La beauté du Christ présent dans notre Eglise rayonne sur tous ces visages – homélie Messe des Voeux 21 déc. 2023

Jeudi 21 décembre 2023 – Homélie pour la messe des Voeux aux diocésains, 

15:30 église des Cordeliers à Gap

(Texte et vidéo des voeux ICI)

« L’enfant a tressailli d’allégresse en moi » témoigne Elisabeth. Ce tressaillement de Jean-Baptiste devant le mystère et la rencontre du fils de Dieu fait homme, est un tressaillement de la foi, que nous pouvons tous vivre. Le Pape nous a offert une magnifique homélie sur ce texte de la Visitation, au Vélodrome à Marseille pendant les Rencontres Méditerranéennes. Je vous y renvoie et je vais plutôt me concentrer sur la première lecture, le Cantique des Cantiques.

Cantique des Cantiques
Photo du tableau Le Cantique des Cantiques, Musée Chagall à Nice, © X. Malle

De tout temps ce livre du Cantique des Cantiques a étonné, charmé,  enthousiasmé, ou embarrassé

car il y a quelques passages que l’on peut qualifier de crus. S’il est attribué au Roi Salomon, comme tous les livres de sagesse, certains y lisant même une description du mariage de Salomon, les spécialistes s’entendent pour le dater du 4ème siècle avant JC et le comprennent comme un recueil de poèmes habilement reliés. C’est sans aucun doute le plus beau chant d’amour qui ait jamais été composé ; là-dessus tout le monde est d’accord. Mais de quel amour s’agit-il ?

Nous entendons très souvent ce texte lors des célébrations de mariage à l’église. Et bien sûr les fiancés en font une lecture littérale, qui se justifie parfaitement. « La voix de mon bien-aimé ! C’est lui, il vient… » Rechercher en ces merveilleux poèmes, qui ont plus de 24 siècles, un art d’aimer, corps et âmes, ne les profane nullement. C’est une bien meilleure école pour un couple amoureux que certains ouvrages contemporains. Il y a une admiration mutuelle fondée sur le caractère unique attribué à l’aimé, une parité parfaite dans le don réciproque, un libre choix qui doit présider à l’amour, et même une finalité de l’union conjugale en terme de tendresse et non seulement de fécondité. N’hésitez pas à découvrir ce livre de 8 courts chapitres.

Cependant le Cantique des Cantiques n’aurait pas été retenu parmi les écrits sacrés s’il n’avait apporté à ses lecteurs de tous les temps autre chose

que les connaissances, les réflexions ou l’expérience de sages dans la sphère amoureuse. Quand vous l’entendrez une nouvelle fois à un mariage, vous vous souviendrez qu’on le médite aussi le 21 décembre, peu de temps avant Noël. Car la lecture rabbinique constante y voit le chant de l’amour de Dieu, célébrant les noces de Dieu avec son peuple. Ensuite la lecture de ce texte biblique par les pères de l’Eglise, les premiers écrivains chrétiens, fera bien sûr référence à la venue du Messie, certains évoquant également le mariage du Christ avec son Eglise. St Paul n’a t’il pas dit : « Maris, aimez vos femmes, tout comme le Christ a aimé l’Eglise. »

Ensuite les mystiques, tels Jean de la Croix et Thérèse d’Avila y ont lu l’histoire de toute âme ouverte à l’amour de Dieu. Ainsi paradoxalement le seul livre biblique où le nom même de Dieu n’est pas cité, est imprégné de sa présence ; ce qui en fait bien un ouvrage sacré.

Finalement la question que pose le Cantique des Cantiques est celle de l’amour, aussi bien entre Dieu et les humains qu’entre les humains eux-même.

Le mystère de Noël, c’est le mystère de l’union de Dieu avec son peuple, le saint peuple de Dieu, l’Eglise, et avec chacun d’entre nous. Comme le dit le poète biblique, « La voix de mon bien-aimé ! C’est lui, il vient… Il bondit sur les montagnes, il court sur les collines. » Oui, il ne cesse de venir dans nos montagnes et nous dit à chacun :  « Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens. »

Cette toute belle, c’est notre Eglise,

belle au delà des cicatrices des péchés de ses membres. Elle est belle notre Eglise, car elle est habitée par une présence, celle de l’enfant Dieu devenu le Christ ressuscité. Elle est belle notre église parce que chacun d’entre nous, devenu par le baptême disciple missionnaire de Jésus, essayons tant bien que mal de répandre cet amour divin autour de nous. Elle est belle notre église de tous les visages que nous rencontrons, à qui nous portons Dieu, et à travers qui nous rencontrons Dieu  : les malades et les personnes âgées dans les hôpitaux et les Ehpad ou à domicile, les bénéficiaires des associations de solidarité, pauvres, migrants et réfugiés, les personnes vivant la solitude, les détenus à la maison d’arrêt de Gap, les enfants et les adolescents dont le coeur s’ouvre à cette présence, au KT, à l’aumônerie ou dans les établissements de l’Enseignement catholique, les jeunes partis aux JMJ, les pèlerins des nombreux pèlerinages, les pèlerins du Laus, tous ceux qui participent à une célébration dans nos églises, pour des évènements heureux ou douloureux, tous ceux que nous rencontrons en évangélisation, en préparation au baptême, en préparation au mariage, en accompagnement des familles en deuil, en catéchuménat des adultes, ceux qui se préparent adultes au baptême, à la première communion ou à la confirmation. Oui, la beauté du Christ présent dans notre Eglise rayonne sur tous ces visages.

Dans mon discours des voeux, j’ai surtout relevé ce qui était propre à cette année écoulée et à celle qui vient, mais le plus important n’est-ce pas la vie quotidienne de nos communautés chrétiennes ? Merci chers amis pour toutes ces rencontres dans notre Eglise. Nous les portons en action de grâce au Seigneur au cours de cette eucharistie des voeux.

Oui, elle est belle et nous l’aimons notre Eglise, « sa voix est douce et son visage, charmant ».

Comme l’exprime notre vision pastorale ‘Mission Altitude’ : 

Les yeux levés vers la splendeur de tes sommets,

depuis tes diverses vallées,

Église dans les Hautes-Alpes,

ouvre de nouvelles voies, 

accueille et accompagne,

avec la tendresse de Marie : 

annonce Jésus Christ !

Amen !