paul et ses compagnons :

« Paul et ses compagnons traversèrent la Phrygie et le pays des Galates, car le Saint-Esprit les avait empêchés de dire la Parole dans la province d’Asie. Arrivés en Mysie, ils essayèrent d’atteindre la Bithynie, mais l’Esprit de Jésus s’y opposa. (…) Pendant la nuit, Paul eut une vision :
un Macédonien lui apparut, debout, qui lui faisait cette demande : « Passe en Macédoine et viens à notre secours. »

Quand Luc écrit que « l’Esprit les en avaient empêché », peut-être veut-il dire que les évènements sont aussi une Parole de Dieu, y compris les évènements difficiles à comprendre. C’est pour chacun de nous une invitation à nous demander, par exemple moi en préparant cette homélie : qu’est-ce que l’Esprit m’inspire à vous dire ce matin ? Et bien c’est que 

  • Faire la volonté du Père
  • Imiter Jésus Christ
  • Ecouter l’Esprit Saint

c’est du pareil au même. Suivant les étapes de ma vie spirituelle je fonctionne plus en recherchant la volonté du Père, ou me demandant qu’aurait fait Jésus à ma place ou qu’est-ce que l’Esprit m’inspire. Mais nous devons, pardonnez moi cette expression pas très jolie, faire le tour de la Trinité. La prière du Notre-Père est adressée au Père, par le Fils, dans l’Esprit, comme l’Eucharistie. Amen !

 

(En photo, la chapelle de prière en l’église saint Jean-Baptiste de La Saulce)