Auprès de Marie, pour ministère de travailler à cette réconciliation 16 décembre 2023 – départ de Soeur Miora

Homélie à l’occasion du départ Sr Miora, soeur de ND de la Salette, après 12 années de mission à Gap

10:30 Cathédrale de Gap

 

Chères soeurs de ND de la Salette, vous avez proposé que nous prenions ce matin les textes de la messe votive de ND de la Salette. Ils conviennent effectivement très bien bien pour la vie religieuse.

La scène du calvaire, décrite dans l’évangile, est habituellement représentée

avec Notre Seigneur Jésus en croix, et à ses pieds d’un côté la vierge debout, et de l’autre le disciple bien aimé, saint Jean. Mais si on lisait précisément st Jean lui-même, nous pourrions peindre la scène autrement : « Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas,  et Marie de Magdala. Jésus, voyant sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère. »

D’abord remarquons en premier lieu qu’il n’y a pas seulement deux personnages, mais au minimum 4, les 3 Marie et Jean. Nous étions tous présents au pied de la Croix. 

Remarquons en second lieu la position des personnages : « Jésus, voyant sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait » St Jean n’est pas d’un côté et Marie de l’autre. Mais st Jean est auprès de Marie. Notre place dans ce tableau, c’est celle de st Jean qui nous représentait tous, aux côtés de Marie. Votre présence chères soeurs est aux côtés de Marie, et certainement pour vous soeurs de la Salette, aux côtés de ND de la Salette ! Autrement dit, quand il vous arrive d’être au pied de la Croix, et cela arrive quand vous visitez un malade ou un pauvre ou dans les difficultés personnelles, Marie est là. C’est en comprenant que vous êtes auprès de Marie que vous pouvez vivre de la suite de l’évangile : Jésus « dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui. »

Je crois qu’il y a un lien particulier entre une religieuse et la Vierge Marie. Comme il y a un lien particulier entre la Vierge Marie et un prêtre. Et qu’un jour chacun de nous, religieuse ou prêtre, reçoit cette grâce immense de le découvrir.

On a compris maintenant où est votre place, auprès de Marie. A présent voyons ce que vous y faites !

Saint Paul partage aux habitants de Corinthe dans sa seconde lettre aux Corinthiens ce qu’il a compris de sa mission.

Dieu « nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné pour ministère de travailler à cette réconciliation. » Si ce texte a été choisi pour la messe votive de ND de la Salette, c’est que la manière dont Marie a parlé à Maximin et Mélanie le 19 septembre 1846, en pleurant, nous adresse un appel pressant à nous réconcilier avec Dieu, c’est à dire à convertir nos cœurs à l’Amour. Ce ministère de la Réconciliation avec Dieu, chères religieuses, il n’est donc pas réservé aux prêtres dans le beau sacrement de la Réconciliation, mais je suis certains que plusieurs parmi nous peuvent témoigner qu’une religieuse leur a permis de se réconcilier avec Dieu.

Vous êtes donc auprès de Marie, pour un ministère de Réconciliation avec Dieu. C’est vraiment important.

Alors permettez-moi d’élargir mon  propos. Cette vocation religieuse

est non seulement indispensable à notre église, qui doit vivre la communion entre tous les états de vie, consacrés, mariés, célibataires, diacres et prêtres, mais elle est magnifique en elle-même. Car elle est la rencontre entre deux libertés : celle de Dieu qui appelle et celle d’une jeune femme qui répond. Certes autant de personnes, autant d’appels différents, mais il ne peut pas y avoir de vocation au célibat consacré sans au moins deux désirs : 

–       celui d’appartenir totalement à Dieu, de lui réserver toute sa vie,

–       et celui de vouloir donner tout son temps et toute son énergie à l’annonce du Royaume de Dieu, à prier et à servir l’Eglise, ou pour reprendre les mots de st Paul, à exercer ce ministère de la réconciliation avec Dieu. 

Alors je voudrais m’adresser aux jeunes parmi nous, jeune filles pour la vocation consacrée et jeunes hommes pour la vocation sacerdotale, car un tel appel au célibat consacré est commun aux deux vocations. Comment entendre la volonté de Dieu ? Je vous propose 4 étapes :

1. D’abord grandir dans la confiance en Dieu. Depuis le péché originel, on se méfie tous un peu de Dieu. On a peur de ce qu’il pourrait nous demander…. Pour entendre Dieu parler il faut d’abord avoir une grande confiance en lui ; car je n’écoute pas vraiment quelqu’un en qui je n’ai pas confiance. Ai-je une telle confiance en Dieu que je suis prêt à me laisser guider par lui ? Suis-je si persuadé de sa bonté que j’ai la certitude qu’il me conduira sur le meilleur chemin de bonheur possible pour moi ?

Le Pape François a écrit récemment une merveilleuse lettre sur ste Thérèse de Lisieux intitulée « c’est la confiance », citant la petite Thérèse : « C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour ». Le pape ajoute : « C’est la confiance qui nous soutient chaque jour et qui nous fera tenir debout sous le regard du Seigneur lorsqu’il nous appellera à Lui. » Il pense sans doute au jour de notre mort, mais c’est aussi valable pour un appel à la vie consacrée ou sacerdotale. 

2. Seconde étape, prendre conscience des désirs qui m’habitent. Les désirs sont comme les matériaux de base du discernement. Dieu parle essentiellement à travers nos désirs profonds. Il incline nos désirs vers là où il veut nous conduire. Dieu nous rend sa volonté attrayante.

Pour savoir quels sont mes désirs je peux me demander : A quoi suis-je spontanément disposé ? Pour quoi suis-je doué ? Où est-ce que je trouve le plus de joie aujourd’hui… avec les gens, dans mes activités. Dans le futur qu’est-ce que j’aimerais vraiment faire ? Être riche… pour quoi ? Avoir du pouvoir… pour quoi ? Transformer le monde… comment ? Servir les pauvres ? Servir l’Eglise ? Eduquer des enfants ? Qu’est ce que j’aimerais avoir réalisé à la fin de ma vie ? 

Dans ces désirs quels sont ceux qui sont plus profonds (solides, durables) et ceux qui sont plus superficiels (fragiles, passagers) ?

3. Troisième étape, remettre mon désir entre les mains de Dieu : « non pas ce que je veux mais ce que tu veux »

Il s’agit d’offrir son désir à Dieu. Cela se fait dans un dialogue avec lui: « voilà ce que je désire faire de ma vie…  si c’est aussi ton désir bénis le ; si tu as un autre projet dis-le moi. Je veux faire ta volonté. »

4. Et enfin, laisser Dieu me parler : être attentif à la voix de Dieu. Dieu va répondre à notre demande. Sa réponse sera soit : « ce que tu as dit, fais-le ! » ou bien « voilà ce que je te propose…» Pour cela il faut lui laisser un peu de temps. 

Chers jeunes, si le Seigneur frappe à la porte de votre coeurs, n’hésitez pas à venir frapper à la porte des soeurs de la Salette, ou à la porte du presbytère, ou même à la porte de mon évêché. Comme dit St Paul, peut-être que « par nous c’est Dieu lui- même qui, en fait, vous adresse un appel ». Amen.

Introduction à la messe

Chers amis, il n’est pas habituel que l’évêque préside la messe pour le départ d’une religieuse ou d’un curé. Une fois n’est pas coutume, et j’ai répondu positivement à la demande de la communauté des soeurs de la Salette en mission à Gap, car cela me permet d’une part chère soeur Miora de vous remercier publiquement pour ces années de mission à Gap, et d’autre part d’espérer me faire pardonner d’avoir considérablement alourdit votre tâche, qui était déjà bien lourde comme responsable de la cté de Gap et comme APS du collège st Joseph. En effet, avec l’accord de votre supérieure je vous avais nommé membre du conseil épiscopal et déléguée épiscopale à la vie religieuse. Vous avez pris une très belle place dans notre diocèse, je ne voulais pas vous laisser partir sans le manifester, et je suis heureux de le faire devant soeur Marie-Paule, votre provinciale, dont vous devenez le bras droit.  Vous avez fait un bon choix chère soeur provincial ! Soeur Miora, au delà de l’action de grâce pour votre mission, je vous ai proposé de célébrer cette messe à l’intention de la vocation à la vie consacrée, car chères religieuses, votre vocation est magnifique, et je suis certain que Dieu appelle aujourd’hui des jeunes filles à tout lâcher pour le suivre.. Comme st Jean-Baptiste, vous nous montrez Jésus, et vous nous prouvez que Jésus suffit à combler une vie et la soif d’amour qui nous habite tous. Une vocation consacrée c’est la rencontre d’un amour nommé Jésus. Mais sommes-nous jamais à la hauteur de cet amour ? Demandons pardons et implorons la miséricorde divine pour nos péchés.